Photo : Le parlement israélien adopte une résolution contre un Etat palestinien, 18 juillet 2024 © Quds News Network
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré que la guerre à Gaza n’était « pas terminée » à la suite de l’assassinat présumé du chef du Hamas, Yahya Sinwar, alors même que les dirigeants occidentaux ont exprimé l’espoir que sa mort permettrait de mettre un terme à ce conflit qui dure depuis un an.
« Aujourd’hui, le mal a subi un coup dur, mais la tâche qui nous attend n’est pas encore terminée », a déclaré M. Netanyahu lors d’une allocution enregistrée jeudi.
Les sentiments de M. Netanyahu ont été repris par d’autres personnalités politiques israéliennes de premier plan, notamment Benny Gantz, chef du parti de centre-droit Unité nationale.
M. Gantz, qui a démissionné en juin du cabinet de guerre d’urgence de M. Netanyahou en raison de désaccords sur la gestion de la guerre par le Premier ministre, a déclaré que la « mission n’était pas terminée » et que les forces israéliennes opéreraient dans la bande de Gaza pendant « les années à venir ».
Le chef militaire israélien Herzi Halevi a déclaré que si ses forces avaient réglé « le compte » de Sinwar, elles continueraient à se battre « jusqu’à ce que nous capturions tous les terroristes impliqués dans le massacre du 7 octobre et que nous ramenions tous les otages chez eux ».
L’armée israélienne a déclaré avoir tué Sinwar, qui est accusé par les autorités israéliennes d’avoir dirigé les attaques du 7 octobre du Hamas, lors d’une fusillade mercredi à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.
Le Hamas n’a ni confirmé ni commenté la mort présumée de Sinwar. [Mise à jour : le Hamas confirme la mort de Sinwar]
Les remarques des hauts responsables israéliens ont semblé atténuer les attentes des dirigeants occidentaux qui pensaient que la mort présumée de M. Sinwar accélérerait la fin de la guerre.
Le président des États-Unis, Joe Biden, dont l’administration est le principal soutien politique et fournisseur d’armes d’Israël, a déclaré que la mort présumée du dirigeant palestinien était l’occasion d’un « jour d’après à Gaza » et d’un règlement politique offrant un « avenir meilleur pour les Israéliens et les Palestiniens ».
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est entretenu par téléphone avec ses homologues d’Arabie saoudite et du Qatar au sujet de la mort présumée de M. Sinwar et des « efforts visant à mettre fin au conflit et à obtenir la libération des otages », a déclaré le département d’État américain.
La vice-présidente des États-Unis et candidate démocrate Kamala Harris a déclaré que l’occasion était venue de « mettre enfin un terme à la guerre à Gaza ».
« Elle doit se terminer de telle sorte qu’Israël soit en sécurité, que les otages soient libérés, que la souffrance à Gaza cesse et que le peuple palestinien puisse réaliser son droit à la dignité, à la sécurité, à la liberté et à l’autodétermination », a déclaré Mme Harris en marge d’un événement de campagne dans le Wisconsin.
« Et il est temps que le jour d’après commence sans le Hamas au pouvoir ».
En Europe, le président français Emmanuel Macron a qualifié la mort présumée de Sinwar de « tournant ».
« Nous devons saisir cette occasion pour obtenir la libération de tous les otages et pour mettre enfin un terme à la guerre », a déclaré M. Macron aux journalistes à l’issue du sommet de l’Union européenne à Bruxelles.
Le ministre italien des affaires étrangères, Antonio Tajani, a également exprimé l’espoir que la disparition présumée du principal dirigeant du Hamas conduise à un cessez-le-feu.
Si M. Netanyahu a prévenu que la guerre n’était pas terminée dans son discours, il a également laissé entendre que l’assassinat présumé de M. Sinwar avait rapproché la fin du conflit.
« Si ce n’est pas la fin de la guerre à Gaza, c’est le début de la fin », a-t-il déclaré.
« À la population de Gaza, j’adresse un message simple : Cette guerre peut prendre fin demain », a-t-il ajouté.
« Elle peut prendre fin si le Hamas dépose les armes et restitue nos otages. »
Daniel Levy, président du US/Middle East Project et ancien conseiller du gouvernement israélien, a toutefois déclaré que l’assassinat de Sinwar ne mettrait pas fin à la résistance palestinienne à Gaza.
« C’est comme pour Oussama ben Laden - c’est ce qu’a dit le président américain. Vous tuez un terroriste et tout va bien ensuite. Mais il s’agit d’un mouvement de résistance enraciné dans son peuple parce que son peuple est opprimé et privé de ses droits », a déclaré M. Levy à Al Jazeera.
« Cela va continuer et les gens vont regarder cela et voir quelqu’un, j’imagine, qui est un martyr qui donne plus d’éclat à la cause des Palestiniens », a-t-il ajouté.
Au moins 42 409 personnes ont été tuées à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la santé de l’enclave.
Plus de 1 130 personnes ont été tuées dans les attaques du Hamas du 7 octobre, selon les autorités israéliennes.
Parmi les plus de 250 personnes faites prisonnières par le Hamas le 7 octobre, 101 sont toujours portées disparues, selon les décomptes israéliens, dont la moitié au moins sont encore en vie, selon les autorités israéliennes.
Traduction : AFPS