La communauté internationale a offert à Ramallah une victoire symbolique, mardi 16 octobre. Simple Etat observateur à l’Organisation des Nations unies (ONU) depuis 2012, la Palestine n’avait pas les moyens d’exercer pleinement la présidence d’un groupe représentant les pays en voie de développement. Appelée aussi « G 77 + Chine », cette coalition, qui réunit en fait 134 pays, avait décidé au mois de septembre, en marge de l’Assemblée générale, de confier sa présidence pour 2019 aux Palestiniens.
L’écueil a été surmonté par le vote d’une résolution statutaire, présentée par l’Egypte, qui donne à l’Etat palestinien plus de prérogatives pour se porter coauteur de résolutions et faire des déclarations au nom du groupe des 77, malgré l’opposition des Etats-Unis et d’Israël. 146 pays ont voté pour, 15 se sont abstenus – une majorité de pays de l’est de l’Europe – et 3 ont voté contre : Israël, Etats-Unis et Australie – qui a des velléités de déplacer son ambassade à Jérusalem.
Ces pays ont dénoncé la stratégie palestinienne d’obtenir une reconnaissance internationale à tout prix et à travers son activisme dans les organisations internationales. « Nous ne pouvons pas soutenir les efforts des Palestiniens de renforcer leur statut en dehors de négociations directes, a expliqué Jonathan Cohen, le représentant américain adjoint aux Nations unies. A chaque fois que la Palestine prendra la parole au nom des 77, nous rappellerons aux autres Etats membres que les Etats-Unis ne reconnaissent pas l’Etat de Palestine et qu’aucun Etat de ce type n’a été admis comme Etat membre de l’ONU. »
Dans un communiqué suivant le vote, l’ambassadrice américaine démissionnaire Nikki Haley a elle aussi condamné une « erreur » qui, selon elle, « mine les efforts de paix » dans la région. « Les Palestiniens ne sont pas un Etat membre de l’ONU et pas un Etat du tout », écrit-elle encore.
Un rehaussement de statut limité dans le temps
Avec cette présidence, les Palestiniens « vont franchir un pas supplémentaire dans la normalisation » en démontrant qu’ils sont capables « de parler d’autres choses » que du conflit israélo-palestinien au sein de l’ONU, estime toutefois un diplomate qui assure aussi que Washington « n’a pas fait activement campagne contre cette résolution ». Le groupe dit du « G 77 + Chine » est un acteur de poids dans les négociations budgétaires du système onusien.
Conscients de l’enjeu, les Palestiniens avaient pris soin de dépolitiser le débat en le plaçant sur un terrain purement technique et en limitant strictement à la seule année de leur présidence le rehaussement de leur statut au sein de l’organisation.
Le représentant permanent de la Palestine à l’ONU, Riyad Mansour, a d’ailleurs voulu jouer l’apaisement en saluant « le multilatéralisme sous son meilleur jour » avant d’assurer que l’Etat palestinien se montrerait « à la hauteur de cette confiance en engageant des discussions inclusives, constructives et transparentes avec tous ses partenaires ».
Si Ramallah réalise un meilleur score que lors du vote sur la reconnaissance de Jérusalem comme capitale en décembre 2017 et sur la protection du peuple palestinien à Gaza en juin, les diplomates se refusaient toutefois à y voir un référendum sur l’action des Américains dans la région et sur leur plan de paix, qui tarde à être présenté. Dans leur prise de parole suivant le vote, le Royaume-Uni, l’Allemagne et les Pays-Bas ont d’ailleurs pris soin de souligner que leurs votes positifs ne devaient « en aucun cas » être interprétés comme une reconnaissance de l’Etat de Palestine.
En représailles à un tir de roquette, Israël lance des raids aériens contre Gaza
L’aviation israélienne a lancé, mercredi 17 octobre au matin, des raids dans la bande de Gaza en réponse à un tir de roquette, a rapporté l’armée israélienne. Ces actes d’hostilité interviennent dans une période de tensions ravivées qui font craindre un nouveau conflit entre Israël et les groupes armés palestiniens, dont le mouvement islamiste Hamas qui dirige sans partage la bande de Gaza.
« Des avions de combat israéliens ont commencé à attaquer des cibles terroristes dans la bande de Gaza », a dit l’armée dans un message. Six sites ont été frappés, a précisé le Hamas dans un communiqué. Aucun blessé n’a été rapporté dans un premier temps. Quelques heures auparavant, une roquette tirée de Gaza est tombée à Beer-Sheva (sud), à une quarantaine de kilomètres du territoire palestinien, y causant des dégâts, ont dit l’armée et la police israéliennes. Il s’agit de la première roquette tirée depuis plusieurs semaines du territoire palestinien sous blocus contre Israël.
« A 4 heures ce matin, les Israéliens de la ville de Beer-Sheva couraient vers les abris après le lancement d’une roquette de la bande de Gaza contre Israël », a tweeté l’armée israélienne. « Nous défendrons les populations civiles israéliennes », ajoute-t-elle, laissant présager sa future riposte, quasiment systématique dans de tels cas. L’armée israélienne a rapporté un autre tir de roquette, en direction de la mer. On ignore qui, à Gaza, a tiré. Mais l’armée israélienne dit tenir le Hamas pour responsable de ce qui se passe dans le territoire sous son contrôle et frappe communément des positions du mouvement islamiste en représailles à de tels tirs.