Au petit matin du jeudi 21 mai, les forces d’occupation israéliennes ont arrêtés trois étudiants palestiniens à l’Université de Bir Zeit : Izz Shabaneh du village de Sinjil, Mehdi Karajeh du village de Saffa et Basil Barghouthi du village de Beit Rima. Encore une preuve de la politique de ciblage des étudiants militants, qui occupent des rôles de dirigeants au sein du mouvement étudiant palestinien dans son ensemble.
Des centaines d’étudiants palestiniens sont emprisonnés par Israël, dont environ 80 pour la seule Université de Bir Zeit.
L’emprisonnement des étudiants palestiniens ne représente qu’une partie de la négation ininterrompue par la colonisation israélienne du droit des Palestiniens à l’enseignement. Dans le cas présent, les enlèvements n’interviennent que quelques jours avant la fin du semestre.
Ces dernières années, des milliers d’étudiants palestiniens ont été la cible d’arrestations et de persécutions. Les universités palestiniennes ont connu de fréquentes descentes des forces d’occupation israéliennes ; les bureaux des organisations étudiantes ont été saccagés, leurs biens confisqués et détruits. Le mouvement étudiant palestinien fait l’objet d’une répression particulièrement dure.
Ainsi qu’Addameer le constate :
Les syndicats étudiants palestiniens n’ont pas échappé aux initiatives d’Israël de criminaliser tout aspect de la vie citoyenne, politique et culturelle des Palestiniens et beaucoup ont été déclarés illégaux.
Dans le cas où un syndicat étudiant n’est pas explicitement déclaré illégal par une décision du commandant militaire israélien ou d’un fonctionnaire du gouvernement exerçant son autorité en application de la Règle 84 des Règles d’Urgence de 1945, un Palestinien membre d’un syndicat étudiant peut être arrêté au motif d’appartenance à une organisation ayant des « liens », au sens large, avec une organisation illégale. La nature de ces liens ne présente jamais d’intérêt pour l’accusation et n’est presque jamais examinée par le juge militaire. Par conséquent, participer à un rassemblement d’une « association illégale » ou d’une association « ayant des liens » avec une « association illégale », apposer des affiches d’une telle association, rédiger, produire, imprimer et distribuer des publications liées à l’association décrétée « illégale » sont autant d’activités considérées comme « dangereuses pour la sécurité de l’État d’Israël » et sont poursuivies en tant que crimes sous l’étiquette d’« activités hostiles et terroristes ».
Dans certains cas, des étudiants ont été mis en accusation sous des inculpations aussi exagérées et farfelues que celles d’« avoir dansé le Dabkeh » une danse folklorique palestinienne traditionnelle, lors d’une initiative organisée par un syndicat étudiant « ayant des liens avec une organisation illégale », ou d’avoir assisté à la projection d’un film lors d’un « rassemblement illégal ».
La vie étudiante palestinienne est riche de sa diversité et de son expression politiques. Tous les ans, les élections aux conseils d’étudiants suscitent un grand nombre de débats et d’affrontements politiques entre toutes les tendances du mouvement palestinien telles qu’elles se répercutent parmi les étudiants à l’université. Cette expression animée d’une culture politique démocratique est régulièrement soumise à la brutale répression de l’occupant israélien. La période des élections étudiantes est souvent marquée par une forte augmentation des descentes et des arrestations sur les campus universitaires.
Samidoun appelle instamment à la plus grande solidarité avec les étudiants palestiniens qui sont sous la menace d’attaques. Malgré la répression en cours, systématique et ininterrompue - comprenant de graves tortures au cours des interrogatoires - ils continuent à étudier, à s’organiser et à lutter. Nous exigeons la libération immédiate de Izz Shabaneh, Mehdi Karajeh, Basil Barghouti [photo] et de tous les étudiants palestiniens emprisonnés !
Traduction Yves Jardin, GT Prisonniers de l’AFPS