Photo : Marine Le Pen à la tribune, 22 avril 2012 © Rémi Noyon
Le ministre israélien des affaires de la diaspora, Amichai Chikli, a déclaré lundi à la radio Kan qu’il serait "excellent pour Israël" que Marine Le Pen soit présidente de la France, étant donné sa "position ferme" contre le Hamas, la Cour pénale internationale et l’antisémitisme. Les groupes juifs français, cependant, sont inconditionnellement opposés au parti de Mme Le Pen.
Le ministre, dont le portefeuille comprend la lutte contre l’antisémitisme dans le monde, a noté que Mme Le Pen était "le leader éminent qui a défilé avec la communauté juive lors de la marche contre l’antisémitisme, à laquelle Macron a choisi de ne pas participer".
Il s’est également dit impressionné par "sa position ferme contre le Hamas et en faveur du droit d’Israël à éradiquer le Hamas, ainsi que son soutien à Israël sur la question de la Cour pénale internationale (CPI)".
"Il serait excellent pour Israël que [Marine Le Pen] soit présidente de la France, dix points d’exclamation.
points d’exclamation. À mon avis, ce serait une bonne chose pour l’État d’Israël", a déclaré M. Chikli à M. Kan. Lorsqu’on lui a demandé si le premier ministre d’Israël partageait sa position, Chikli a répondu : "Il semble que [Netanyahu et moi] soyons du même avis. Il ne s’agit pas d’une question personnelle", ajoutant que le soutien à Mme Le Pen est basé sur ses positions concernant le Hamas, la CPI et "la lutte de la communauté juive contre l’antisémitisme".
M. Chikli a décrit sa rencontre avec Mme Le Pen, ancienne présidente du parti d’extrême droite français, le Rassemblement national, lors d’un grand rassemblement du parti d’extrême droite espagnol Vox à Madrid en mai. Au cours de la conférence, que Chikli a qualifiée de "très pro-israélienne", il a déclaré avoir parlé avec Mme Le Pen et avoir été "très impressionné par certaines des choses qu’elle a faites".
Chikli était l’orateur principal de la conférence et était assis au premier rang entre Santiago Abascal, leader de Vox, et Le Pen. Il a parlé au public de la menace que représente pour l’Europe ce qu’il appelle ses "politiques d’immigration inconsidérées" et les "ghettos remplis d’immigrants islamiques qui deviennent souvent des foyers de fanatisme religieux."
La semaine dernière, M. Chikli a publiquement fait l’éloge d’un discours prononcé par Jordan Bardella, président du Rassemblement national et protégé de Mme Le Pen, dans lequel il a déclaré que la solution des deux États était "obsolète" à la lumière des attaques menées par le Hamas le 7 octobre. Ce geste a constitué une rupture importante dans le boycott de longue date d’Israël à l’égard du parti du Rassemblement national et de son incarnation précédente, le Front national.
M. Bardella avait déclaré que malgré le soutien de la France à la solution des deux États au fil des ans, "cette position est devenue obsolète à la lumière des atrocités commises par le Hamas le 7 octobre". Il a également déclaré que "pour beaucoup de Français juifs, le Rassemblement national est un bouclier contre l’idéologie islamiste".
Le parti de Mme Le Pen a remporté le premier tour des élections législatives françaises dimanche, selon les sondages de sortie des urnes, mais les résultats définitifs seront plus clairs dans les jours qui suivent. Le CRIF, l’organe officiel de représentation juive de France et de nombreux autres groupes juifs s’opposent inconditionnellement à Mme Le Pen et à tout contact avec son parti.
Depuis des années, les ministres et les représentants officiels d’Israël à l’étranger ont reçu pour instruction d’éviter toute rencontre avec les membres du parti, à la fois en raison de sa nature d’extrême-droite, de ses antécédents d’antisémitisme et de négation de l’Holocauste, et par souci de coordination et de solidarité avec la communauté juive française.
Traduction : AFPS