Le Meretz, parti de gauche, a déclaré jeudi qu’il ne soutiendrait pas la prolongation de l’amendement temporaire à la Loi sur la Citoyenneté, qui empêche les conjoints palestiniens d’Israéliens d’obtenir la citoyenneté israélienne, en réponse à l’accord conclu par le gouvernement israélien avec les habitants de l’avant-poste non-autorisé de Evyatar en Cisjordanie.
L’amendement temporaire à la loi a été adopté en 2003, pendant la seconde Intifada, pour des raisons de sécurité. Il a été depuis prolongé chaque année, et le précédent gouvernement avait entamé cette année le processus d’adoption. Depuis que le nouveau gouvernement est entré en fonction, le Likoud a refusé de soutenir sa prolongation, en disant que cela n’aiderait pas la coalition à surmonter les obstacles qu’elle s’est elle-même créés.
L’accord entre le gouvernement et les colons de Evyatar stipule qu’ils quitteront l’avant-poste en fin de semaine. Une base militaire sera créée là, et une yeshiva y sera installée d’ici quelques mois – seulement après qu’Israël examine le statut de propriété du terrain et le déclare propriété de l’État.
Le Président du Meretz, Nitzan Horowitz, a fait part de l’opposition de son parti à la prolongation de l’amendement, ce qui réduira considérablement ses chances d’être adopté. Le Meretz s’est opposé au compromis avec les colons de Evyatar, en disant qu’il n’avait jamais été consulté sur cette question. On s’attend à ce que les législateurs du parti votent contre ou s’abstiennent de voter la prolongation de la mesure législative temporaire, le vote étant censé avoir lieu lundi à la Knesset.
Au cours de ces quelques derniers jours, les législateurs du Meretz ont exprimé leur opposition à l’amendement. Deux d’entre eux, Esawi Freige et Mossi Raz, ont annoncé qu’ils voteraient contre celui-ci, dans une interview donnée mardi à la radio publique Kan Bet.
Raz a déclaré au début de la semaine qu’il s’oppose à la « prolongation de la Loi sur la Citoyenneté. Celle-ci est une loi discriminatoire qui imposent des restrictions aux citoyens arabes et qui les considèrent comme une menace pour la sécurité et la démographie ».
Dans les conversations qu’il a eues jeudi avec les législateurs du Meretz, Horowitz a précisé que lui non plus n’a pas l’intention de soutenir l’amendement. Mais en raison de sa démission de la Knesset de par la soi-disant Loi Norvégienne, Horowitz ne peut en aucun cas voter sur ce sujet.
Freige ne peut pas non plus voter contre l’amendement – à moins qu’il ne veuille démissionner de son poste ministériel – puisque les membres du cabinet ne peuvent pas voter contre un projet de loi parrainé par le gouvernement et rester en fonction. Il peut, toutefois, s’absenter lors du vote, ce qu’il fera vraisemblablement. On s’attend à ce que les autres législateurs du Meretz votent contre la prolongation ou s’abstiennent.
La décision du Meretz réduit les chances de la coalition de parvenir à un compromis sur l’amendement avec les membres de la Liste Arabe Unie. A défaut de majorité, la coalition devra obtenir un soutien élargi de la part des partis d’opposition, ou permettre à l’amendement d’expirer.
Si cela arrive vraiment, la portée de l’expiration sera limitée, parce que, en tant que ministre de l’intérieur, Shaked peut rejeter la demande de citoyenneté israélienne des Palestiniens. Au début de la semaine, Shaked a appelé les législateurs d’opposition à soutenir la loi, ou à tout le moins à s’abstenir, « s’ils ne veulent pas naturaliser immédiatement 15.000 citoyens palestiniens ».
Le débat sur l’amendement à la Commission d’ Entente de la Knesset a été reporté une fois encore à jeudi en raison du manque d’accord à l’intérieur de la coalition. La
commission est censée décider quelle commission va préparer le projet de loi en vue
des lectures ultérieures en plénière de la Knesset
Shaked et le Ministre de la Construction et du Logement, Zeev Elkin, coordonnent le traitement de celui-ci, et prévoient de le soumettre au vote de la plénière de la Knesset, même sans majorité, pour essayer d’accuser les législateurs du Likoud et l’opposition de le bloquer. C’est pourquoi la coalition demandera un vote par appel nominal.
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers