En Palestine, l’Autorité Palestinienne et les partis donateurs correspondants, y compris la Banque Mondiale, sont incapables d’identifier dans ce retrait quelque bénéfice que ce soit pour les Palestiniens. Politiquement, cela ne contribuera pas aux efforts pour la reprise du processus de paix. Du côté de la sécurité, cela ne servira pas à réduire la violence parce que tous les ingrédients de cette recette particulière (expansion continue des colonies en Cisjordanie, tueries et arrestations de Palestiniens et sanctions économiques paralysantes) vont rester en place.
En Israël, le plan est entre-temps bruyamment mis en doute. Aux yeux de la droite israélienne, Israël paie sans recevoir quoi que ce soit en retour. Ce qui encore plus inquiétant pour un pays dans lequel l’armée demeure la colonne vertébrale, il y a eu de sérieuses menaces de mutinerie au sein de cette armée, tellement sérieuses que des personnalités importantes israéliennes au sein du gouvernement et des élites militaires se demandent tout haut si un tel retrait peut vraiment prendre place dans une telle atmosphère.
Ces développements ont créé à leur tour un débat de plus en plus passionné sur les moyens qu’Israël prendrait pour répondre à la résistance au retrait israélien. Le problème principal est ici quel comportement l’armée devrait décider si les colons choisissaient de refuser l’évacuation. Les deux seules options qu’Israël paraît avoir semblent soit inefficaces soit comportent un risque de retour de flamme.
La première option, qui a déjà pris effet, est d’offrir une compensation financière. Cette mesure a rencontré quelque succès mais a aussi laissé de côté un noyau dur de colons pour qui rester à Gaza est une question de conviction idéologique et religieuse. Si la compensation financière n’arrivait pas à persuader ces colons de partir, la seule option qui resterait à l’armée serait l’utilisation de la force. Cela est néanmoins quelque chose que le gouvernement israélien tout comme l’armée aimerait éviter.
Ainsi, une troisième option a été soulevée. Plutôt que de se confronter aux colons, l’armée israélienne se retirerait simplement, les laissant sans protection et assistance que ce soit civile ou sécuritaire. En d’autres termes, ces colons seraient considérés comme étant en dehors de la juridiction de l’état d’Israël.
Comment les Palestiniens réagiraient-ils à cette situation hypothétique ?
J’imagine qu’il y aurait deux attitudes (en supposant que les colons soient lourdement armés). L’Autorité Palestinienne essayera d’avoir des contacts avec les colons afin d’arriver à une solution. Les colons refuseront probablement toute médiation de ce type. Entre temps, d’autres proposeront une approche plus agressive.
Ce qui est sûr c’est que l’Autorité Palestinienne sera mise dans une position très difficile. D’un côté elle devra essayer d’arrêter toute confrontation violente. Ceci sera extrêmement difficile si, comme on peut se l’imaginer, les colons se montrent hostiles à toute médiation avec l’Autorité Palestinienne.
Dans cette situation, l’Autorité Palestinienne pourrait demander à un troisième parti de s’impliquer, à savoir une présence des Nations Unies afin de répondre aux besoins immédiats et à une protection éventuelle. Mais cela ne peut pas être accepté comme une solution à long terme car le côté palestinien voudra que ces colons soient en fin de compte évacués. En fin de compte, l’Autorité Palestinienne sera obligée de donner aux colons un choix : soit ils rentrent chez eux, soit ils acceptent de vivre sous la juridiction de l’Autorité Palestinienne.
On imagine bien que cette situation serait en fin de compte intenable pour les colons et que ce ne serait qu’une question de temps avant que la pression exercée par Israël et par les Palestiniens, en plus des circonstances difficiles sous lesquelles les colons vivraient, soit suffisante pour « convaincre » les colons de suivre la seule sortie viable de cette situation étrange, c’est-à-dire évacuer.