Le président palestinien Mahmoud Abbas (R) et le secrétaire d’État américain Antony Blinken se serrent la main après leur rencontre à Ramallah, en Cisjordanie occupée.
Le plus haut diplomate des États-Unis, Antony Blinken, a fait pression sur le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas pour qu’il "reprenne le contrôle" de Jénine et de Naplouse en Cisjordanie occupée, selon un rapport, faisant porter la responsabilité de l’escalade de la violence dans le territoire aux Palestiniens, malgré la poursuite des raids israéliens qui ont tué au moins 200 personnes l’année dernière.
Le plan américain verrait l’AP sévir contre les groupes armés palestiniens nouvellement apparus en Cisjordanie, ont indiqué des sources au site d’information Axios.
Selon le rapport, publié mercredi, les Palestiniens ont exprimé des réserves sur le fait que le plan ne mettait pas l’accent sur la désescalade et la diminution des raids israéliens en Cisjordanie.
Ce rapport fait suite à une tournée au Moyen-Orient effectuée par M. Blinken en début de semaine, au cours de laquelle il a d’abord rencontré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, puis M. Abbas dans la ville de Ramallah, en Cisjordanie.
Les deux visites ont eu lieu dans un contexte de tensions accrues entre Israël et la Palestine après que les forces israéliennes ont tué neuf Palestiniens jeudi dernier dans le camp de réfugiés de Jénine lors d’un raid militaire. Un autre homme a succombé à ses blessures samedi.
La confrontation a donné lieu à plusieurs heures de combats intenses au cours desquels une femme âgée a également perdu la vie.
Un jour plus tard, un agresseur a abattu sept personnes près d’une synagogue dans une colonie israélienne de Jérusalem-Est occupée.
Citant des sources israéliennes et américaines, le rapport d’Axios indique que M. Blinken a exhorté le président de l’AP "à accepter et à mettre en œuvre un plan de sécurité" rédigé par le coordinateur américain de la sécurité, Michael Fenzel.
Selon ces sources, le plan prévoit que les forces de sécurité de l’AP reprennent le contrôle de la partie nord de la Cisjordanie, en particulier Naplouse et Jénine. Les responsables ont également indiqué qu’une force palestinienne spéciale recevrait une formation pour être ensuite déployée dans la région afin de contrer la résistance des groupes armés.
Ces deux villes sont devenues une plaque tournante pour les groupes armés composés de jeunes Palestiniens frustrés par l’occupation et l’impopularité croissante de l’AP.
Nombre de ces groupes sont affiliés aux factions palestiniennes traditionnelles - telles que le Fatah, le Hamas et le Jihad islamique palestinien - mais n’opèrent pas sous leur contrôle direct.
L’armée israélienne affirme que ses raids sont en partie une répression contre ces nouveaux groupes armés, bien que les raids soient depuis longtemps réguliers en Cisjordanie.
En 2022, plus de 170 Palestiniens, dont au moins 30 enfants, ont été tués en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, l’année la plus meurtrière depuis 2006, selon les Nations unies.
Au moins 35 autres personnes ont été tuées au cours du seul mois de janvier, dont cinq enfants.
Le plan de Fenzel a été présenté au gouvernement israélien et à l’Autorité palestinienne il y a plusieurs semaines, peut-on lire dans le rapport, ajoutant que s’il a reçu le soutien du gouvernement israélien, les autorités palestiniennes ont émis de "nombreuses réserves."
Ces griefs, selon les sources, découlaient d’un manque de références sur la nécessité de réduire les incursions des forces israéliennes dans les territoires palestiniens et de susciter le soutien de l’opinion publique à une telle opération.
Les responsables palestiniens ont également déclaré aux responsables américains qu’ils "n’ont pas la légitimité pour opérer pendant la journée alors que l’armée israélienne mène des raids qui entraînent la mort de Palestiniens la nuit", peut-on lire dans le rapport.
"J’ai également entendu des idées constructives sur les mesures pratiques que chaque partie peut prendre pour faire baisser la température, favoriser une plus grande coopération et renforcer la sécurité des personnes", a déclaré M. Blinken lors d’une conférence de presse à l’issue de sa visite, sans donner plus de détails. "J’ai donc demandé aux principaux membres de mon équipe de rester dans la région et de poursuivre les discussions sur la manière dont ces mesures pourraient être mises en œuvre", a-t-il ajouté.
Traduction : AFPS