Les trois partenaires se sont entendus sur un positionnement commun basé sur la décision de la Cour Internationale de Justice : « En tant qu’organisations française, israélienne et palestinienne, travaillant de façon quotidienne dans le secteur qui longe le Mur, nous sommes profondément concernés par ses conséquences sur la santé des Palestiniens dans une approche globale. Le Mur, dans la mesure où il empiète dans les Territoires occupés est non seulement disproportionné dans son impact sur la santé de la population locale mais aussi illégal. Il constitue également l’élément le plus visible d’un réseau d’obstructions physiques et administratives à l’accès qui comprend les checks-points fixes et volants, les tranchées, les clôtures électriques, les barbelés, les barrières fermées, les buttes de terre, les barrages de route, les couvre-feu, les bouclages, les routes de contournement et le système des permis.
Tout en dénonçant le Mur, nous dénonçons vivement tous les autres facteurs et manœuvres d’occupation qui restreignent le droit des Palestiniens à la vie et à la liberté de mouvement dans les Territoires palestiniens. Le Mur viole tout à la fois les Droits de l’Homme et le Droit international humanitaire. Il contrevient aussi gravement le droit des Palestiniens à l’autodétermination. » [1]
Au niveau des outils, la campagne s’appuie notamment sur les œuvres de quatorze artistes palestiniens et israéliens, tel que Amer Derbas et Miki Kratsman. Les posters des œuvres accompagnées d’informations médicales liées au Mur ont été insérés dans un magazine de Tel-Aviv, Ha’ir et dans Al Quds. Une exposition et des animations auront lieu à Tel-Aviv et à Ramallah avant de tourner dans différentes villes européennes : Londres, Amsterdam, Bruxelles, Madrid et Genève . [2]
Le rapport alarmant de MDM
A l’occasion de cette campagne, l’ONG Médecins du Monde a rendu public un rapport qui résulte du programme Mur qu’elle mène sur le terrain depuis mai 2004 et d’une enquête menée entre juillet et octobre 2004 dans les régions non seulement où le Mur est construit mais aussi planifié.
Tout en témoignant des entraves créées par le Mur pour accéder aux soins médicaux et de son impact sur la santé psychologique des Palestiniens, ce rapport met aussi en exergue les conséquences socio-économiques du Mur, l’aggravation de la pauvreté, les confiscations et les difficultés d’accès à la terre et aux sources d’eau, les démolitions de maisons et les entraves à l’accès à l’éducation.
« En tant qu’association d’aide aux populations civiles, Médecins du Monde estime que les violations du Droit international humanitaire ont des conséquences désastreuses sur la santé physique et mentale des victimes de telles violations. Ces violations alimentent l’incompréhension et la violence qui entraînent à leur tour de nouvelles violations. [...] Comme il ne suit pas la Ligne Verte et empiète sur la Cisjordanie, le Mur barre l’accès à la santé et à l’éducation, sépare les communautés palestiniennes et brise les liens sociaux et économiques, poussant la population à émigrer. Le droit légitime d’Israël à la sécurité sur ses frontières ne devrait pas justifier la construction d’un Mur à l’intérieur des Territoires palestiniens occupés ». [3]]
Rabab Khairy
Extraits du communiqué de presse de lancement de la campagne
Médecins du Monde - Société du Croissant rouge palestinien - Physicians for Human Rights
– Sur les 622 km prévus pour le Mur, 255 km sont déjà construits ou en cours de construction. 85 % du tracé prévu du Mur ne suit pas le tracé de la Ligne Verte et empiète sur la Cisjordanie. La longueur prévue du Mur est le double de celle de la Ligne verte.
– Une fois le Mur terminé, 93 200 Palestiniens habiteront entre le Mur et la Ligne verte.
– 32,7 % de tous les villages de Cisjordanie n’auront pas accès libre et ouvert à leur système de santé à cause du Mur. Ce chiffre atteindra 80,7 % dans les zones fermées et dans les enclaves.
– 10 000 patients souffrant de maladies chroniques n’ont pas accès aux services médicaux essentiels. 117 600 femmes enceintes, dont 17 640 ayant des grossesses à risque pourraient avoir des difficultés à accéder aux soins prénataux, à l’accouchement en hôpital et aux soins postnataux. 133 000 enfants de moins de cinq ans risquent de ne pas pouvoir bénéficier à temps, ou même du tout, de tous les vaccins nécessaires.
– 26 centres de soins de santé primaire ont été isolés du reste du système de santé palestinien par le Mur. 52 % des médecins travaillant dans ces cliniques sont retardés pour accéder à leur lieu de travail, ou ne peuvent y accéder.