Le Conseil de sécurité des Nations unies a convoqué une session d’urgence mardi pour discuter de la dernière flambée de violence dans la vieille ville de Jérusalem.
Une déclaration commune des membres européens du Conseil a appelé au "calme et à la désescalade", soulignant que "la violence doit cesser immédiatement. De nouvelles victimes civiles doivent en priorité être évitées."
"Le statu quo des lieux saints doit être pleinement respecté", indique la déclaration, qui condamne également les attaques terroristes et le tir de roquette sur Israël. "Nous soutenons tous les efforts de désescalade et réitérons l’appel à toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue."
La déclaration a été prononcée à l’issue de la séance au nom des États européens siégeant actuellement au Conseil de sécurité - France, Albanie et Norvège - ainsi que de l’Estonie et de l’Irlande, qui ont achevé leur mandat au sein de l’organe des Nations unies.
Les tensions entre Israéliens et Palestiniens sont montées en flèche pendant le Ramadan et la Pâque juive, après des attentats meurtriers visant des Israéliens et une série de raids militaires israéliens en Cisjordanie.
Vendredi, au moins 152 Palestiniens ont été blessés lors d’affrontements avec la police israélienne à l’intérieur de l’enceinte de la mosquée d’Al-Aqsa, faisant craindre un retour à un conflit plus large.
Cette réunion des Nations unies a été demandée par la Jordanie, qui est le gardien du lieu saint. Amman a joué un rôle accru dans la condamnation d’Israël sur la scène internationale pour ce qu’elle considère comme des violations d’accords de longue date sur la gestion de l’enceinte.
Elle fait suite à des déclarations sévères de l’Autorité palestinienne, de la Turquie et d’autres acteurs régionaux et internationaux condamnant les actions menées par Israël dans l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa ces derniers jours.
Le représentant des Nations unies pour le Moyen-Orient, Tor Wennesland, a déclaré dans un communiqué que l’ONU travaillait avec "toutes les parties concernées pour désamorcer la situation" et a mis en garde contre "les provocations, la diffusion de fausses informations et l’incitation à la violence".
"Les dirigeants de toutes les parties ont la responsabilité de réduire les tensions, de créer les conditions propices au calme et de veiller à ce que le statu quo sur les lieux saints soit protégé", a-t-il ajouté, évitant de rejeter la faute sur une partie spécifique.
Blinken s’entretient avec les dirigeants du Moyen-Orient
Mardi, les Émirats arabes unis ont convoqué l’ambassadeur d’Israël, Amir Hayek, pour exiger la fin des "pratiques" d’Israël qui, selon Abou Dhabi, mettent en danger la vie des civils et menacent de violer le droit des musulmans palestiniens à pratiquer leur foi.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est entretenu mardi avec le président palestinien Mahmoud Abbas, selon un communiqué du cabinet de ce dernier, ainsi qu’avec le ministre jordanien des affaires étrangères.
M. Abbas a déclaré qu’il avait dit à M. Blinken que l’intensification des opérations militaires israéliennes en Cisjordanie et les "attaques brutales" contre les Palestiniens pourraient avoir des "conséquences désastreuses", tandis que M. Blinken a souligné la nécessité de s’abstenir de toute action ou rhétorique susceptible d’aggraver les tensions, selon le porte-parole du département d’État américain, Ned Price.
M. Blinken s’est également entretenu avec le ministre israélien des Affaires étrangères Yair Lapid qui a qualifié les mesures israéliennes de "responsables" face aux "émeutes de centaines d’extrémistes musulmans sur le Mont du Temple et aux fausses informations diffusées par les extrémistes", et a appelé à "la nécessité d’un soutien international pour le retour de la paix à Jérusalem."
M. Blinken a fait part à M. Lapid de son appréciation des efforts déployés par Israël pour empêcher une nouvelle escalade, ont indiqué des responsables israéliens. Les deux hommes ont également parlé des efforts pour faire face aux défis mondiaux, y compris ceux de l’Iran et de ses mandataires, selon M. Price.
Lors d’un appel avec le Jordanien Ayman Safadi, M. Blinken a souligné l’importance de maintenir le statu quo sur les lieux saints de Jérusalem, a indiqué le département d’État dans un communiqué mardi.
"Le secrétaire d’État Blinken a souligné l’importance de maintenir le statu quo historique au Haram al-Sharif/Mont du Temple, et l’appréciation du rôle spécial du Royaume hachémite de Jordanie en tant que gardien des lieux saints musulmans à Jérusalem", a déclaré le porte-parole Ned Price dans un communiqué.
La secrétaire adjointe par intérim des États-Unis pour les affaires du Proche-Orient, Yael Lempert, sera dans la région pour se rendre en Jordanie, en Israël, en Cisjordanie et en Égypte afin de discuter de la réduction des tensions et de la fin du cycle de la violence en Israël, en Cisjordanie et à Gaza, a déclaré le département d’État américain.
Au cours des deux derniers jours, le ministre jordanien des Affaires étrangères, M. Safadi, a fait pression sur les États-Unis et l’Union européenne, ainsi que sur les dirigeants de l’Égypte, du Maroc et des Émirats arabes unis, pour empêcher Israël d’envoyer l’armée israélienne dans l’enceinte de la mosquée.
Erdogan "très contrarié"
Mardi également, le président israélien Isaac Herzog s’est entretenu avec le président turc Recep Tayyip Erdogan sur la nécessité de désamorcer la situation à Jérusalem, selon les déclarations israéliennes et turques.
M. Herzog a déclaré à M. Erdogan qu’Israël maintenait le statu quo et la liberté de culte à Al-Aqsa, ajoutant que la police et les forces de sécurité israéliennes faisaient tout leur possible pour permettre la poursuite des prières quotidiennes, malgré "les provocations et les incitations", a indiqué le cabinet de M. Herzog.
Erdogan, selon une déclaration sur Twitter, a dit à Herzog qu’il était "très bouleversé" par les récents événements à Jérusalem. Il a ajouté qu’il craignait que ces tensions ne provoquent des affrontements entre Israël et Gaza.
Le président turc a également souligné l’importance d’autoriser la liberté de culte sur le Mont du Temple et a déclaré qu’il était heureux d’entendre Herzog parler des "efforts israéliens" à cet égard.
Cet appel intervient après qu’Erdogan ait déclaré dimanche à son homologue palestinien Mahmoud Abbas qu’il condamnait l’"intervention sur les fidèles" israéliens à la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem et les menaces contre son "statut ou son esprit". Cette déclaration intervient également dans le cadre des récents efforts déployés par la Turquie et Israël pour rétablir leurs liens, longtemps fragilisés.
Au début du mois, M. Erdogan a déclaré à M. Herzog, qu’il avait également rencontré à Ankara le mois dernier, qu’Ankara attendait des autorités israéliennes qu’elles fassent preuve de délicatesse à l’égard d’Al-Aqsa pendant le Ramadan et a souligné l’importance de permettre aux Palestiniens d’entrer en Israël.
Bien qu’elle ait "critiqué" les affrontements à Jérusalem, la réaction de la Turquie aux violences a été beaucoup plus calme que par le passé, lorsqu’elle avait lancé diverses initiatives aux Nations unies et dans d’autres instances pour condamner Israël et soutenir les Palestiniens.
Traduction : AFPS