- La police israélienne a utilisé des canons à eau et des bombes lacrymogènes pour tenter de disperser les manifestants dimanche à Tel Aviv. AFP / Jack Guez
Une cinquantaine de personnes, en majorité des policiers, ont été blessées dans des heurts dimanche 3 mai au soir à Tel-Aviv après un rassemblement contre les violences policières et la discrimination dont sont victimes les Israéliens d’origine éthiopienne.
La police montée a tiré des grenades assourdissantes pour disperser la foule et l’empêcher de s’en prendre à la mairie de Tel-Aviv. Les manifestants ont lancé des pierres, des bouteilles et des chaises sur la police. Des canons à eau et des bombes lacrymogènes ont également été utilisés pour éloigner des manifestants des rues alentours, en vain.
Selon la police, 46 policiers et au moins sept manifestants ont été blessés. Vingt-six d’entre eux ont été arrêtés. Le ministre de la sécurité intérieure, Yitzhak Aharonovitch, a expliqué que disperser les « émeutiers » était compliqué, car il n’y avait pas de chef à qui s’adresser.
« Examen de conscience » nécessaire
Quelque 10 000 personnes selon la presse, 3 000 selon la police, étaient venues manifester à Tel-Aviv, trois jours après un rassemblement de même nature à Jérusalem, qui avait également dégénéré. Il avait été provoqué par la diffusion dans la presse israélienne d’une vidéo montrant deux policiers en train de frapper un soldat d’origine éthiopienne en uniforme militaire.
Le ministre israélien de l’économie, Naftali Bennett, est allé à la rencontre des manifestants là où les heurts ont eu lieu. Il a déclaré que la société israélienne faisait face à un « sérieux examen de conscience ». « Tandis que l’ordre doit être maintenu, nous devons tous chercher les vraies solutions aux problèmes qui sont apparus de manière si douloureuse », a-t-il dit selon des propos rapportés par son cabinet.
- Cette manifestation d’Israéliens d’origine éthiopienne à Tel-Aviv a été organisée trois jours après un rassemblement similaire à Jérusalem. AFP / Jack Guez
Parmi les milliers de manifestants, des centaines d’Israéliens étaient venus soutenir leurs compatriotes d’origine éthiopienne. Ils brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Un policier violent devrait être en prison » ou « Nous demandons l’égalité des droits ».
Pays « raciste »
« Je suis noir, alors je dois manifester aujourd’hui », a expliqué à l’AFP Eddie Maconen, 34 ans. « Je n’ai jamais personnellement connu la violence policière, mais elle frappe ma communauté ». Les manifestants veulent que les policiers violents soient jugés, explique M. Maconen, arrivé d’Ethiopie à 3 ans. Zion Cohen a quant à lui défilé pour soutenir ses compatriotes d’origine éthiopienne. « Ils ont raison à 100 % » estime-t-il. Israël « est un pays raciste et nous ne les acceptons pas ».
Dimanche, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a publié un communiqué affirmant qu’il rencontrerait lundi Damas Pakada, le soldat frappé dans la vidéo, ainsi que d’autres représentants de la communauté éthiopienne.
Plus de 120 000 juifs d’origine éthiopienne vivent en Israël. Ils descendent de communautés restées coupées des autres juifs pendant des siècles, que les autorités religieuses d’Israël ont tardivement reconnues comme étant de confession juive. A leur arrivée en Israël, en 1984 puis en 1991, ils ont dû franchir un énorme fossé culturel et connaissent aujourd’hui encore une intégration difficile.