La Cour pénale internationale (CPI), créée par le Statut de Rome en 1998, reconnaît le crime de génocide, le crime de guerre, le crime contre l’humanité et le crime d’agression. Mais ni la CPI ni la Cour internationale de justice (CIJ) n’ont juridiquement reconnu le crime de terrorisme. Au demeurant, selon l’Union européenne, les actes de violence sont considérés comme des actes terroristes lorsqu’ils sont commis dans l’un des buts suivants : intimider par la violence une population, contraindre indûment des pouvoirs publics ou une organisation internationale, déstabiliser ou détruire les structures politiques, économiques ou sociales d’un pays, d’un peuple ou d’une organisation internationale.
Si on se réfère à cette définition, Israël a recours au terrorisme : opérations militaires causant des pertes civiles massives, utilisation de la force létale contre des manifestants, assassinats de personnalités ciblées, destruction de biens civils (maisons, écoles, infrastructures), punitions collectives, etc. Comment s’étonner que des organisations internationales et des experts en droit humanitaire accusent Israël de pratiques assimilables à du terrorisme d’État ?
Pire, de 1979 à 1982 (pour n’évoquer que des faits avérés), les services secrets israéliens ont mené une campagne à large échelle d’attentats à la voiture piégée, tuant des centaines de Palestiniens et de Libanais. Selon le général israélien David Agmon, il s’agissait de « créer le chaos au Liban, sans laisser d’empreinte israélienne ». Le chroniqueur militaire israélien Ronen Bergman précise que l’objectif principal était de « pousser l’OLP à recourir au terrorisme pour fournir à Israël la justification d’une invasion du Liban ».
L’accusation de terrorisme est en fait une arme politique, qui permet de justifier la violence et la terreur des dominants. Charles W. Yost, ancien représentant américain à l’ONU, déclarait à propos du terrorisme : « Nous le condamnons tous avec indignation, sauf quand c’est nous ou nos amis qui nous y livrons. À ce moment nous le passons sous silence ou nous l’agrémentons de qualificatifs tels que : défense du monde libre, défense de la démocratie ou défense de l’honneur national, pour lui donner l’apparence de ce qu’il n’est pas » [1].
Un des objectifs de la désignation du Hamas, du Jihad et du FPLP comme organisations terroristes par les États-Unis et Israël, puis par l’Union européenne est la diabolisation de toute résistance armée palestinienne face à l’occupation israélienne. Par contre, tout est fait pour permettre à Israël de commettre des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, y compris de génocide, et ce en toute impunité.
Car l’essentiel de notre classe politique et médiatique occidentale est parfaitement au courant de la barbarie, de la cruauté et de la monstruosité de son allié. Elle n’hésite pourtant pas à le blanchir face à l’opinion publique en transformant sa victime en monstre, espérant faire de la résistance palestinienne le croque-mitaine des sociétés européennes.
Concernant Gaza, quand on dit que 70 % des victimes sont des femmes et des enfants, dans l’esprit d’Israël et de ses alliés occidentaux, les 30 % restant seraient donc des terroristes. Pour eux, chaque Palestinien de sexe masculin tué par l’armée israélienne serait un terroriste, qu’il soit médecin, infirmier, journaliste ou boulanger.
D’après le rapport Goldstone sur la guerre de 2008-2009, l’objectif était « de punir, humilier et terroriser » la population de Gaza. En effet, l’objectif principal des Israéliens est de faire comprendre par la terreur aux Palestiniens qu’ils n’ont aucun avenir sur cette terre. S’adressant à eux en 1967, Moshe Dayan, l’a exprimé clairement : « vous avez un des trois choix : partir, mourir ou vivre comme des chiens sous nos bottes ». Une menace reprise aujourd’hui par B. Smotrich.
C’est pourquoi, la seule attaque du 7 octobre ne permet pas de condamner en bloc la résistance du peuple palestinien. Il appartient aux juridictions internationales de qualifier les actes du 7 octobre 2023.
Alaa Eddine Taktak
Note de la rédaction : d’ores et déjà, la CPI a émis le 21 novembre 2024 des mandats d’arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité à l’encontre du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant et le commandant du Hamas Mohammed Deif.