Environ 15 000 personnes vivent en état de siège dans le nord de la Bande de Gaza, sans accès à la nourriture, à l’eau, aux hôpitaux et aux biens essentiels.
Depuis le 28 septembre les forces militaires israéliennes ont envahi la zone dans le cadre d’une offensive meurtrière ayant comme objectif de mettre la ville israélienne de Sdérot hors de portée des roquettes palestiniennes.
Les forces israéliennes contrôlent tous les mouvements pour entrer et sortir de Beit Hanoun, à l’est de la route Salah al-Din. L’accès aux zones de Tal al-Zatar et Glibo, à l’est du camp de réfugiés densément peuplé de Jabalya, est impossible en raison de la présence massive de chars sur le terrain.
Selon le bureau des Nations Unies pour les Affaires Humanitaires (OCHA), l’aide humanitaire reste extrêmement limitée dans ces zones, alors que de nombreuses personnes sont signalées sans eau et sans nourriture depuis plusieurs jours.
"De puis le 6 Octobre, nous considérons que la situation commence à devenir très grave" a déclaré Iyad Nasr de la Croix Rouge.
Manque de tout
Les gens souffrent d’un manque de nourriture, d’eau et de soins médicaux. La population n’a pas été autorisée à quitter les maisons pour s’approvisionner en nourriture et en biens essentiels depuis 9 jours. Ceci est bien sûr contraire à la 4ème Convention de Genève.
Selon la 4ème Convention de Genève, l’occupant doit permettre à la population civile d’accéder à la nourriture et aux biens essentiels, même si il considère comme nécessaire de restreindre ses mouvements. Si il ne le permet pas, il doit pouvoir lui-même aux besoins essentiels des populations, ou dans le moindre des cas permettre aux organisations humanitaires de remplir cette obligation.
"Ce que nous avons vu sur le terrain, est que l’occupant ne remplit aucune de ces obligations" a déclaré Nasr. Une agence de l’ONU travaillant dans la région envisage sérieusement un problème de famine dans la zone.
"C’est certainement déjà le cas", dit Nasr. "Quand on parle d’une moyenne de 7 à 10 personnes par famille, on ne peut pas imaginer qu’il y ait assez de nourriture dans une maison pour plus de 10 jours. Ils n’ont pas d’électricité, et donc ne peuvent pas conserver les aliments. Ils se retrouvent donc très vite à court".
Accès refusé
Ce qui aggrave le problème, c’est que la Croix Rouge n’a pas obtenu des israéliens la garantie de pouvoir accéder en toute sécurité à la zone concernée. L’ONU s’est vue, quant à elle, refuser toute autorisation d’accès. Les israéliens ont également interdit toute entrée dans la Bande de Gaza pour les organisations humanitaires internationales travaillant pour l’ONU depuis le 21 septembre.
L’armée israélienne a dit qu’elle avait établi une "route humanitaire" pour l’accès sécurisé des agences humanitaires. Mais selon Hamada Bayari de OCHA, la route est tout, sauf humanitaire. C’est une catastrophe et c’est très problématique. ICRC a recommandé à tout le monde de ne pas emprunter ce passage qui est très dangereux.
Nasr témoigne qu’une fois, l’équipe de l’IRCR, ainsi que des représentants des municipalités palestiniennes locales les accompagnant ont été pris pour cible alors qu’ils travaillaient à essayer de raccorder le réseau électrique à haute tension.
Des mesures désespérées
Nasr a dit également que les réseaux d’eau et d’électricité ont été fortement endommagés dans certains endroits, laissant les personnes démunies depuis plus de 10 jours.
Il a raconté l’histoire de la famille Abu Jasir qui a appelé en suppliant désespérant pour une aide. La famille comprenant plusieurs personnes dont un enfant, était sans une goutte d’eau. La mère n’avait plus de lait en raison du stress et du manque de nourriture. Le bébé de 6 mois était en état de déshydratation. Le Croissant Rouge Palestinien, une organisation sœur de la Croix Rouge, a pu leur fournir l’aide alimentaire nécessaire pour le bébé, seulement après plusieurs heures de négociation avec les autorités israéliennes et même après avoir essuyé des tirs.
"Nous avons envoyé une ambulance pour se rapprocher de chez eux. Quand nous avons eu l’autorisation des israéliens, l’équipe a quitté l’ambulance et a marché jusqu’à la maison. L’équipe était à environ 25m de la maison quand un tank a commencé à leur tirer dessus. Ils ont du se jeter par terre et ramper jusqu’à la maison", rapporte Nasr.
Une autre famille qui n’avait plus du tout d’eau a raconté boire l’eau des toilettes pour survivre. " Nous n’avons rien à manger, mais nous avions encore un peu d’eau jusqu’à hier au soir. Maintenant nous l’avons toute utilisée, même celle du réservoir des toilettes".
Nasr a rapporté que la Croix Rouge a été autorisé à se rendre dans quelques endroits pour distribuer de la nourriture et de l’eau à plus de 250 familles. Environ 7000 personnes supplémentaires ont besoin d’un aide immédiate.
Nous ne pouvons plus continuer à travailler dans ces conditions sans garantie de sécurité.
UNRWA -Communiqué de Presse No HQ/G/32/2004
7 octobre 2004,
Un convoi de l’UNRWA a apporté une première assistance humanitaire au nord de Gaza
Jérusalem- L’UNRWA a livré aujourd’hui de la nourriture et de l’eau à la moitié des 600 familles piégées dans leurs maisons à l’est du camp de Jabalya suite à l’incursion israélienne dans le nord de la Bande de Gaza.
Les 600 familles, environ 3.300 personnes, ont été totalement incapables de quitter leurs maisons depuis le début de l’opération militaire le 28 septembre 2004. La plupart des familles ont épuisé leur stock de nourriture et beaucoup d’entre elles n’ont plus ni eau ni électricité, les connexions ayant été coupées par les bulldozers.
La livraison a été facilitée par à un réel dialogue entre l’UNRWA et les officiers de liaison de l’armée israélienne. Grâce à cela, l’Agence a pu coordonner les déplacements d’un convoi de camions d’aide dans la zone sous contrôle de l’armée.
L’opération d’aujourd’hui a permis de livrer à 300 familles de la rue al-Sikka et de Tel Es Zatar, des colis de nourriture. L’UNRWA espère pouvoir accéder aux 300 autres familles restantes demain. Chaque colis contient 12 kg de lentilles, 5 kg de lait entier, 7 litres d’huile de tournesol, 60 boites de conserve de viande, poisson et légumes et un sac de pain frais. L’UNRWA a aussi emmené par camion 8.000 litres d’eau potable.
L’UNRWA remercie le « World Food Programme » pour son aide en fournissant le pain et l’huile