La campagne Tour de France 2022 a confirmé ce qu’on pouvait déjà constater les deux années précédentes, le Tour de France cycliste est peut-être une des meilleures tribunes pour les défenseurs du droit national des Palestiniens.
L’AFPS a été à l’origine de cette mobilisation contre le blanchiment des crimes d’Israël par le cyclisme. Elle en reste, aujourd’hui à la pointe, mais nous ne pouvons que constater et nous réjouir que cette mobilisation s’étende, en France et ailleurs dans le monde. On l’a vu cette année, avec la spectaculaire action menée par les militants et militantes danois à l’occasion du départ à Copenhague, puis par les actions en Belgique par nos amis belges. En France d’autres organisations du mouvement de solidarité se sont associées aux actions de l’AFPS. Au Canada, plus récemment, le patron de l’équipe Sylvan Adams a été pacifiquement, mais énergiquement, interpellé par des militants.
Les groupes locaux de l’AFPS ou des militants AFPS ont organisé 16 interventions sur les 18 étapes françaises du Tour entre les 3 et 24 juillet 2022. Dans un tiers des cas les manifestations ont été organisées avec des collectifs partenaires, voire avec une union locale CGT ou d’autres organisations. Les groupes qui ont mené des actions sont les afps 59/62, Villeneuve d’Ascq, Lorraine Sud, Albertville, Chambéry, Haute-Savoie, Lyon, Saint-Etienne, Metz, Gers, Pau, Nanterre, Paris-Sud et le Comité France Palestine de Rueil et Suresnes.
La mobilisation a été quasi spontanée. Il a suffi d’un appel en juin pour que les actions s’organisent. On peut désormais considérer que le pli est pris et que le Tour est devenu un rendez-vous naturel des militants pour la Palestine.
Dans leur grande majorité les actions se sont déroulées sans tension avec les forces de police. Hormis une entrave au droit de manifestation avec immobilisation des militants le 24 juillet à Paris, un contrôle d’identité à Nanterre et Albertville et une dérisoire tentative de censure de banderole à Hellemmes, les groupes AFPS n’ont pas fait état de difficultés.
Les formes de l‘action militante ont été dictées par le choix du lieu d’intervention. Très souvent les interventions se sont faites sur le parcours de la course et on ne compte que deux actions sur les lieux de départ ou d’arrivée, trois si on intègre une action sur la plage de Calais. Sur le parcours d’une étape de petits groupes de militants déploient banderoles et drapeaux mais la distribution de tracts se limite souvent au public proche. Les départ et arrivée d’étapes rassemblent plus de militants et les distributions sont plus massives. Mais c’est souvent là que s’exprime le zèle policier et la liberté de mouvement s’en ressent. Dans tous les cas, l’attente de l’arrivée des coureurs au milieu du public favorise le contact.
Cette année, les actions ont été inscrites dans un contexte nouveau provoqué par la guerre en Ukraine. Les instances sportives internationales (CIO et UCI, en particulier) ont décidé de prendre des sanctions très lourdes contre les sportifs russes en réaction aux violations du droit et aux crimes commis par la Russie contre le peuple ukrainien. Pour les cyclistes, ces sanctions se sont traduites par l’exclusion de neuf équipes cyclistes russes et bélarusses de toute compétition internationale. Sanctionner, sur le plan sportif, les crimes de la Russie et n’appliquer aucune sanction à Israël qui commet, depuis plus de 70 ans, des crimes aussi graves contre le peuple palestinien, est apparu à beaucoup comme une injustice insupportable qu’il convenait de dénoncer. Pour cela, l’AFPS, avec BDSF a décidé de demander, à l’UCI d’exclure l’équipe Israël Premier Tech, comme elle avait exclu les équipes russes et bélarusses. L’objectif n’était donc plus seulement l’information du public sur les crimes de l’apartheid israélien et la dénonciation de l’opération de blanchiment par le sport cycliste. La nouvelle stratégie approuvée et décidée par le Conseil national de l’AFPS consistait également à demander l’exclusion de l’équipe Israël Premier Tech du Tour de France et des compétitions internationales.
Hormis les manifestations spectaculaires la censure télévisuelle frappe toute action revendicative sur le Tour. Pourtant la visibilité des actions pour la Palestine est attestée par une, voire deux évocations dans la presse nationale. Aujourd’hui en France, déclinaison nationale du Parisien, évoque le 18 juillet « ces drapeaux palestiniens aperçus à plusieurs reprises ». Et dans une interview du 24 juillet au JDD Sylvan Adams se désole : « Mon expérience me fait dire que nous avons plus d’amis que d’opposants. Simplement ces derniers sont très bruyants. » Rien n’interdit de penser que les bruyants perturbateurs sont les militants qu’il a vu sur le Tour qui vient de s’achever.
Dès à présent nous pouvons envisager la campagne du Tour 2023.
Pourquoi ne pas élargir la mobilisation des groupes AFPS en multipliant les manifestations à vélo dans les villes hors parcours du Tour ? Et pourquoi ne pas dénoncer la complicité de l’entreprise canadienne Premier Tech avec la tentative de blanchiment de l’apartheid ? Premier Tech finance et associe son nom à l’équipe de Sylvan Adams, elle mérite bien un rappel à ses responsabilités.