Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a averti vendredi que « l’indépendance et l’impartialité » de la Cour sont compromises lorsque des personnes menacent d’exercer des représailles.
Ce commentaire faisait clairement référence aux affirmations du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu selon lesquelles tout mandat d’arrêt délivré à son encontre constitue un « crime de haine antisémite ».
Dans une déclaration publiée par le bureau de M. Khan sur X, le procureur a déclaré que « de telles menaces, même si elles ne sont pas mises à exécution, peuvent également constituer une infraction contre l’administration de la justice en vertu de l’article 70 du Statut de Rome ».
« Le Bureau insiste pour que cessent immédiatement toutes les tentatives d’entrave, d’intimidation ou d’influence indue sur ses fonctionnaires » ajoute le communiqué.
Cette déclaration intervient alors que l’on a appris en début de semaine que la CPI envisageait de délivrer des mandats d’arrêt à l’encontre de M. Netanyahou et d’autres hauts responsables israéliens en raison de leur comportement pendant la guerre aveugle menée par Israël contre la bande de Gaza.
M. Netanyahu a réagi mardi en déclarant que la délivrance d’un tel mandat s’apparenterait à un « crime de haine antisémite ».
Jeudi, le premier ministre israélien a également menacé de riposter à tout mandat d’arrêt potentiel en prenant des mesures qui pourraient entraîner l’effondrement de l’Autorité palestinienne.
La CPI enquête sur d’éventuels crimes de guerre israéliens depuis 2014, mais le nombre croissant de morts et l’ampleur des destructions résultant de la guerre d’Israël contre Gaza l’ont apparemment obligée à agir.
Statement of the #ICC Office of the Prosecutor pic.twitter.com/Cw331pMcDm
— Int'l Criminal Court (@IntlCrimCourt) May 3, 2024
Depuis que la potentialité de mandats d’arrêt est connue, la CPI a subi de fortes pressions de la part d’Israël et des États-Unis, M. Netanyahu faisant pression sur ses alliés démocrates et républicains au Congrès pour qu’ils rencontrent la Cour et mettent fin aux mandats d’arrêt.
Ces derniers jours, le représentant démocrate Brad Sherman a été cité dans un rapport d’Axios comme ayant déclaré que les États-Unis devraient « réfléchir à la question de savoir si nous restons signataires » du Statut de Rome, qui est le traité qui a créé la CPI.
En outre, lundi, le président républicain de la Chambre des représentants des États-Unis, Mike Johnson, a attaqué la CPI pour les mandats d’arrêt potentiels, la qualifiant de « honteuse » et de « sans foi ni loi ».
Traduction : AFPS
Photo : Karim Khan modère le panel de clôture du symposium sur l’héritage du TPIY. 19 décembre 2017. Wikipédia.