Photo : L’armée israélienne abuse de jeunes Palestiniens lors de l’invasion de Tulkarem, le 18 février 2025 © Al-Jarmaq News
L’armée israélienne a poursuivi son raid militaire à grande échelle dans la ville de Jénine, au nord de la Cisjordanie occupée, et dans son camp de réfugiés, forçant des milliers de personnes à fuir leur domicile.
Mercredi, cela fait 30 jours que les forces israéliennes ont commencé leur assaut sur Jénine, qui s’est ensuite étendu à d’autres parties du nord de la Cisjordanie, y compris Tulkarem et son camp de réfugiés de Nur Shams. Au moins 26 Palestiniens ont été tués à Jénine depuis le 21 janvier.
L’armée a également déployé des centaines de soldats et de bulldozers qui ont démoli des maisons et détruit des infrastructures vitales dans le camp surpeuplé, forçant la quasi-totalité de ses résidents à partir.
« Nous ne savons pas ce qui se passe dans le camp, mais il y a des démolitions continues et des routes creusées », a déclaré Mohammed al-Sabbagh, chef du comité des services du camp de Jénine.
S’adressant aux journalistes mardi, le maire de Jénine, Mohammed Jarrar, a déclaré que l’armée israélienne avait « adopté un modèle de destruction aléatoire » dans le camp et ses environs afin de rendre le camp « inhabitable ».
Le déplacement massif de Palestiniens de diverses parties de la Cisjordanie au cours des dernières semaines constitue la plus grande opération de déplacement depuis des décennies.
Les camps, construits pour les descendants des réfugiés palestiniens qui ont fui ou ont été chassés de leurs maisons lors de la Nakba de 1948, au moment de la création d’Israël, sont depuis longtemps des centres importants pour les groupes de résistance qui luttent contre l’occupation israélienne.
Ils ont fait l’objet de raids répétés de la part de l’armée israélienne, mais l’opération actuelle, qui a débuté au moment où le cessez-le-feu a été conclu dans la bande de Gaza assiégée et bombardée, a été d’une ampleur inhabituelle.
Selon les chiffres de l’Autorité palestinienne, environ 17 000 personnes ont été chassées du camp de réfugiés de Jénine, qui est désormais presque désert. À Nur Shams, 6 000 personnes, soit environ les deux tiers de la population, ont été expulsées, tandis que 10 000 autres quittent le camp de Tulkarem.
« Ceux qui restent sont pris au piège », a déclaré Nihad al-Shawish, chef du comité des services du camp de Nur Shams. « La défense civile, le Croissant-Rouge et les forces de sécurité palestiniennes leur ont apporté de la nourriture hier, mais l’armée continue de détruire le camp au bulldozer.
Les raids israéliens ont démoli des dizaines de maisons et arraché de grandes portions de route, tout en coupant l’eau et l’électricité.
Les responsables humanitaires affirment qu’ils n’ont pas vu de tels déplacements en Cisjordanie depuis la guerre de 1967 au Moyen-Orient, lorsqu’Israël s’est emparé du territoire situé à l’ouest du Jourdain, ainsi que de Jérusalem-Est et de la bande de Gaza.
« C’est une situation sans précédent. Si l’on ajoute à cela la destruction des infrastructures, nous arrivons à un point où les camps deviennent inhabitables », a déclaré Roland Friedrich, directeur des affaires de Cisjordanie pour l’UNRWA, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens.
Les forces israéliennes ont également continué à arrêter des Palestiniens en Cisjordanie.
Mercredi, quatre personnes, dont deux enfants, ont été arrêtées à Jénine.
Mercredi également, une femme âgée a reçu une balle dans la poitrine près de l’entrée du camp de réfugiés de Jénine.
L’agence de presse palestinienne Wafa a déclaré que les forces israéliennes ont scellé les entrées du camp et que les soldats stationnés à l’entrée principale ont tiré sur les personnes qui tentaient de s’en approcher.
Ailleurs en Cisjordanie, les forces israéliennes ont perquisitionné et démoli une maison à Hébron, tandis que des bulldozers militaires ont rasé des terres agricoles.
Traduction : AFPS