Ce qui s’est passé ces dernières semaines à Gaza et Ramallah a laissé perplexes de nombreuses personnes.
Qu’est-ce qui était authentique et qu’est-ce qui relevait de la manipulation ? Et s’il s’agissait d’une mise en scène, qui était derrière ? Pour quoi ? Pour qui ? Qui sont les joueurs-clé dans ce jeu politique ?
- (©Amjad Rasmi, in {Arab News}, du 23 juillet 2004.)
- Les Palestiniens "en mouvement" pour résoudre leur crise interne.
Il est possible d’identifier plusieurs des joueurs les plus visibles, mais ceux qui sont en coulisse ? S’agit-il vraiment d’une affaire interne aux Palestiniens ? Quel a été le rôle de l’Egypte, des Etats-Unis et plus encore d’Israël ? Qui se cache derrière l’attentat contre l’ancien ministre Nabil Amer, que l’on opère actuellement en Allemagne de blessures qui entraînent l’amputation d’une jambe ? Finalement, quelle devrait être la position de l’opinion publique palestinienne et des partis dans le corps politique en Palestine ?
Il ne fait pas de doute que ce qui s’est passé à Gaza puis à Ramallah fait partie d’une lutte de pouvoir interne aux Palestiniens, plus particulièrement à l’intérieur du parti au pouvoir, le Fatah.
Certains des joueurs connus dans cette lutte sont le dirigeant du mouvement, Yasser Arafat, Ahmed Qurai (Abu Ala’a), membre du comité central du Fatah et Mohammed Dahlan, membre du conseil révolutionnaire. La lutte entre les anciens et les jeunes dirigeants du Fatah apparaît aussi clairement.
Depuis sa création, en 1966, le Fatah n’a connu que cinq assemblées générales, la dernière en 1976. Les tentatives du jeune dirigeant local du Fatah, Marwan Barghouti, de préparer le sixième congrès, ont été anéanties par son arrestation par les Israéliens il y a deux ans.
Alors que l’appel à des élections est le cheval de bataille de nombre des jeunes dirigeants, les anciens semblent se battre entre eux pour des postes et du pouvoir plutôt que de favoriser un processus démocratique pour le mouvement dans son ensemble.
La notion de corruption est aussi un sujet de discussion majeur bien qu’il n’y ait pas d’accord sur sa nature : est ce une réelle question de discorde ou plutôt une question qui engendre facilement l’émotion ?
L’un des conflits les plus visibles est lié aux forces de sécurité palestiniennes, en grande partie composées de cadres du Fatah. Ceux ci sont des soldats et officiers de longue date et de jeunes cadres du Fatah issus de l’Intifada. Les premiers se battent pour des titres, des grades et de l’influence, les autres pour une certaine influence et, dans de nombreux cas, pour un poste qui peut leur garantir un salaire mensuel régulier.
Le Hamas et les autres groupes et factions ont été globalement marginalisés. Ils ont exprimé publiquement leur politique de non ingérence, mais il est clair qu’ils sont préoccupés par les effets à long terme que ce conflit interne aura sur l’orientation palestinienne en général.
Les Etats-Unis, l’Egypte et même Israël ont exprimé les mêmes positions globales bien qu’il ne fasse aucun doute qu’ils espèrent l’affaiblissement d’Arafat et l’émergence d’une direction plus flexible et plus " pragmatique " pour les Palestiniens.
Il y a, parmi les Palestiniens, de nombreux optimistes qui espèrent que ce combat interne engendrera un processus qui puisse mener à la réforme à l’intérieur du mouvement national palestinien. D’autres considèrent que le grand perdant, dans toute cette lutte, c’est le peuple palestinien lui même, qui semble avoir raté l’occasion de capitaliser la décision historique de la Cour internationale de justice concernant le Mur et la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies qui a suivi.
La vérité sur ce qui se passe derrière les portes closes de la Muqata’a, de Gaza et à l’intérieur du Fatah n’arrive pas aux oreilles du peuple palestinien. Puisque ce mouvement a assumé la lourde tâche de mener le combat des Palestiniens, d’en organiser le gouvernement et la sécurité, l’opinion publique palestinienne a le droit de savoir ce qui s’est passé afin d’en comprendre les conséquences.
Texte écrit le 30 juillet 2004.