Photo : Porte-conteneurs de Maersk, 2020 © Alexandre Prévot
Maersk va rompre ses liens avec les entreprises liées aux colonies israéliennes illégales en Cisjordanie occupée, a déclaré le géant danois du transport maritime.
Cette décision fait suite à plusieurs mois de pression exercée par des militants sur Maersk au sujet de questions liées à la Palestine.
Ses expéditions ont fait l’objet d’une surveillance étroite dans le cadre d’une campagne internationale menée par le Mouvement de la jeunesse palestinienne (Palestinian Youth Movement - PYM), une organisation citoyenne. Le groupe s’est principalement concentré sur les expéditions de Maersk liées aux ventes militaires étrangères des États-Unis, mais le PYM a également enquêté sur le transport de marchandises provenant d’entreprises liées aux colonies.
Une déclaration publiée sur le site web de Maersk en juin 2025 indique : « À la suite d’un récent examen des transports liés à la Cisjordanie, nous avons encore renforcé nos procédures de contrôle en ce qui concerne les colonies israéliennes, notamment en alignant notre processus de contrôle sur la base de données du HCDH répertoriant les entreprises impliquées dans des activités dans les colonies. »
La base de données du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) répertorie les entreprises impliquées dans diverses activités liées aux colonies, telles que la fourniture de services, d’équipements ou d’opérations financières qui soutiennent les colonies illégales.
Lorsqu’on lui a demandé plus de détails sur sa décision, Maersk a renvoyé Al Jazeera à la déclaration publiée sur son site web. On ne sait pas exactement avec quelles entreprises Maersk avait des liens, ni combien elles étaient.
Israël a construit plus de 100 colonies dans toute la Cisjordanie occupée, qui abritent quelque 500 000 colons. Ces colonies, illégales au regard du droit international, vont de petits avant-postes à des communautés plus importantes dotées d’infrastructures modernes.
« Cela envoie un message clair à l’industrie mondiale du transport maritime : le respect du droit international et des droits humains fondamentaux n’est pas facultatif. Il n’est plus viable de faire des affaires avec les colonies illégales d’Israël, et le monde entier observe pour voir qui suivra », a déclaré Aisha Nizar, de PYM.
Mais elle a appelé à prendre des mesures supplémentaires, arguant que Maersk continue de transporter des marchandises pour l’armée israélienne, notamment des composants de ses avions de combat F-35.
« Maersk continue de tirer profit du génocide de notre peuple en transportant régulièrement des composants de F-35 utilisés pour bombarder et massacrer les Palestiniens », a déclaré Mme Nizar. « Nous continuerons à faire pression et à mobiliser la population jusqu’à ce que Maersk rompe tous ses liens avec le génocide et mette fin au transport d’armes et de composants d’armes vers Israël. »
L’année dernière, l’Espagne a interdit aux navires de Maersk transportant des marchandises militaires vers Israël d’utiliser ses ports.
Au début du mois, PYM a révélé comment Maersk utilisait le port de Rotterdam comme maillon essentiel de ce qu’il a qualifié de « chaîne d’approvisionnement de la mort ».
Malgré une décision de justice néerlandaise interdisant aux Pays-Bas d’exporter des pièces détachées pour les F-35 vers Israël, Rotterdam a continué à jouer un rôle dans le programme F-35 d’Israël, selon le rapport.
En réponse à ces conclusions, Maersk a déclaré à Al Jazeera qu’elle appliquait une politique stricte de non-transport d’armes ou de munitions vers les zones de conflit actif et qu’elle effectuait des vérifications préalables, en particulier dans les régions touchées par des conflits actifs, notamment Israël et Gaza, et adaptait ces vérifications au contexte changeant.
Elle a toutefois confirmé que sa filiale américaine, Maersk Line Limited, était l’une des « nombreuses entreprises soutenant la chaîne d’approvisionnement mondiale du F-35 » en fournissant des services de transport.
Traduction : AFPS