Pour la première fois en 34 ans, l’Etat libanais semble déterminé à adopter la cause du combattant Georges Ibrahim Abdallah. La Présidence de la République, le Ministère des Affaires étrangères et la Sécurité générale coopèrent pour faire pression sur les autorités françaises afin qu’elles libèrent Georges Ibrahim Abdallah, dans le cadre de la visite d’Emmanuel Macron au Liban en février.
Le combattant Georges Ibrahim Abdallah n’est pas seulement victime de la domination de la politique américaine et israélienne sur la France. Sa souffrance inclut également la manière dont l’État libanais a traité cette question.
34 ans après l’arrestation d’Abdallah, l’État libanais n’a manifesté aucun intérêt sérieux à exiger qu’il soit libéré de sa cellule de la prison de Lannemezan, dans les Pyrénées ; même après que la Chambre d’application des peines a décidé de le libérer en 2013, le parquet français s’est abstenu d’appliquer la décision sous la pression américaine.
Le Liban a accepté les abus français odieux et complaisants avec Washington, et est resté indifférent au fait que la peine infligée à Abdallah a pris fin en 1999 et que depuis, neuf demandes de libération conditionnelle ont été soumises.
C’est un manque de détermination et de responsabilité de l’État quant à ses priorités et sa vision des Libanais à l’étranger qui est dû à la faiblesse de la position du Liban vis-à-vis des pays occidentaux et de l’absence de politique étrangère.
Le résultat fut que Georges, "le fils du FARL", est devenu un détenu politique privé de sa liberté en violation flagrante de la Charte des droits de l’homme.
L’insolence est que les auteurs des violations des droits de Georges Abdallah sont les États-Unis d’Amérique, la France et le reste de la "communauté internationale", qui portent des bannières "droits de l’homme", "démocratie" et "liberté" et avec lesquelles ils se donnent bonne conscience.
Ils placent leurs pays dans une position plus haute que les pays du tiers monde, se donnant le droit de donner des conférences morales au reste de l’humanité sur la nécessité d’adhérer à ces "valeurs" qu’ils négligent eux-mêmes en Palestine, au Yémen, en Syrie, à Cuba, au Venezuela et contre les Libanais du monde entier.
Malgré tous ces manquements, de nouveaux indicateurs apparaissent, indiquant l’adoption officielle par le Liban de la question de Georges Abdallah. Cette nouvelle décision émane du président de la République, le général Michel Aoun, assisté du ministre des Affaires étrangères et des Emigrés, Gibran Basil, et du directeur général de la Sécurité générale, le major général Abbas Ibrahim.
L’objectif est d’obtenir la libération d’Abdallah, conjointement avec la visite du président français Emmanuel Macron au Liban en février.
Actuellement, la pression monte pour "faire en sorte que la question de Georges Abdallah soit un élément clé des discussions bilatérales entre Aoun et Macron". De la même façon, lors de sa précédente visite d’Etat à Paris, Aoun avait évoqué le problème. "Mais la réponse officielle et claire de l’administration française était que la France est soumise à la pression des États-Unis et d’Israël."
Photo : Al-Akhbar / rapport de Lia al-Qazi lundi 17 décembre 2018
Traduction : Moncef Chahed pour l’AFPS