Photo : Hawara le 26 février 2023 (Eye On Palestine)
La "garde nationale" israélienne qui sera bientôt constituée est un "nouvel instrument de la violence des colons", ont déclaré des observateurs palestiniens en réaction à l’accord - conclu entre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et le ministre israélien de la sécurité, Itamar Ben-Gvir - qui autorisera la formation de la nouvelle force.
Selon cet accord, M. Ben-Gvir retirera son opposition au gel des réformes judiciaires de M. Netanyahou, qui ont provoqué de nombreuses protestations en Israël. En échange, le gouvernement de Netanyahou approuvera la formation de la "garde nationale" sous le contrôle du ministère de la Sécurité, et donc sous le contrôle personnel de Ben-Gvir.
M. Ben-Gvir s’était déjà plaint du manque de réactivité des forces de sécurité israéliennes à ses directives lors de la répression des manifestations palestiniennes en Cisjordanie et à Jérusalem, arguant de la nécessité d’une force spéciale sous le contrôle du ministère de la sécurité.
Bien que la "garde nationale" soit officiellement destinée principalement à la population palestinienne d’Israël, les militants civils palestiniens contre les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée ont fait part à The New Arab de leurs craintes que la "garde nationale" soit également employée contre les Palestiniens dans les territoires occupés.
"Il s’agit d’un projet sur le modèle de la réorganisation des différentes milices sionistes en une seule armée lors de la Nakba de 1948", a déclaré à The New Arab Jamal Jumaa, coordinateur de la campagne populaire palestinienne "Stop The Wall", une campagne contre les colonies.
"Ben-Gvir est lui-même un colon, et son principal soutien vient des colons de Cisjordanie, qui sont déterminés à s’emparer de toute la Cisjordanie et à l’annexer à Israël", a déclaré Jamal Jumaa.
"Ce qu’il s’est passé à Hawara il y a quelques semaines n’est qu’un exemple de ce qui peut se produire à plus grande échelle avec un force permanente de colons extrémistes soutenus par l’État", a-t-il ajouté. "La vallée du Jourdain, Jérusalem-Est et Masafer Yatta seraient les zones les plus touchées, car les Palestiniens y subissent déjà des agressions quotidiennes de la part des colons.
Fin février, environ 400 colons israéliens ont attaqué la ville palestinienne de Hawara, au sud de Naplouse, tuant un Palestinien, blessant des dizaines de personnes et brûlant 30 maisons et 90 voitures.
Les attaques des colons contre Hawara et d’autres villages au sud de Naplouse et au nord de Ramallah se sont poursuivies au cours des semaines suivantes, y compris l’incendie par les colons d’une maison dans le village de Sinjil, au nord de Ramallah. La famille, composée des deux parents et de trois enfants, a échappé de justesse à l’incendie.
"Cela signifie que nous, Palestiniens, devons élaborer une stratégie nationale pour faire face à cette menace, mais cela signifie également que la communauté internationale doit considérer cette nouvelle force pour ce qu’elle est, l’exposer, la dénoncer et la traiter comme une organisation terroriste", a noté Jumaa.
Sur le terrain, le maire de Hawara, Muin Dmeidi, a déclaré à la The New Arab que "la soi-disant garde nationale israélienne sera pour les colons un permis de tuer des Palestiniens légalement".
"Cette nouvelle force sera une légalisation des gangs qui attaquent Hawara et d’autres villes palestiniennes en toute impunité depuis des semaines", a déclaré M. Dmeidi.
"Hawara est sous le coup d’un bouclage israélien depuis plus d’une semaine, au cours de laquelle les colons israéliens continuent de harceler les habitants et de se rassembler à l’entrée de la ville pour attaquer les voitures", a déclaré le maire.
Des réactions similaires à la formation de la nouvelle force israélienne ont également été exprimées par des responsables de l’Autorité palestinienne. Mardi, Moayad Shaaban, chef de la commission palestinienne pour les affaires des colonies israéliennes, a déclaré à la TNA que "la ’garde nationale’ est une vieille et nouvelle idée qui existait avant même que Ben-Gvir ne la défende".
"Elle a commencé à être discutée lors du soulèvement de mai 2021, lorsque les Palestiniens en Israël ont contesté la sécurité israélienne, mais elle bénéficie maintenant du soutien massif des colons de Cisjordanie, c’est pourquoi nous pensons qu’elle sera dirigée contre les Palestiniens de Cisjordanie", a déclaré M. Shaaban.
"Les colons sont déjà soutenus par l’État et le gouvernement israéliens, et cette nouvelle force sera pour eux un nouvel outil pour aider l’État à commettre de nouveaux crimes contre les communautés palestiniennes et à contrôler davantage de terres", a-t-il fait remarquer.
"La communauté internationale peut déjà voir ce que les colons font avec l’aide et la protection du gouvernement israélien d’extrême droite", a ajouté M. Shaaban. "Maintenant que ce gouvernement va jusqu’à armer les colons pour en faire une nouvelle force, il doit être boycotté et il faut montrer aux gens du monde entier que ses actions ne sont pas tolérées. "
Mardi, les médias israéliens ont rapporté que Ben-Gvir prépare un plan détaillé pour créer la force de la "garde nationale", qui devrait comprendre environ 2 000 officiers avec un budget d’un milliard de shekels (280 000 dollars).
Selon des rapports israéliens, des sources proches de Ben-Gvir ont affirmé que la "garde nationale" sera utilisée pour "lutter contre la criminalité" et qu’elle sera subordonnée au ministère de la sécurité, et non à Ben-Gvir personnellement.
Traduction : AFPS