Photo : Le CSNU adopte la Résolution 2735 pour un cessez-le-feu à Gaza, 10 juin 2024 © UN Photo/Eskinder Debebe
Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté lundi une résolution rédigée par les États-Unis soutenant un plan de cessez-le-feu à Gaza, alors que Washington mène une campagne diplomatique intense pour pousser le Hamas et Israël à accepter la proposition.
Le texte, adopté par 14 voix pour et l’abstention de la Russie, "salue" la proposition de trêve et de libération d’otages annoncée le 31 mai par le président Joe Biden, et exhorte "les parties à en appliquer pleinement les termes, sans délai et sans condition".
La résolution indique qu’Israël a "accepté le plan de trêve" et "appelle le Hamas à l’accepter également".
Le Hamas a déclaré lundi qu’il se "félicitait" du vote.
Les États-Unis, fidèles alliés d’Israël, ont été largement critiqués pour avoir bloqué plusieurs projets de résolution de l’ONU appelant à un cessez-le-feu à Gaza.
Toutefois, à la fin du mois dernier, Joe Biden a lancé une nouvelle initiative américaine visant à obtenir une trêve et la libération des otages.
"Aujourd’hui, nous avons voté pour la paix", a déclaré l’ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield à l’issue de la session de l’ONU.
"Aujourd’hui, le Conseil a envoyé un message clair au Hamas : acceptez l’accord de cessez-le-feu qui est sur la table. Israël a déjà accepté cet accord et les combats pourraient s’arrêter aujourd’hui si le Hamas faisait de même".
Toutefois, l’accord reste incertain, les responsables du Hamas ayant insisté pour que tout accord de cessez-le-feu garantisse une "fin permanente" à la guerre, une demande qu’Israël a fermement rejetée.
Selon la proposition, Israël se retirerait des centres de population de Gaza et le Hamas libérerait les otages. Le cessez-le-feu durerait initialement six semaines et serait prolongé au fur et à mesure que les négociateurs chercheraient à mettre un terme définitif aux hostilités.
Le "texte n’est pas parfait", a déclaré l’ambassadeur algérien auprès des Nations unies, Amar Bendjama. "Mais il offre une lueur d’espoir aux Palestiniens, car l’alternative est la poursuite des massacres et des souffrances."
Après le vote, le diplomate israélien Reut Shapir Ben Naftaly a souligné que la "guerre ne prendra fin" que lorsque les "objectifs israéliens seront atteints", notamment la libération des otages et la destruction du Hamas.
"Le refus du Hamas de libérer les otages par la voie diplomatique a prouvé que l’effort pour ramener nos otages à la maison doit également inclure des moyens militaires", a-t-il déclaré.
Le groupe palestinien avait proposé à Israël, immédiatement après les événements du 7 octobre, d’échanger les captifs contre des Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, dont plus de 4 000 sans jugement ni inculpation, et 250 enfants.
L’envoyé palestinien auprès des Nations unies, Riyad Mansour, s’est quant à lui félicité du vote du Conseil, déclarant que le "fardeau" de la mise en œuvre de la résolution et du cessez-le-feu "incombe à la partie israélienne".
Le président palestinien Mahmoud Abbas a ajouté qu’il considérait "l’adoption de cette résolution comme un pas dans la bonne direction pour mettre fin à la guerre de génocide contre notre peuple dans la bande de Gaza".
Depuis qu’Israël a commencé son offensive militaire implacable et aveugle contre la bande de Gaza assiégée le 7 octobre, tuant plus de 37 000 personnes, dont la plupart étaient des femmes et des enfants, le Conseil de sécurité des Nations unies s’est efforcé d’agir.
Après deux résolutions axées sur l’aide humanitaire, le Conseil de sécurité a finalement exigé, fin mars, un "cessez-le-feu immédiat" pour la durée du ramadan, les États-Unis s’étant abstenus lors du vote.
La première phase de la trêve verrait un "cessez-le-feu immédiat, plein et entier", la libération d’otages en échange de prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes, et le "retrait des forces israéliennes des zones peuplées de Gaza".
Cela permettrait également "la distribution sûre et efficace de l’aide humanitaire à grande échelle dans toute la bande de Gaza à tous les civils palestiniens qui en ont besoin".
L’ambassadeur russe à l’ONU, Vasily Nebenzia, a rétorqué que le Conseil adoptait le plan sans "détails" et qu’il "donnait carte blanche".
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est entretenu lundi en Israël avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, dernier effort en date pour mettre un terme à huit mois de guerre.
Traduction : AFPS