Lors de la première Intifada, la vidéo d’un gamin de 5 ans interprétant le poème Ma Fi Khof, sur fond d’images nationalistes, est passée en boucle à la télévision palestinienne, faisant de sa chanson un hymne des territoires occupés : ainsi débuta la carrière de Tamer Abu Ghazaleh, songwriter et multi-instrumentiste précoce (il a sorti un premier album à 15 ans) émergé de la diaspora palestinienne au Caire. Depuis, ce performeur impétueux, au charisme fou, est passé par le conservatoire à Ramallah et a débridé sa créativité à travers de nombreuses collaborations pluridisciplinaires pour s’imposer, à 30 ans, comme l’une des figures les plus fascinantes de la scène alternative du monde arabe.
Une démarche plus esthétique que politique
« La situation en Palestine n’est plus la même, bien sûr, nous dit-il. Je continue d’aborder certains thèmes politiques, mais ma recherche est désormais d’ordre esthétique : je travaille plus sur la beauté que sur le sens. » Il n’en reste pas moins un activiste culturel fervent, fondateur en 2007 d’eka3, une plateforme régionale vouée à la promotion, à la production, à la distribution et au booking des artistes indépendants. Son label Mostakell édite aujourd’hui Thulth, le premier projet solo qu’il vient défendre en France : un mélange d’incantations âpres, de vibrations organiques, de rock ombrageux et d’électro, dont la version live nous a déjà tout simplement subjuguée.