Photo : La Salle de réunion du Conseil de sécurité des Nations unies au siège des Nations unies à New York. Creative commons.
Le Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) a exprimé sa "profonde préoccupation et sa consternation" à l’égard des activités de colonisation d’Israël dans une déclaration édulcorée remplaçant un projet de résolution qui aurait explicitement condamné les politiques israéliennes.
La déclaration présidentielle du Conseil de sécurité des Nations unies, approuvée lundi par les 15 membres du Conseil, y compris les États-Unis, souligne également ce qu’elle appelle "l’obligation de l’Autorité palestinienne (AP) de renoncer au terrorisme et de l’affronter."
"Le Conseil de sécurité réaffirme que la poursuite des activités de colonisation israéliennes met dangereusement en péril la viabilité de la solution à deux États fondée sur les lignes de 1967" a déclaré le Conseil.
Cette mesure symbolique est intervenue en réponse à la décision prise par le gouvernement israélien au début du mois d’autoriser des milliers d’unités de peuplement en Cisjordanie occupée et de légaliser rétroactivement les avant-postes de colonies construits illégalement.
"Nous sommes très heureux que le Conseil de sécurité ait envoyé un message unanime très fort contre la mesure illégale et unilatérale [d’Israël]", a déclaré Riyad Mansour, l’envoyé palestinien auprès des Nations unies, à la presse lundi.
#Israel #Palestine | France welcomes the adoption of a Security Council Presidential Statement on the Middle East.
The Israeli and Palestinian people are entitled to freedom, security, prosperity, justice, and dignity. pic.twitter.com/MilZ1clQuu— La France à l'ONU 🇫🇷🇺🇳 (@franceonu) February 20, 2023
La semaine dernière, le Conseil de sécurité semblait prêt à voter un projet de résolution appelant à la fin de l’expansion des colonies israéliennes.
Mais des rapports de plusieurs médias américains et israéliens, citant des sources diplomatiques, ont indiqué que l’AP avait accepté de renoncer sa quête d’un vote sous la pression du gouvernement américain, qui lui a notamment promis une aide financière.
Dans le cadre de l’accord, les sources ont déclaré qu’Israël suspendrait temporairement les annonces de nouvelles unités de colonisation et les démolitions de maisons palestiniennes.
L’agence de presse Reuters a déclaré lundi que les Émirats arabes unis (EAU), qui avaient rédigé la résolution avec des responsables de l’AP, ont informé le Conseil de sécurité des Nations Unies que la résolution et le vote seraient abandonnés.
La résolution aurait exigé qu’Israël "cesse immédiatement et complètement toutes les activités de colonisation dans le territoire palestinien occupé."
Israël a occupé la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est et Gaza, en 1967. Depuis lors, il a construit des colonies abritant des centaines de milliers d’Israéliens sur les terres occupées, que les Palestiniens veulent voir faire partie de leur futur État.
Le droit international interdit explicitement aux puissances occupantes de transférer leur population civile dans les territoires occupés. Un expert des Nations unies a déjà qualifié les colonies israéliennes de "crime de guerre."
Dans sa déclaration de lundi, le Conseil de sécurité des Nations unies a appelé toutes les parties à "faire preuve de calme et de retenue et à s’abstenir de toute action provocatrice, de toute incitation et de toute rhétorique incendiaire."
Il a également demandé instamment "le plein respect du droit humanitaire international, y compris la protection de la population civile."
"Le Conseil de sécurité réaffirme le droit de tous les États de vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues, et souligne que les peuples israélien et palestinien ont droit à des mesures égales de liberté, de sécurité, de prospérité, de justice et de dignité", peut-on lire, reprenant un langage que le président américain Joe Biden et ses principaux collaborateurs emploient régulièrement.
Israël a rejeté la déclaration, la qualifiant d’"unilatérale", et critiquant spécifiquement Washington pour l’avoir soutenue.
"La déclaration n’aurait jamais dû être faite et les États-Unis n’auraient jamais dû s’y associer" a déclaré le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Louis Charbonneau, Directeur du plaidoyer auprès de l’ONU à Human Rights Watch, a déclaré que le Conseil de Sécurité de l’ONU devrait clairement condamner les colonies.
"S’il est utile que le Conseil de sécurité de l’ONU critique les violations des droits de l’Homme commises par Israël à l’encontre des Palestiniens, la déclaration d’aujourd’hui, diluée sous la pression des États-Unis et d’Israël, est bien loin de la condamnation à pleine voix que cette grave situation mérite" a écrit Louis Charbonneau dans un tweet.
Lundi, au Conseil de sécurité de l’ONU, l’émissaire américain Linda Thomas-Greenfield a exprimé sans ambiguïté l’opposition des États-Unis à la colonisation israélienne, mais n’a pas condamné la politique israélienne.
"Ces mesures unilatérales exacerbent les tensions ; elles nuisent à la confiance entre les parties" a-t-elle déclaré à propos de l’annonce de la colonisation par Israël. "Elles sapent les perspectives d’une solution négociée à deux États. Les États-Unis ne soutiennent pas ces actions, point final."
Dans sa propre déclaration au conseil lundi, Mansour, l’envoyé palestinien, a averti que la situation pourrait bientôt "atteindre un point de non-retour."
"Chaque action que nous entreprenons maintenant compte. Chaque mot que nous prononçons compte. Chaque décision que nous retardons a de l’importance", a-t-il déclaré.
Israël, accusé d’imposer un système d’apartheid par de grandes organisations de défense des droits de l’Homme comme Amnesty International, reçoit chaque année au moins 3,8 milliards de dollars d’aide américaine.
Traduction : AFPS