Je suis rédacteur en chef du département diplomatie de l’antenne turque de CNN. J’étais récemment en Israël pour assister à une conférence à l’université Ben Gurion. Par la suite j’ai eu le plaisir d’interviewer le 30 décembre votre ministre des affaires étrangères, Silvan Shalom. Ayant fini mon travail je suis reparti à 3.30 du matin à l’aéroport Ben-Gurion pour attraper mon vol de 6h45 pour la Turquie. Etant déjà venu en Israël précédemment, j’étais préparé aux procédures de sécurité y compris les contre-interrogatoires des officiels de sécurité. La Turquie tout comme Israël souffre du terrorisme, alors je ne suis pas en position de m’opposer à cela. Je voyage aussi fréquemment aux USA et en Europe, je ne suis donc pas un novice en la matière.
Mais je me sens pourtant dans l’obligation aujourd’hui d’émettre des récriminations tant la procédure à l’aéroport a pris un tournant surréaliste (et je dois le dire, incompréhensible) lorsque deux jeunes gens (un garçon et une fille) ont commencé ce que l’on peut seulement qualifié comme d’un contre-interrogatoire amateur qui est apparu comme de plus en plus stupide et inutile et en dit plus sur Israël que sur moi. Un autre jeune, faisant aussi partie de l’équipe de sécurité, est venu lui aussi et a commencé à me parler en arabe. Je lui ai dit que son a-priori était non seulement totalement erroné mais cachait un préjugé déplaisant, mais je doute qu’il ait compris ce que je voulais dire. Il a essayé de couvrir son erreur avec des platitudes au sujet de merveilleuses vacances qu’il avait passées en Turquie.
J’ai maintes fois expliqué les raisons de mon séjour en Israël et montrer mon nom imprimé dans le programme officiel de la conférence à l’université Ben Gurion, et dit que quelques heures plus tôt j’avais interviewé le ministre des affaires étrangères d’Israël, ça n’a servi à rien ; pas plus que le fait de donner des noms de quelques amis israéliens importants (dont des ambassadeurs et des journalistes) ni le fait que mon passeport soit rempli de visas européens en plus d’un visa américain valide. Ces ‘gosses’ étaient déterminés à continuer leur travail inutile.
Parmi les nombreuses stupidités dont j’ai fait l’objet pendant plus des deux heures pendant lesquelles ils m’ont gardé, on m’a demandé de réciter ma présentation à l’université Ben Gurion. Les questions qu’ils m’ont posées par la suite montraient qu’ils n’avaient aucune idée sur ce que j’avais dit, ce qui n’a fait qu’exacerber leurs réflexes pavloviens. Puis n’ayant plus de questions dérisoires à me poser, j’ai été soumis à une question ‘énorme’ : « Pourquoi est-ce que je vis à Ankara ? Pourquoi un « rédacteur en chef diplomatique » d’un réseau important turc vivrait-il de toute façon à Ankara ? »
Mon sens de discernement m’a dit de ne pas faire une scène. Mais j’ai pensé que si c’est de cette manière qu’une personne bien connue venant d’un pays ami et qui avait récemment d’interviewé le ministre des affaires étrangères du pays était traitée, alors que Dieu vienne en aide aux autres. Israël a le droit bien sûr de traiter ses visiteurs comme il le veut. Mais c’est également mon droit en tant que citoyen turc de me plaindre de ce comportement qui, après la première heure a commencé à défier toute logique et a inclus une fouille des mes affaires personnelles jusqu’à mes sous-vêtements sales et pour moi une fouille au corps.
Je réalise bien sûr que la seule chose que je puisse faire dans ce cas est d’écrire cette lettre (sur les conseils de mes amis israéliens) et de faire pression sur les autorités turques pour qu’elles en fassent de même avec les touristes et officiels israéliens qui viennent en Turquie, et comme vous le savez, il n’en manque pas. Cela je le ferai. Je me demande si un Israélien cuisiné de la même façon inutile que je l’ai été aura ma patience. Quelque chose me dit que non....