Photo : Israël est en train d’établir une stratégie de famine dans le nord de Gaza, juin 2024 © Quds News Network
Le Hamas a accusé Israël d’utiliser ouvertement la famine comme arme de guerre, au lendemain de la promesse du ministre israélien de la défense de maintenir le blocus sur l’aide entrant dans la bande de Gaza.
L’acheminement de l’aide vers le territoire palestinien est interrompu depuis le 2 mars, quelques semaines avant qu’Israël ne rompe un cessez-le-feu temporaire en reprenant ses bombardements aériens le 18 mars, puis en relançant son assaut terrestre.
S’exprimant mercredi, le ministre israélien de la défense, Israël Katz, a qualifié le blocus de « principal levier de pression » contre le Hamas, affirmant qu’il n’était pas prévu d’assouplir les restrictions, malgré les avertissements des Nations unies selon lesquels la malnutrition s’aggrave rapidement dans la bande de Gaza.
Le Hamas a réagi en condamnant les remarques de M. Katz, qu’il a qualifiées d’« aveu public de crime de guerre ».
Israël « prive des civils innocents de produits de première nécessité, notamment de nourriture, de médicaments, d’eau et de carburant, pour la septième semaine consécutive », a déclaré le groupe dans un communiqué publié sur Telegram jeudi.
« Nous renouvelons nos appels à la communauté internationale pour qu’elle prenne des mesures afin de mettre fin à la famine et au blocus imposé à la bande de Gaza », a ajouté le groupe.
En mars 2024, la Cour internationale de justice des Nations unies a statué qu’Israël devait garantir l’acheminement de l’aide essentielle - notamment la nourriture, l’eau, le carburant et les fournitures médicales - dans la bande de Gaza. Israël a défié à plusieurs reprises cette décision contraignante, affirmant que le Hamas faisait un mauvais usage de l’aide.
La consommation alimentaire se détériore fortement
Selon le radiodiffuseur israélien Kan, les chiffres de la défense israélienne estiment que les réserves alimentaires restantes de Gaza pourraient être épuisées d’ici un mois.
L’armée israélienne réfléchit à des moyens d’acheminer l’aide « sans qu’elle parvienne au Hamas », y compris des propositions de « centres d’aide stationnaires » gérés par des organisations internationales dans des zones sécurisées par les forces israéliennes, a rapporté Kan.
Nour Odeh, d’Al Jazeera, en direct d’Amman, a déclaré que des sources au sein des agences de l’ONU lui avaient dit qu’Israël souhaitait préapprouver les bénéficiaires de l’aide, c’est-à-dire les contrôler à l’avance.
« Nous avons déjà entendu les Nations unies dire que c’est quelque chose d’inacceptable », a-t-elle déclaré.
Ces rapports interviennent alors que les Nations unies multiplient les mises en garde contre l’aggravation de la faim dans la bande de Gaza.
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) a indiqué que 3 696 enfants ont été admis pour malnutrition aiguë en mars, soit une augmentation de 80 % par rapport à février.
« La consommation alimentaire à Gaza s’est fortement détériorée en raison du blocus sur l’entrée de l’aide humanitaire et d’autres fournitures essentielles, qui en est maintenant à sa septième semaine », a déclaré l’OCHA.
Mme Odeh a ajouté : « C’est la politique officielle d’Israël : Pas de nourriture, pas d’eau, pas d’aide pour Gaza, alors qu’Israël s’approprie de plus en plus de terres. »
Traduction : AFPS