Aujourd’hui, le mardi 20 décembre 2022, le prisonnier politique palestinien Nasser Abu Hamid est décédé à 50 ans d’un cancer du poumon avancé alors qu’il était détenu à la clinique de la prison de Ramleh, une clinique carcérale connue pour ses violations systémiques des droits de l’Homme à l’encontre des prisonniers palestiniens souffrants et malades. Le décès d’Abu Hamid est donc une conséquence directe de la pratique continue et délibérée de la négligence médicale par le service pénitentiaire israélien.
Diagnostiqué pour la première fois d’un cancer du poumon en août 2021, Abu Hamid a reçu des soins oncologiques minimaux à la clinique de la prison de Ramleh, ce qui a entraîné une détérioration rapide de sa santé et un stade critique de son cancer. Malgré les appels du conseiller juridique d’Abu Hamid et de plusieurs organisations humanitaires telles que le Comité international de la Croix-Rouge - exhortant la commission des libérations conditionnelles des services pénitentiaires israéliens à libérer Nasser au travers d’une libération humanitaire compte tenu de sa santé extrêmement fragile et de son espérance de vie considérablement réduite - Abu Hamid est resté dans la servitude jusqu’à ses derniers jours. Le refus de l’administration pénitentiaire israélienne de libérer Nasser est un exemple du mépris flagrant du régime israélien de colonisation et d’apartheid à l’égard de la dignité humaine et des droits de la famille, protégés par la Déclaration universelle des droits de l’Homme, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la quatrième Convention de Genève.
Nasser Abu Hamid est né le 5 octobre 1972 dans le camp de réfugiés d’Al-Amari en Cisjordanie occupée. Nasser avait été arrêté plusieurs fois au cours de sa vie pour avoir résisté à l’occupation guerrière israélienne, d’abord à l’âge de 11 ans, puis en 1987, 1990 et 1996. Avant son décès, Abu Hamid a été détenu dans les prisons de l’occupation israélienne pendant plus de 30 ans, où il a enduré des conditions d’incarcération extrêmes dans des chambres étroites et surpeuplées qui ne respectaient pas les normes minimales de base d’une vie adéquate. De telles pratiques violent de nombreuses conventions internationales - y compris l’ensemble des règles minimales des Nations Unies pour le traitement des prisonniers - toutes ratifiées par Israël et obligatoires pour Israël en tant que puissance occupante.
En outre, les autorités d’occupation israéliennes violent de manière flagrante les normes et conventions internationales relatives à la protection et à la prise en charge des prisonniers palestiniens malades. Le droit international humanitaire garantit la fourniture des soins médicaux nécessaires aux patients. Les articles 76 et 91 de la quatrième Convention de Genève stipulent le droit des détenus malades à recevoir les soins médicaux nécessaires, de maintenir une alimentation saine et d’avoir accès aux examens médicaux nécessaires. Malgré ces lois, les statistiques compilées par les organisations de défense des droits de l’Homme indiquent que le nombre de détenus et de prisonniers palestiniens malades dans les prisons de l’occupation israélienne est actuellement d’environ 600, avec plus de 200 prisonniers souffrant de maladies chroniques et 24 prisonniers diagnostiqués avec un cancer et d’autres maladies graves. Depuis 1967, avec la mort de Nasser Abu Hamid, le nombre total de prisonniers palestiniens décédés dans les prisons de l’occupation israélienne a atteint 233, dont 74 sont décédés à la suite d’une négligence médicale.
En plus de leurs crimes de négligence médicale, les forces d’occupation israéliennes continuent de garder les corps des onze prisonniers palestiniens qui sont devenus des martyrs. En refusant de rendre les corps, Israël inflige une douleur psychologique intense à la famille de la personne décédée. En tant que telle, la famille de Nasser ne sait pas quand son corps sera rendu pour un enterrement convenable, voire pas du tout. En outre, Nasser a quatre frères, qui sont tous actuellement détenus dans les prisons de l’occupation israélienne et soumis aux mêmes conditions de détention difficiles et à la négligence médicale qu’il a subi avant son décès. Pour ajouter à la souffrance de la famille, la maison de la famille de Nasser a été démolie à plusieurs reprises, la dernière fois en 2019.
En accordant une impunité constante à Israël, la communauté internationale n’a pas réussi à protéger Nasser Abu Hamid et à lui permettre un décès humain et digne chez lui entouré de sa famille et de ses proches. Pourtant, Nasser, à la fin de sa vie et face aux décennies de violence qu’il a connues, est resté fidèle à ses principes de résilience. Nasser a refusé l’avis de son avocat de présenter une grâce au commandant militaire israélien en Cisjordanie pour envisager sa libération, choisissant plutôt de mourrir sans se soumettre aux exigences des forces d’occupation israéliennes. En ces temps difficiles, Addameer est solidaire de la famille d’Abu Hamid.
Traduction : AFPS