Photo : Altercation entre un villageois palestinien de Bil’in et un soldat israélien envoyé contrôler la manifestation hebdomadaire, 2006 © delayed gratification
Le plus haut responsable des droits humains des Nations unies a mis en garde contre l’aggravation de la situation des Palestiniens en Cisjordanie occupée et contre "les morts et les souffrances inadmissibles" dans la bande de Gaza.
"La situation en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, se détériore considérablement", a déclaré Volker Turk au Conseil des droits de l’homme des Nations unies, à Genève, mardi.
Il a déclaré que 528 Palestiniens, dont 133 enfants, ont été tués par les forces militaires israéliennes ou des colons depuis le début de la guerre actuelle contre Gaza, en octobre, jusqu’au 15 juin, "ce qui, dans de nombreux cas, soulève de sérieuses inquiétudes quant à l’existence d’exécutions illégales".
Au cours de la même période, 23 Israéliens ont été tués lors d’affrontements avec des Palestiniens en Cisjordanie et en Israël, dont huit membres des forces de sécurité, selon le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme.
Il y a deux semaines, M. Turk a déclaré que les habitants de la Cisjordanie étaient "soumis jour après jour à une effusion de sang sans précédent".
Il s’est exprimé alors que l’armée israélienne a arrêté au moins cinq Palestiniens lors de l’assaut de plusieurs villes et villages dans les gouvernorats de Ramallah et d’El-Bireh en Cisjordanie, selon l’agence de presse palestinienne Wafa, qui a également fait état d’une attaque de colons contre des terres agricoles palestiniennes dans le village de Yasuf, à l’est de Salfit.
Dans la nuit, les forces israéliennes ont arrêté des dizaines de Palestiniens à Qusrah, près de Naplouse, également en Cisjordanie, et les ont emmenés dans une école où ils ont été détenus et interrogés, selon Wafa.
Les forces israéliennes ont arrêté en moyenne 35 Palestiniens par jour depuis le début de la guerre. Au 1er juin, 9 112 Palestiniens étaient emprisonnés dans les prisons israéliennes, soit près du double du nombre de Palestiniens emprisonnés au 1er octobre, selon les décomptes effectués par les groupes de prisonniers palestiniens.
M. Turk a également déclaré aux 47 membres du Conseil qu’il était "consterné" par le mépris des droits humains internationaux et du droit humanitaire à Gaza, où "il y a eu des morts et des souffrances inadmissibles".
"Plus de 120 000 personnes à Gaza, en grande majorité des femmes et des enfants, ont été tuées ou blessées depuis le 7 octobre à la suite des offensives israéliennes intensives", a déclaré le responsable.
"Depuis qu’Israël a intensifié ses opérations à Rafah au début du mois de mai, près d’un million de Palestiniens ont été déplacés de force une fois de plus, tandis que l’acheminement de l’aide et l’accès humanitaire se sont encore détériorés."
Plus de 37 000 personnes ont été tuées et plus de 85 400 blessées dans la guerre d’Israël contre Gaza depuis le 7 octobre, a déclaré mardi le ministère de la santé de l’enclave palestinienne. Le bilan révisé des attaques menées par le Hamas contre le sud d’Israël s’élève à 1 139 morts en Israël et des dizaines de personnes sont toujours retenues en captivité à Gaza.
M. Turk s’est déclaré "extrêmement préoccupé par l’escalade de la situation" entre Israël et le groupe libanais Hezbollah, alors qu’au moins 401 personnes au Liban auraient été tuées dans les combats, y compris des secouristes et des journalistes.
Plus de 90 000 personnes ont été déplacées au Liban, plus de 60 000 en Israël et 25 Israéliens ont été tués.
La mission permanente d’Israël auprès des Nations unies à Genève a accusé M. Turk d’avoir "complètement omis la cruauté et la barbarie du terrorisme" dans son discours au Conseil.
M. Turk a également indiqué que les conflits mondiaux avaient tué trois fois plus d’enfants et deux fois plus de femmes en 2023 qu’au cours de l’année précédente, le nombre total de morts civiles ayant augmenté de 72 %.
Les parties belligérantes "dépassent de plus en plus les limites de l’acceptable - et du légal", a-t-il déclaré au Conseil.
"Les meurtres et les blessures de civils sont devenus quotidiens. [...] On tire sur les enfants. Des hôpitaux bombardés. Des tirs d’artillerie lourde sur des communautés entières. Le tout accompagné d’une rhétorique haineuse, clivante et déshumanisante".
Tout en évoquant d’autres conflits, notamment en Ukraine, en République démocratique du Congo, au Soudan et en Syrie, il a fait remarquer que les fonds destinés à aider le nombre croissant de personnes dans le besoin diminuaient.
"À la fin du mois de mai 2024, l’écart entre les besoins de financement humanitaire et les ressources disponibles s’élève à 40,8 milliards de dollars", a déclaré M. Turk, ce qui contraste avec "près de 2,5 billions de dollars de dépenses militaires mondiales en 2023".
Traduction : AFPS