A l’invitation du groupe AFPS Paris-Centre, environ 170 personnes sont venues ce mardi soir 6 février au FIAP (Paris) pour assister à la projection du film de Shai Pollak, « Bil’in mon amour ».
La soirée commence bien. De fait, il y a dans la salle, hormis des militants de la cause palestinienne, beaucoup de visages nouveaux, beaucoup de gens venus découvrir à travers ce film une partie de la réalité palestinienne.
Shai Pollak, le réalisateur israélien, Wagee et Rani, père et fils, membres du comité du village sont là. Wagee est armé de sa flûte de berger et Rani sourit dans son fauteuil de paralytique qu’il ne quittera plus, comme ne le quittera sans doute pas le souvenir de la balle israélienne qui l’a assis pour toujours.
Pourquoi flotte-t-il comme un air de fête dans cette salle ? Peut-être grâce à l’image de Shai et Wagee, allant bras dessus bras dessous d’un groupe à l’autre, plus probablement grâce au sourire timide mais têtu de Rani, un jeune homme debout en dépit des apparences.
Le film commence. Bien sûr, il y a la litanie des méfaits de la soldatesque israélienne qui charge des manifestants pacifiques, les asperge de bombes lacrymogènes, de balles en plastique. Il y a ces policiers israéliens déguisés en manifestants palestiniens qui lancent des pierres vers les soldats, ce qui donne le signal de l’assaut. Ces mêmes policiers se détachent alors de la foule, emportant brutalement, tels des trophées, des hommes qu’on internera, qu’on maintiendra en détention administrative, après leur avoir volé leurs terres.
Mais il y aussi la présence de ces internationaux, ces israéliens dont la présence endigue quelque peu la brutalité des soldats. Il y a l’humour. Mohamed El Khatib raconte ainsi comment il a été intrigué de voir débouler ces jeunes Israéliens, dépenaillés, sales. Il a appris à travailler avec eux et il s’est mis à leur ressembler au point d’avoir « oublié » de se laver durant une semaine.
Il y a Wagee haranguant ses chèvres et leur demandant de manifester sur ses mots d’ordre : « Sharon, tu vaux moins que mes chaussures ».
Il y a l’émotion. Le fils de Mohamed demande à Shai la différence entre « je t’aime » et « je t’aime bien ». « je t’aime » est plus fort que « je t’aime bien », lui dit Shai. Alors, je t’aime, Shai, lui dit l’enfant. Je t’aime aussi, répond Shai, comme j’aime Bil’in, la Palestine et les Palestiniens.
Après la projection, un débat s’est instauré avec la salle. Ce débat a montré l’immense élan de sympathie des spectateurs qui ne connaissaient pas l’histoire de ce village.
« Que peut-on faire ? » a été la question la plus fréquente.
Une proposition a été faite par S. Hessel. « Pourrait-on envisager que des Palestiniens vendent des terres à des Européens amis ? Ces Européens rétrocéderaient ensuite leurs droits à des Palestiniens. Ils pourraient construire des habitations sans que la justice israélienne puisse s’y opposer... »
« Impossible, répond Wagee. Vendre la terre, même pour de bons motifs, est exclu aujourd’hui. D’ailleurs, les autorités palestiniennes l’interdisent parce que des gens ont utilisé ce biais pour vendre leurs propriétés à des Israéliens. »
La soirée s’est close sur le rappel de la tenue de la deuxième conférence internationale à Bil’in, du 18 au 20 avril prochain et une invitation à y assister en nombre. Beaucoup de participants ont manifesté leur intérêt.
Brahim SENOUCI