Une réunion d’information et de témoignage sur “La violence des colons israéliens, bras armé de l’expansion des colonies en Cisjordanie“ s’est tenue à Paris mardi 24 mai 2016 à l’initiative des GL AFPS parisiens (Paris centre, Paris 14-6, Paris sud), du CJPP5 et de la Plateforme française des ONG pour la Palestine.
Devant une assistance concentrée d’une grosse soixantaine de militants, Nasser Dawabsheh, porte-parole de la famille endeuillée par l’incendie criminel de Duma et oncle du petit Ali, a témoigné de l’aspect prémédité, intentionnel et terroriste (au sens éthymologique de “destiné à répandre la terreur“) de ce crime, évident dans tous les détails de son déroulement et dans les menaces que la famille continue de subir, ainsi que du rôle assigné aux colons violents des avant-postes dans l’extension de la colonisation, celui de susciter le départ forcé des habitants palestiniens.
Le harcèlement des Palestiniens par les colons est pratiquement quotidien, en augmentation d’un facteur 4 depuis 2 ans et il affecte tous les habitants de la zone C, avec une intensité plus grande dans les villages autour de Naplouse, entourés d’avant-postes et convoités par les colons, comme l’a précisé Anne-Sophie Simpere, responsable de plaidoyer à Médecins du Monde (MdM). L’impunité est la règle, même si, sous la pression internationale, une enquête a eu lieu et un procès est en cours dans le cas des assassins de la famille Dawabsheh. Daoud , travailleur social de MdM sur le terrain qui s’occupe de 27 communautés palestiniennes de la région a détaillé les troubles que cette situation de danger et de stress permanents produisent, non seulement sur les victimes des violences, mais aussi dans leur voisinage et même dans des villages éloignés, soit sur toute la société à plus de 50 km à la ronde.
Pour finir, Patricia Grillo, chargée de plaidoyer de Première Urgence Internationale (PUI) a présenté les conséquences économiques graves que ces violences produisent dans une société essentiellement agricole, et elle a brossé, cartes à l’appui, un tableau inquiétant des relations entre plans officiels d’extension de la colonisation et violences exercées sur les villageois.
Ces témoignages ont été suivis d’un débat très riche, auquel a aussi contribué Mahmoud, coordinateur de terrain de MDM à Naplouse, au cours duquel ont été évoquées différentes pistes pour aider à la protection des villageois palestiniens au delà des actions plus générales contre la colonisation dont on sait bien qu’elle est la source de ces comportements violents et criminels . La toute première est d’intensifier la communication autour de ces exactions que les médias ignorent en général, afin que la société civile, enfin informée, puisse faire pression sur nos responsables.
Parmi les voies à explorer : l’inscription des mouvements violents auxquelles appartiennent ces colons sur la listes des organisations terroristes, l’interdiction d’entrée de ces colons sur le territoire français (refus de visas ou mise en liste noire pour les binationaux), des poursuites pénales en France contre les binationaux, des jumelages ou des coopérations avec les villages en danger. Nasser Dawabsheh a indiqué qu’un dossier sur les meurtres de Duma sera joint à la plainte déposée par l’AP à la CPI sur le crime de colonisation. En ce qui concerne l’aide financière nécessaire pour mener une bataille juridique de plusieurs années en Israël, une “Fondation Dawabsheh“ sera prochainement créée.