“Tout est dans les mains de Dieu maintenant, elle est en train de mourir, nous ne pouvons plus rien pour elle sinon nous assurer qu’elle a tous les soins et toute l’attention que nous pouvons lui donner. » dit un médecin.
Pourtant Farha n’avait plus qu’un seul souhait, voir ses fils détenus avant de mourir. « Je veux les voir avant de mourir, je veux voir Nael et Omar vant de rencontrer mon créateur » dit - elle.”
Les deux fils de Farha ont été arrêtés en 1978 après que l’armée israélienne les a accusés d’avoir tué un pilote israélien. Ils sont tous deux emprisonnés dans la prison d’Ashkelon [1].
Nael n’a jamais été relâché depuis son arrestation en 1978, mais son frère Omar fut libéré en 1985, puis ré-arrêté et il a retrouvé son frère derrière les barreaux.
Farha n’avait jamais perdu espoir qu’un jour elle reverrait ses fils emprisonnés avant sa mort. Elle en a appelé à l’Autorité Palestinienne afin qu’une visite soit arrangée pour qu’elle voie ses fils une dernière fois.
Elle avait réussi à rendre visite à Omar il y a environ 6 ans mais n’avait jamais pu voir Nael “à cause des dangers qu’il pose pour la sécurité !”
Le 14 avril 2005, la mère fut amenée dans une ambulance de l’ hôpital au centre de détention d’Ashkelon où se trouvent ses deux fils.
Nour Amer, l’épouse d’un prisonnier palestinien, Jasser Amer, qui détient une carte d’identité de Jérusalem, accompagnait la mère.
“Elle n’arrêtait pas de dire : « Pourvu que je les voie une dernière fois avant de mourir » dit Nour .
“Quand nous sommes arrivées au check-point d’ Ofer une ambulance israélienne nous a amenées à la prison d’Askelon [2], mais l’état de santé de Farha s ’est détérioré en chemin et je me disais, « elle n’y arrivera pas » et j’ai prié qu’elle puisse voir ses fils avant de mourir”, ajouta Nour .
Quand l’ ambulance arriva au centre de détention d’ Ashkelon les soldats ne laissèrent pas entrer Nour mais quand ils comprirent quel était l’état de la mère et qu’elle avait besoin d’aide, ils autorisèrent Nour à entrer, car Farha n’y serait pas arrivé, elle ne pouvait marcher seule.
Les deux frères furent informés de la visite de leur mère mourante seulement une demi-heure avant l’arrivée de l’ambulance.
La mère n’arrivait pas à croire que seules quelques minutes la séparaient de ses fils emprisonnés, une poignée de minutes la séparaient des retrouvailles, pour la dernière fois avant qu’elle meure.
Quand les deux frères furent amenés dans le parloir, quand ils la virent, ils se mirent à pleurer et crier : “O mère chérie, ô mère chérie”, et tombèrent à genoux, embrassant les mains et les pieds de leur mère mourante qui, malgré sa mauvaise santé, avait traversé toutes les difficultés pour les revoir.
« Vraiment, cela a été le moment le plus tragique et empli d’émotion que j’ai vécu dans toute ma vie » raconta Nour.
« Dieu merci, grâce à Allah, » dit la mère, « je vous ai vus, mes fils chéris, avant de mourir ». L’émotion ne faisait pas pleurer les fils seulement, toutes les personnes, visiteurs et détenus, présents dans la pièce pleuraient aussi.
Les deux fils dirent adieu à leur mère, heureux de l’avoir vue mais désolés, sachant qu’ils ne seraient pas présent à ses funérailles et qu’ils ne pourraient pas l’embrasser sur le front une dernière fois avant qu’elle soit enterrée.