Photo : Facebook de Yair Lapid
Le parlement israélien, la Knesset, a voté sa propre dissolution et appeler le pays aux urnes en novembre pour la cinquième fois en moins de quatre ans.
Le vote, qui s’est tenu jeudi, signifie que Yair Lapid, ministre israélien des affaires étrangères et architecte du gouvernement de coalition sortant, deviendra le premier ministre par intérim du pays juste après minuit vendredi.
Il sera la quatorzième personne à occuper ce poste, succédant à Naftali Bennett, le Premier ministre israélien ayant eu le plus court mandat.
De nouvelles élections auront lieu le 1er novembre.
Cette décision met officiellement fin à une expérience d’un an au cours de laquelle huit partis issus de l’ensemble de l’échiquier politique israélien ont tenté de trouver un terrain d’entente après une période d’impasse politique prolongée au cours de laquelle le pays a organisé quatre élections en deux ans.
Les prochaines élections sont un prolongement de la longue crise politique israélienne, au cœur de laquelle se trouve l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu et son procès pour corruption en cours. Les quatre élections ayant abouties dans une impasse politique au cours des trois dernières années étaient en grande partie des référendums sur son aptitude à exercer ses fonctions alors qu’il est accusé d’avoir accepté des pots-de-vin, de fraude et d’abus de confiance. M. Netanyahou, qui dirige le plus grand parti du parlement israélien, le Likoud (parti de droite), a nié tout acte répréhensible.
On s’attend à ce que Lapid, un ancien animateur de talk-show qui dirige le parti centriste Yesh Atid, fasse campagne en tant que premier ministre intérimaire pour conserver le poste de principale alternative à Netanyahu. Il bénéficiera probablement d’un coup de pouce précoce lorsqu’il accueillera dans le pays le président des États-Unis, Joe Biden, le mois prochain.
Les sondages des médias israéliens montrent que M. Netanyahou et ses alliés gagnent des sièges, mais il n’est pas certain qu’ils en aient suffisamment pour former une majorité de 61 sièges à la Knesset, qui en compte 120. Si ni lui ni personne d’autre n’y parviennent, Israël pourrait à nouveau être soumis à des élections.
Mercredi, M. Bennett a déclaré qu’il se mettait en retrait de la politique et qu’il ne se présenterait pas aux prochaines élections. Son parti Yamina a été déchiré par des luttes intestines et s’est scindé après la formation du gouvernement l’année dernière, ses membres s’étant séparés pour protester contre ce qu’ils considéraient comme des compromis excessifs de Bennett envers les alliés plus libéraux de la coalition.
Le coup fatal a été porté au début du mois, lorsque le gouvernement n’a pas réussi à renouveler une loi d’urgence qui préserve le système juridique à deux vitesses en Cisjordanie occupée, le droit civil israélien s’appliquant aux colons juifs vivant dans les colonies illégales, tandis que le droit militaire s’applique aux Palestiniens.
La Knesset ayant été dissoute avant la fin du mois, la loi d’urgence a été automatiquement reconduite jusqu’à après la formation d’un nouveau gouvernement.
"Ils ont promis le changement, ils ont parlé de guérison, ils ont tenté une expérience, et l’expérience a échoué", a déclaré Netanyahu dans un discours au parlement avant le vote. "Nous sommes la seule alternative : un gouvernement nationaliste fort, stable et responsable."
La coalition gouvernementale sortante est entrée dans l’histoire en étant la première à inclure un parti représentant les citoyens palestiniens d’Israël. Mansour Abbas, chef de la faction de la Liste arabe unie (Ra’am), a rejoint la coalition pour obtenir de meilleurs services et davantage de fonds publics pour les Palestiniens vivant en Israël, qui représentent environ 20 % de la population.
Netanyahu et ses alliés ont accusé les membres de la coalition de s’associer à des sympathisants "terroristes", alors qu’il aurait également courtisé le parti après les dernières élections.
Les citoyens palestiniens d’Israël font l’objet d’une discrimination généralisée et sont considérés par de nombreux Israéliens juifs comme une cinquième colonne, car ils ont des liens familiaux étroits avec les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza et soutiennent largement leur lutte pour mettre fin à l’occupation israélienne.
Traduction et mise en page : AFPS / DD