Photo : Benyamin Netanyahou est invité à s’exprimer au Congrès américain le 24 juillet 2024 © Quds News Network
Les services de renseignement intérieur israéliens ont arrêté quatre Israéliens, dont l’un travaille au bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu, accusés d’avoir divulgué et falsifié des documents classifiés concernant la guerre en cours contre Gaza, a révélé un tribunal israélien au cours du week-end.
Les documents fabriqués qui auraient été divulgués par l’un des assistants de M. Netanyahu ont été faussement attribués au défunt chef du Hamas, Yahya Sinwar. La révélation de ces récentes fabrications réfute les affirmations de la propagande israélienne selon lesquelles le Hamas aurait fait preuve d’intransigeance dans les négociations de cessez-le-feu tout au long de la guerre, en particulier lors du dernier cycle de négociations de l’été. Au cours de ces négociations, M. Netanyahou avait insisté sur le fait qu’Israël devait maintenir une présence militaire permanente le long du corridor de Philadelphie, une bande de terre bordant Gaza et l’Égypte, parce qu’il affirmait que le Hamas l’utilisait pour faire passer clandestinement des armes et des fournitures. À peu près au même moment, les documents ayant fait l’objet d’une fuite ont affirmé à tort que le corridor de Philadelphie devait être utilisé par le Hamas pour faire sortir clandestinement des captifs israéliens de la bande de Gaza, aux côtés de Sinwar.
Selon les médias israéliens, le principal suspect dans l’affaire des fuites, Eli Feldstein, travaille comme porte-parole au bureau de M. Netanyahou. Le bureau du Premier ministre israélien a d’abord nié qu’un de ses membres ait été arrêté dans cette affaire, avant de préciser que M. Feldstein n’est pas un employé officiel, mais un entrepreneur privé qui travaille avec M. Netanyahou depuis un an et demi. Cette clarification est intervenue après que des médias israéliens ont diffusé des images et des séquences montrant M. Feldstein accompagnant M. Netanyahou lors de réunions gouvernementales et de visites sur le terrain de sites militaires sensibles.
Ces récentes révélations prouvent une fois de plus que ce n’est pas le Hamas qui a fait obstacle à un cessez-le-feu au cours de l’été, mais l’intransigeance de M. Netanyahu.
Saboter les négociations de cessez-le-feu
L’affaire de la fuite a été classée par la censure militaire israélienne jusqu’à ce que le tribunal israélien révèle le nom du principal suspect. Selon les rapports israéliens qui ont suivi l’assouplissement de la censure, des documents hautement confidentiels acquis par l’armée israélienne à Gaza ont été mal cités, mal attribués et sélectivement divulgués aux médias avec des informations fabriquées de toutes pièces, de manière à servir l’objectif de Netanyahou de saboter un éventuel cessez-le-feu et un accord d’échange de captifs - au service de son programme de prolongation de la guerre.
Les informations divulguées auraient inclus des allégations de preuves documentées que le Hamas ne voulait pas d’un accord de cessez-le-feu et que son chef, Yahya Sinwar, se préparait à sortir clandestinement de Gaza avec des captifs israéliens par le corridor de Philadelphie, dont Netanyahou refusait à l’époque de se retirer dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu. Ces affirmations étaient basées sur des citations modifiées de documents classifiés obtenus par l’armée israélienne à Gaza, qui étaient à leur tour faussement attribués à Sinwar.
Les informations fabriquées et divulguées ont été rapportées par le journal britannique The Jewish Chronicle et le journal allemand Bild, qui ont également rapporté, sur la base des informations divulguées, que le Hamas ne s’engageait dans des pourparlers de cessez-le-feu que dans le cadre d’une forme de guerre psychologique.
Les articles parus dans The Jewish Chronicle et Bild ont été publiés en juillet, à peu près au moment où M. Netanyahou insistait sur la prétendue nécessité pour Israël de garder le contrôle du corridor Philadelphie, contre l’avis des responsables de l’armée israélienne et des services de renseignement israéliens. Cette intransigeance de la part de Netanyahou est à l’origine de l’échec des pourparlers sur le cessez-le-feu. Les négociations n’ont pas repris depuis.
Réactions
Les réactions de la scène politique israélienne ne se sont pas fait attendre. Le chef de l’opposition israélienne, Yair Lapid, a déclaré dans un communiqué télévisé que la nouvelle des fuites devrait « effrayer chaque Israélien », soulignant que « si Netanyahou était au courant [des fuites], il est complice de l’un des crimes les plus graves de nos lois ». L’autre chef de l’opposition israélienne et ancien membre du cabinet de guerre, Benny Gantz, a également déclaré dans un communiqué que l’affaire « ne concerne pas seulement la fuite de documents, mais la vente de secrets d’État à des fins politiques », ajoutant que « si des informations sensibles relatives à la sécurité ont été volées et utilisées pour la campagne d’un homme politique, il ne s’agit pas seulement d’un crime pénal, mais d’un crime contre la nation ».
Bien qu’aucune accusation formelle n’ait encore été portée contre M. Netanyahu personnellement, les médias israéliens affirment que les fuites font partie d’une politique officieuse au sein du cercle rapproché de M. Netanyahu. Le quotidien israélien Yediot Ahronot cite un haut responsable de la sécurité israélienne dont l’identité n’a pas été révélée et qui affirme que le bureau de M. Netanyahou dispose d’une équipe entière travaillant secrètement à la fuite d’informations chaque fois que la pression augmente sur le Premier ministre pour qu’il conclue un accord de cessez-le-feu.
Certains analystes considèrent que ces fuites s’inscrivent dans le cadre d’un bras de fer entre le gouvernement de M. Netanyahou et l’armée israélienne, qui plaide de plus en plus en faveur de la fin de la guerre sur les fronts de Gaza et du Liban et de la conclusion d’un échange de prisonniers, alors que M. Netanyahou continue d’insister sur la prolongation de la guerre.
Traduction : AFPS