Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou (à droite) et son ministre des finances, Youval Steinitz. © Jack Guez / AFP
Quel est le budget exact consacré par le gouvernement israélien au développement des colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est ? La question est régulièrement posée et les réponses sont parfois surprenantes. Le 12 novembre, Steinitz, l’actuel ministre israélien des Finances, interviewé par Galei Israël - "les ondes d’Israël" -, une station de radio régionale destinée aux colons de Cisjordanie, a voulu convaincre ses auditeurs que Benyamin Netanyahou, le Premier ministre, avait fait pour eux bien plus qu’on ne le sait. À deux semaines des primaires du Likoud, c’était important.
Sans s’embarrasser de précautions oratoires, Youval Steinitz a donc expliqué que, de 2009 à aujourd’hui, le gouvernement avait doublé la part du budget de l’État allouée aux colonies. "Nous l’avons fait en gardant profil bas... En silence, afin que des éléments en Israël et à l’étranger ne viennent pas contrecarrer nos initiatives." Et de donner des exemples : la subvention de trois centres culturels en Judée et Samarie (la Cisjordanie), plus précisément dans les municipalités d’Ariel, Maaleh Adoumim et Kyriat Arba, ainsi que de colonies de la vallée du Jourdain et de la communauté juive de Hébron. Et comme on n’est pas bienfaiteur pour rien, cette même journée, Youval Steinitz recevait une distinction du mouvement des implantations pour sa contribution à leur développement.
"Annexion rampante des territoires palestiniens"
Relayés par le quotidien indépendant Haaretz, ces propos n’ont provoqué aucun scandale. Si ce n’est un éditorial au vitriol du même journal. Intitulé "Comme un voleur dans la nuit", le texte accusait Steinitz d’être le ministre des Finances, non pas de l’État d’Israël, mais de la Judée et de la Samarie : "Steiniz, dans sa tentative de plaire à son électorat, a reconnu que la vraie politique de ce gouvernement est l’annexion rampante des Territoires palestiniens et que la méthode pour parvenir à cet objectif est d’abuser le public israélien. C’est impardonnable. Le fait que bien après, dans le cadre d’une campagne électorale, un des principaux ministres se vante d’avoir agi comme un voleur dans la nuit est une insulte aux citoyens de ce pays et une honte pour le gouvernement..."
Reste que, si les Israéliens souhaitaient connaître les dépenses du cabinet Netanyahou en matière de colonisation, ils n’avaient pas besoin d’attendre les révélations radiophoniques de Youval Steinitz. Le 30 juin dernier, le supplément économique du quotidien populaire Yediot Aharonot a publié un dossier fourni à ce sujet. On y apprend, entre autres, qu’en 2011 ces dépenses ont augmenté de 38 %, alors que l’augmentation du budget de l’État n’a été que de 2,7 %. Sur la période qui va de 1992 à 2011, l’ensemble des sommes versées aux colonies se monte à 27 milliards de shekels (5,5 milliards d’euros). Soit la quasi-totalité du budget de l’État alloué sur dix ans au développement du réseau ferroviaire et routier pour l’ensemble du pays. Même en période de crise, il est des priorités auxquelles Benyamin Netanyahou et Youval Steinitz ne sauraient renoncer.