Bien qu’ils partagent avec des millions d’autres réfugié.e.s la dépossession de la terre, la perte de leurs foyers d’origine, les ruptures familiales, la souffrance de l’exil et la détresse d’un avenir incertain, la situation des réfugié.e.s de Palestine reste singulière par ses causes historiques et politiques. Sur une population totale estimée à 13 millions de personnes, 8 millions de Palestinien.ne.s sont des réfugié.e.s. 5,8 millions d’entre eux sont inscrits à l’UNRWA, l’office des Nations unies qui leur est dédié depuis 1949.
Cette singularité tient dans la longueur infinie de leur histoire. Commencée véritablement en 1947, et fixée symboliquement en mai 1948 lors de la création unilatérale de l’État d’Israël, la dépossession dure à ce jour. 75 ans de colonisation, de transferts forcés, d’exil et de douleur. D’espoir aussi, celui de revenir au pays, la Palestine historique, symbolisé par la clé de la maison qu’ils ont été forcés de quitter par la terreur. Une clé transmise d’une génération à l’autre comme la promesse jamais tenue du droit au retour pourtant garanti par le droit international (résolution 194 des nations unies).
Chassés par la violence coloniale juive puis israélienne, ils survivent souvent dans des conditions indignes dans des camps surpeuplés en Palestine et dans les pays voisins, Liban, Jordanie, Syrie... D’autres, moins malchanceux ont rejoint la diaspora dans le monde entier. Mais parmi les Palestiniens les plus démunis, ceux qui sont sous blocus israélien depuis 16 ans dans la bande de Gaza, ceux des camps du Liban, ceux qui ont fui la guerre en Syrie, ceux qui en Cisjordanie occupée vivent la violence coloniale tous les jours, certains prennent la mer comme tant d’autres et comme tant d’autres prennent le risque d’y périr. Une triste réalité rappelée récemment par le naufrage de centaines de migrants le 14 juin au large de la Grèce. Ils partent dans l’espoir d’un avenir (meilleur), pour fuir la pauvreté et la violence quotidienne, les bombardements et les assassinats, tous induits par la colonisation et l’occupation israéliennes, et aussi pour avoir une éducation, l’accès à la santé et la sécurité, et la vie normale à laquelle tout individu a droit.
Cette occupation, la plus longue de l’histoire moderne, est mortifère d’autant plus que les services apportés par l’UNWRA aux réfugié.e.s de Palestine se raréfient, à la mesure du désengagement des États donateurs. Créé pour un an en 1949, et toujours d’actualité, l’office est le symbole -involontaire- de la continuation de l’injustice colossale qui frappe le peuple palestinien. Ciblé par Israël et ses alliés qui voudraient la voir disparaître pour se débarrasser de la question du droit au retour des Palestinien.ne.s, l’UNWRA peine à trouver les financements indispensables. Alors que la question de Palestine n’est plus au premier plan - bien qu’elle soit toujours cruciale -, de nombreux donateurs copient la politique des États-Unis et se désengagent financièrement, laissant des centaines, voire des milliers de familles dans le dénuement total.
« Au moment où je m’adresse à vous aujourd’hui, je n’ai pas les fonds nécessaires pour faire fonctionner nos écoles, centres de santé et autres services à partir de septembre », a déclaré le Commissaire général Philippe Lazzarini lors d’une conférence d’annonce de contributions au siège de l’ONU à New York au début du mois de juin.
Les Nations unies indiquaient alors que « 75 millions de dollars supplémentaires étaient nécessaires de toute urgence pour fournir de la nourriture à plus d’un million de personnes à Gaza. 30 millions de dollars supplémentaires sont nécessaires pour maintenir l’aide en espèces et alimentaire à 600.000 personnes en Syrie, au Liban et en Jordanie. » [1]
C’est inhumain, c’est injuste, cela relève de la complicité de crimes de guerre.
La France est garante du droit international. Nous demandons instamment aux autorités françaises de veiller à son application et de garantir le droit au retour des réfugié.e.s de Palestine.
Dans l’immédiat, nous leur demandons solennellement d’agir au plus vite auprès de l’Union européenne pour inciter tous les États membres à apporter le soutien vital qui manque aujourd’hui, afin que l’UNRWA puisse continuer sa mission et alléger la souffrance de milliers de Palestinien.ne.s victimes de la politique coloniale israélienne.
Bureau national de l’AFPS, avec le groupe de travail Réfugiés
Le 20 juin 2023