Amir Peretz a été rendu responsable de la défaite israélienne au Liban, raison pour laquelle il aurait échoué à l’élection de secrétaire général du Parti travailliste. Qu’en est-il selon vous ?
Disons plus précisément qu’Amir Peretz est tenu pour l’un des responsables - en raison de ses fonctions de ministre de la Défense - de la conduite désastreuse de la guerre contre le Hezbollah. Si désastreuse que le bilan des combats a été présenté comme une victoire par le Hezbollah et qu’il est vécu comme une défaite par les Israéliens.
En réalité, le divorce entre Peretz et l’armée était prévisible dès le moment où il a pris ses fonctions. L’armée s’est montrée d’emblée très réticente à sa désignation en raison de son passé militaire modeste. Le plus haut grade qu’il ait obtenu est celui de capitaine. Dans un pays où les généraux à la retraite font de brillantes carrières politiques et où l’armée a l’habitude d’être représentée au gouvernement par l’un des siens, Peretz, c’est le moins qu’on puisse dire, n’inspirait pas confiance aux militaires, avec son passé de syndicaliste sans expérience politique et militaire substantielle.
Par la suite, lorsqu’il s’est retrouvé confronté à la décision de mener une guerre, le résultat s’est révélé désastreux. Ses hésitations, ses difficultés à prendre des décisions et ses erreurs stratégiques sont très vite apparues. De même que son inaptitude à remplir une fonction de cette importance. A plusieurs reprises, on a pu voir Amir Peretz s’endormir lors de réunions, succombant, sous le poids de sa tache. Le rapport Winograd sur la guerre au Liban, dont la première partie a été rendue publique et dont la seconde partie sera connue d’ici peu, est accablant pour le premier ministre, pour son ministre de la Défense et, d’ailleurs, aussi pour le chef d’état-major de l’époque, Dan Haloutz, qui a déjà démissionné.
Ehoud Barak est arrivé en tête du premier tour de la primaire travailliste devant Ami Ayalon. Pourtant un sondage israélien donne ce dernier vainqueur au second tour. Quelles sont les chances des deux candidats de l’emporter ? [1]
Ehoud Barak a déjà montré ce qu’il savait faire mais aussi ce qu’il ne savait pas faire. Il a été un bon chef d’état-major et a brillé dans des coups de commando et des opérations militaires. En revanche, il a montré qu’il avait plus de mal à diriger un gouvernement.
Quand il a décidé de retirer les troupes israéliennes du sud-Liban, il l’a fait sans négociation préalable avec le gouvernement libanais, ce qui a permis au Hezbollah, déjà présent au sud Liban, d’apparaître au grand jour et de prendre le contrôle du terrain jusqu’à proximité de la frontière israélienne. Ce qui facilitait les tirs de katyouchas sur le territoire israélien et a fini par déboucher sur la guerre de l’été dernier.
Ehoud Barak a également échoué dans ses négociations avec les Palestiniens à Camp David comme à Taba. Grâce à ses relais dans les médias il a imposé l’idée que ses échecs étaient seulement dus à l’intransigeance d’Arafat. Avec le recul on sait aujourd’hui qu’il porte lui aussi une large part de responsabilité dans le naufrage du processus de paix. Par ailleurs, il a essuyé une défaite cuisante contre Ariel Sharon en 2001.
Ami Ayalon a, pour sa part, une grande expérience militaire et sécuritaire. Il a été commandant de la Marine et chef des services de renseignements et de la sécurité intérieure, le Shin Beth. Mais il n’est entré en politique, via son élection à la Knesset que depuis l’année dernière.
Cela dit, on sait qu’il est favorable à la reprise du processus de paix. Il a même pris l’initiative avec l’intellectuel palestinien Sari Nusseibeh de publier un texte qui constitue une sorte de base pour la négociation future. Sur le dossier le plus brûlant de la politique israélienne - les relations avec les Palestiniens - il ne part pas de zéro, il s’en faut. Et son passé sécuritaire peut rassurer ceux qui redoutent une attitude manquant de fermeté face aux Palestiniens. Ayalon est arrivé deuxième (avec 31,7 des voix) derrière Barak (34,2%) mais il est en tête à Jérusalem, Tel-Aviv et dans les kibboutz. Amir Peretz - qui a obtenu 21,8% - est aujourd’hui le faiseur de rois du Parti travailliste qui peut faire élire l’un ou l’autre.
Les deux candidats sont favorables au départ d’Ehoud Olmert. Quelles seront les conséquences de l’élection sur l’avenir du Premier ministre et sur la coalition Kadima-Parti travailliste ?
Bien qu’il ait appelé à la démission du Premier ministre, Ehoud Barak a déclaré récemment qu’il n’excluait pas d’entrer provisoirement dans un gouvernement avec Ehoud Olmert. Ami Ayalon, quant à lui, a dit qu’il quitterait la coalition si le Premier ministre restait au pouvoir. Mais avec seulement 2% d’opinions favorables et la publication imminente de la deuxième partie du rapport Winograd, il est fort probable qu’Olmert soit contraint à démissionner.
Kadima, sous la conduite du successeur d’Olmert, pourra-t-il conserver ses positions ? Netanyahou, à la tête du Likoud, profitera-t-il du désarroi général pour revenir au pouvoir ? Le Parti travailliste, derrière son nouveau chef pourra-t-il échapper au naufrage de la coalition actuelle ? A suivre...
Shimon Peres candidat à la présidence
Le vice-premier ministre israélien, âgé de 83 ans, a annoncé sa candidature deux semaines avant le vote du Parlement.
Le vice-Premier ministre israélien Shimon Peres a annoncé mercredi 30 mai qu’il était candidat à la présidence de l’Etat d’Israël, qui sera élu dans deux semaines par le Parlement.
"J’ai décidé d’être candidat à la présidence de l’Etat", a déclaré Shimon Peres, 83 ans, lors d’une réunion à la Knesset du groupe parlementaire de Kadima, le parti centriste du Premier ministre Ehud Olmert, dont il est membre. Shimon Peres a reçu le Prix Nobel de la Paix avec Yasser Arafat et Yitzhak Rabin en 1994, suite aux accords d’Oslo.