Depuis sa décision du 31 avril d’annuler les élections législatives, le président palestinien Mahmoud Abbas est sous pression pour donner à la population un peu de voix. Dans une démarche contraire à la loi palestinienne, qui stipule que les élections doivent se tenir le même jour, le gouvernement palestinien a décidé d’organiser les élections locales au coup par coup.
Il était confiant de réussir dans les zones rurales, alors qu’il s’inquiétait pour les grandes villes. Ce raisonnement semble avoir porté ses fruits pour la principale faction de l’OLP, le mouvement Fatah.
Les résultats des élections des conseils locaux organisées dans les zones C ont donné un léger coup de pouce au Fatah, selon l’observatrice des élections, Rima Nazal. S’adressant à Al-Monitor, la membre de l’Association générale des femmes a déclaré que "tant les listes du Fatah que les candidats proches du Fatah ont obtenu de bons résultats aux élections des zones rurales, ce qui a donné au Fatah un petit coup de pouce politique."
Le plus grand succès pour le Fatah semble avoir été dans les communautés dans lesquelles une liste non contestée était présentée. Selon la commission électorale palestinienne, 126 des 162 listes non contestées ont été enregistrées comme appartenant au Fatah.
Mais malgré le succès des listes non contestées, le pourcentage global réel des listes gagnantes enregistrées politiquement n’était que de 21%.
Hana Nasir, présidente de la Commission électorale centrale (CEC), a déclaré lors d’une conférence de presse que 79 % des vainqueurs appartiennent à des listes indépendantes. Le terme "indépendant" fait ici largement référence aux listes familiales ou tribales qui n’ont pas d’affiliation politique officielle.
Suheir Ismael Faraj, une militante des droits des femmes dans la région de Bethléem, a déclaré à Al-Monitor que les élections étaient "une victoire claire pour les listes tribales". Faraj concède que de nombreuses têtes de listes pouvaient avoir quelques affiliations politiques, mais qu’elles se sont présentées grâce à la force et au nombre de leur famille.
"Prenez le village de Khader où je suis née", dit-elle. "La tête de liste appartient à la plus grande famille de notre ville, la tribu Musa. Bien que politiquement il soit affilié au parti de gauche FIDA, il ne s’est pas présenté en tant que représentant du FIDA mais en tant que représentant de la tribu Musa." Faraj affirme que s’il s’était présenté en tant que représentant du FIDA, il aurait perdu.
La participation électorale a atteint 66 %, contre 51 % lors des élections des conseils locaux de 2017. Nasir a déclaré que le pourcentage a été publié après que tous les électeurs qui se trouvaient à l’intérieur des centres de vote aient fini de voter. Le nombre total d’électeurs était de 268 318 sur 405 687 éligibles.
Le succès relatif du Fatah a contribué à cimenter la décision d’organiser de nouvelles élections locales dans les zones A et B le 26 mars 2022. Selon les accords d’Oslo, les zones A sont des villes importantes où le gouvernement palestinien exerce un contrôle administratif et sécuritaire total. Dans les zones B, les Palestiniens ont le contrôle administratif mais Israël a le contrôle sécuritaire, et dans les zones C, Israël a à la fois le contrôle sécuritaire et administratif.
M. Nasir a déclaré que les préparatifs de la deuxième phase se poursuivent. L’inscription des électeurs commencera le 8 janvier, tandis que la période de campagne électorale débutera le 13 mars. Le scrutin aura lieu dans 66 localités, représentant les municipalités des zones A et B de la Cisjordanie, ainsi que dans les 25 localités de Gaza."
Le seul élément inconnu à Gaza est le Hamas, qui a officiellement boycotté les élections du 12 décembre pour protester contre l’annulation des élections législatives d’avril dernier. Mais il sera très probablement contraint de se plier à l’exercice, car aucune élection n’a eu lieu à Gaza depuis que le mouvement islamique a remporté le scrutin parlementaire en 2007.
Si les élections locales ont été organisées tous les quatre ans conformément à la loi palestinienne, la grande question reste de savoir quand les élections législatives et présidentielles auront lieu. Le léger coup de pouce que les résultats actuels ont donné au Fatah pourrait l’encourager à envisager des élections législatives, mais une décision ferme ne sera probablement prise qu’après les résultats des élections du 26 mars.
Traduction : AFPS