Le gouvernement français apporte un soutien de grande notoriété à une société israélienne qui tire profit des colonies construites sur les territoires syriens et palestiniens occupés en violation du droit international.
Ce mois-ci, Shufersat, la plus grande chaîne de supermarchés d’Israël parraine “So French So Food” (“Si français, Si nourriture” ) – 4ème semaine de la gastronomie française en Israël du 5 au 12 février- qu’elle affiche comme un “Festival d’arômes et de saveurs de France.”
L’initiative est co-organisée par l’Institut Français, la branche culturelle du gouvernement français, et Shufersal. Elle est aussi parrainée par la ville de Toulouse.
Pendant le mois, Shufersal fait massivement la promotion des produits français dans ses magasins.
Les documents de commercialisation et les étalages en magasin de Shufersal pour “So French So Food” déclarent que la campagne se fait en partenariat avec l’ambassade de France.
L’Intifada Électronique a confirmé que ces étalages sont bien utilisés dans les magasins de Shufersal dans les colonies de Cisjordanie .
La campagne de promotion fera aussi venir plus de deux dizaines de chefs et d’artisans français des métiers de bouche en Israël. Elle vise à aider les sociétés françaises, dont les dirigeants se rendront en Israël dans le cadre de l’initiative, à exporter leur produits.
Mais en appuyant cette initiative, le gouvernement français contribuera aussi à augmenter les profits d’une société qui exerce son activité à grande échelle dans les colonies israéliennes de la Cisjordanie et les Hauteurs du Golan syrien occupées.
Profiteur de la colonisation
Sur son site Internet, Shufersal énumère les emplacements de ses magasins dans les colonies en Cisjordanie d’Ariel, de Maaleh Adumim, de Gilo et du bloc de Gush Etzion.
Selon le groupe de recherche “Who Profits” (Qui tire profit), Yesh, une des chaînes de Shufersal de commerces de proximité, a des succursales dans nombre d’autres colonies.
Shufersal distribue aussi sous sa propre marque des produits manufacturés dans les colonies en Cisjordanie. Ceux-ci comprennent des produits des colonies d’Imanuel, de Mishor Adumim et de la Zone Industrialle de Barkan.
En mai 2015, Shufersal a lancé sa propre gamme de produits laitiers de marque fabriqués dans une colonie des Hauteurs du Golan syrien occupées par Israël, selon “Who Profits”.
Des photos prises cette semaine par un citoyen israélien et transmises à l’Intifada Electronique, prouvent que la promotion soutenue par la France a lieu dans les colonies de Cisjordanie construites en violant le droit international.
Les images montrent des étalages dans le magasin de Shufersal Marché au 17 Rue Tsviya ve Yitzhak à Gilo qui précisent de façon explicite que la promotion se fait “en partenariat avec l’Ambassade de France.”
En contradiction avec la politique française
Une source diplomatique française French a déclaré à l’Intifada Électronique que le “partenariat entre l’Ambassade de France en Israël et Shufersal concerne exclusivement la campagne de promotion, en Israël, des produits français et de notre gastronomie à l’occasion de la semaine de la gastronomie française.”
“Cela ne constitue certainement pas un soutien à la colonisation, une question sur laquelle la position française est claire et constante,” a ajouté la source.
Cependant, il n’en reste pas moins que la campagne de promotion a lieu dans les colonies de Cisjordanie, que la France ne considère comme “en Israël.”
La France était une des forces dominantes à l’origine de la norme récemment annoncée de l’Union Européenne disant que les produits des colonies ne doivent plus être étiquetés comme “Produit en Israël.”
Et tandis que le discours du gouvernement français dit une chose, sa promotion d’un important profiteur de la colonisation semblerait violer ses propres politiques de longue date, ainsi que constituer une approbation des violations flagrantes par Israël des droits des Palestiniens.
En 2014, la France a mis en garde ses citoyens et ses sociétés contre le fait de faire des affaires avec les colonies israéliennes dans les territoires occupés. Le gouvernement a déclaré que les sociétés pouvaient s’exposer à des poursuites liées au “sol, à l’eau, aux ressources minérales et aux autres ressources naturelles” de même qu’à “des risques pour leur réputation”.
En fait, les sociétés françaises qui participent à la campagne de promotion de “So French So Food” pourraient trouver que leur réputation en souffre aussi – mais comme un résultat des actes du gouvernement français.
Elles comprennent la société de publicité JCDecaux, la marque de vodka française Grey Goose et les chocolatiers de Toulouse Bello & Angeli, parmi d’autres.
“Tirer profit du vol par Israël”
Dans un rapport historique le mois dernier, “Human Rights Watch” (Observatoire des Droits de l’Homme) a appelé toutes les sociétés à mettre un terme définitif à leurs activités commerciales dans les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem.
“Les entreprises des colonies contribuent inévitablement aux politiques israéliennes qui dépossèdent les Palestiniens et qui sont durement discriminatoires envers eux, tout en profitant du vol par Israël des terres et des autres ressources des Palestiniens,” a déclaré Arvind Ganesan, le directeur de la division du commerce et des droits de l’homme du groupe basé à New-York. “La seule manière pour les entreprises de se conformer à leurs responsabilités en matière de droits de l’homme est de cesser de travailler avec et dans les colonies israéliennes.”
Selon “Human Rights Watch”, des sociétés comme Shufersal sont essentielles à l’entreprise de colonisation : elles rendent les colonies plus viables en fournissant des emplois, en payant des impôts aux municipalités de colonisation et en apportant des services et une infrastructure aux colons.
Au cours des deux dernières années, un certain nombre de fonds de pension internationaux ont retiré entièrement leurs placements de cinq importantes banques israéliennes, en raison des activités de celles-ci dans le soutien aux colonies israéliennes.
Ces décisions sont significatives parce qu’elles créent un précédent selon lequel les affaires des banques liées aux colonies ne peuvent être séparées de leurs autres activités.
La même chose peut être faite au sujet de Shufersal, qui exploite un réseau et fournit une chaîne qui associe entièrement ses activités de vente au détail établies dans les colonies et ses activités de fabrication. Par conséquent, en faisant la promotion et en étant partenaire de Shufersal, le gouvernement français est complice des colonies auxquelles il affirme s’opposer.
Dans son rapport, “Human Rights Watch” a aussi demandé au gouvernement des sanctions envers Israël au sujet des colonies.
Mais le gouvernement français semble se diriger dans l’autre direction.
Tout en diffamant, menaçant et réprimant ses propres citoyens qui plaident pour les droits des Palestiniens, la France soutient un important profiteur de la colonisation au nom du peuple français.
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers