Le Prix du Courage qui salue les journalistes ayant fait preuve de courage dans la pratique, la défense ou la promotion du journalisme, a été décerné à la journaliste chinoise Zhang Zhan pour sa couverture indépendante de l’épidémie de Covid-19 dans la ville de Wuhan en février 2020. Pendant plusieurs mois, elle a diffusé en direct sur les réseaux sociaux des images des rues, des hôpitaux et des familles de malades. Ses reportages au cœur du premier épicentre du coronavirus ont constitué l’une des principales sources d’information indépendante sur la situation sanitaire de la région. Elle a finalement été arrêtée en mai 2020 par les autorités chinoises et détenue sans motif officiel pendant plusieurs mois avant d’être condamnée à quatre ans de prison en décembre 2020 pour avoir "attisé des querelles et provoqué des troubles".
Actuellement incarcérée, elle a entrepris une grève de la faim pour protester contre les mauvais traitements subis et a finalement été nourrie de force par une sonde. Son état de santé se serait gravement détérioré ces dernières semaines et ses proches craignent pour sa vie, selon Reporters sans frontières.
Le Prix de l’Impact qui vise à récompenser les journalistes, médias ou ONG ayant contribué à des améliorations évidentes en matière de liberté journalistique, d’indépendance et de pluralisme, a lui été décerné au projet Pegasus, une enquête publiée par consortium international de plus de 80 journalistes et révelant l’espionnage subi par 200 journalistes. Sur la base d’une fuite de 50.000 numéros de téléphone, le Pegasus Project a pu déterminer que des régimes autocratiques mais aussi démocratiques s’étaient livrés à de l’espionnage de journalistes. Cette enquête a poussé Reporters sans frontières et de nombreux médias à porter plainte et à demander un moratoire sur ces technologies de surveillance.
De son côté, Majdoleen Hassona, une journaliste palestinienne couvrant l’actualité en Cisjordanie, s’est vu décerner le Prix de l’Indépendance qui vise à récompenser les journalistes, médias ou ONG ayant résisté de manière remarquable aux pressions financières, politiques, économiques ou religieuses. Avant de rejoindre la chaîne turque TRT et de s’établir à Istanbul, "cette journaliste palestinienne a été régulièrement poursuivie et harcelée aussi bien par les autorités israéliennes que palestiniennes pour ses publications critiques", note RSF.
En août 2019, alors qu’elle était revenue en Cisjordanie fêter l’Aïd avec son fiancé, elle est retenue à un checkpoint israélien et apprend qu’elle est visée par une interdiction de quitter le territoire émise par les services israéliens de renseignement "pour des raisons de sécurité". La journaliste est bloquée là-bas depuis. Malgré tout, elle continue son travail sur place et a notamment couvert, en juin 2021, les manifestations antigouvernementales qui ont suivi la mort de l’opposant Nizar Banat, tué par des membres des forces de sécurité palestiniennes dépendant de l’Administration palestinienne qui gère le territoire.
Le jury de cette 29e édition du prix Reporters sans frontières, avec à sa tête le président de RSF, Pierre Haski, était composé d’éminents journalistes ou de défenseurs de la liberté d’expression issus du monde entier.