Le mois dernier, la police métropolitaine a perturbé une manifestation devant l’ambassade d’Israël à Londres. Un jeune homme palestinien tenant le drapeau palestinien a été arrêté. Bien qu’ils n’aient montré aucun signe de résistance, plusieurs agents de la police métropolitaine les ont plaqués au sol de manière agressive.
Organisée par des militants locaux, cette manifestation était une réponse directe à la récente agression militaire d’Israël à Gaza, début août, qui a tué au moins 49 Palestiniens, dont au moins 17 enfants et 4 femmes. Il est important de noter que le statut de 22 victimes reste indéterminé. Aucun Israélien n’a été tué ou gravement blessé.
Huda Ammori, cofondatrice de Palestine Action, a raconté son expérience de la brutalité policière lors d’un événement lié aux Palestiniens :
"J’ai été jetée au sol presque instantanément, menottée dans le dos. Le racisme de la police à mon égard était assez évident... les personnes qui avaient participé à des actions de rébellion d’extinction et à des manifestations n’avaient jamais vu ce type de brutalité utilisé contre elles".
Liens avec Israël
En effet, nous devons nous interroger sur les raisons d’un tel niveau de violence policière contre les Palestiniens, en particulier lors des manifestations demandant à ce qu’Israël soit tenu responsable des crimes de guerre qu’il commet.
Les archives montrent que la police métropolitaine envoie ses agents suivre des cours de formation dispensés par des représentants de l’armée israélienne. En 2014, au moins 80 personnels travaillant pour la Met se sont rendus en Israël pour suivre un programme de "tactique et stratégie".
"Leurs méthodes [celles d’Israël] sont développées dans un contexte, où les "citoyens" sont vus et traités comme un ennemi à écraser", explique le chercheur d’investigation Eran Efrati.
Amnesty International, qui a déclaré Israël coupable de pratiquer l’apartheid en 2021, a rapporté l’année dernière comment la police israélienne utilise "un catalogue de violations contre les Palestiniens", et que leurs actions son "répressives et discriminatoires". Si les forces partagent leur expertise, il n’est donc pas surprenant que les Palestiniens en Occident subissent une violence excessive similaire lors des manifestations.
En outre, étant donné l’intérêt de la Grande-Bretagne à préserver son héritage colonial, l’État travaille sans relâche à la sauvegarde des intérêts sociopolitiques et économiques d’Israël. Actuellement, des pressions sont exercées sur les institutions de tout le pays pour qu’elles adoptent la définition de l’antisémitisme de l’IHRA, dans le but de faire taire toute personne qui critique Israël. En outre, le gouvernement a introduit une législation anti-BDS qui peut effectivement criminaliser l’activisme palestinien.
De l’autre côté
En juillet, des agents de la police d’Oak Lawn, dans l’État de Chicago, ont eu recours à un usage excessif de la force contre un jeune Américain d’origine palestinienne qu’ils avaient arrêté et fouillé. Hadi Abuataleh a été frappé à plusieurs reprises d’un poing à l’arrière de la tête alors qu’il était maintenu au sol par un autre agent. L’adolescent, hospitalisé, souffre d’une hémorragie interne au cerveau et d’une fracture du nez.
La brutalité policière à l’encontre des Palestiniens ne date pas d’hier aux États-Unis.
L’Anti-Defamation League (ADL), une organisation anti-insurrectionnelle, a été fondée en 1913 pour protéger les intérêts mutuels des gouvernements américain et israélien. L’une de ses premières actions a été d’espionner des groupes aux États-Unis pour le compte du Mossad, le service de renseignement secret d’Israël. En 2017, l’ADL a dispensé des programmes de formation au racisme aux 160 membres du personnel du département de police de Skokie, à Chicago, en se concentrant sur des concepts tels que "l’identité, la culture, les préjugés implicites, les stéréotypes et la discrimination."
L’ADL organise également des voyages annuels en Israël, où des policiers américains sont formés par l’armée israélienne.
Comme la Grande-Bretagne, les États-Unis ont exprimé un soutien sans équivoque à Israël et ont travaillé sans relâche pour protéger ses intérêts depuis la Seconde Guerre mondiale. Par exemple, en mai 2021, l’administration Biden a approuvé des ventes d’armes pour un montant de 735 millions de dollars, alors qu’Israël avait tué au moins 66 enfants palestiniens à Gaza ce mois-là.
Les forces israéliennes continuent de faire la police des Palestiniens de manière inédite et brutale. Si ces méthodes coloniales de répression inspirent les sessions de formation de la police aux États-Unis et en Grande-Bretagne, cela ne peut que signifier de mauvaises choses. Ces institutions, qui ont été historiquement associées à la répression violente des communautés pauvres, migrantes et racisées, risquent d’aggraver leur comportement.
Les représentants du mouvement Black Lives Matter (BLM) ont rapidement identifié les "nombreux parallèles" de la violence des forces de police envers les Afro-Américains et les Palestiniens. Dans cette optique, les militants des États-Unis et de la Grande-Bretagne, qui subissent une forme similaire de brutalité de la part de l’État, doivent partager des idées, adopter et développer ultérieurement des méthodes conçues pour demander effectivement des comptes aux institutions, afin de mettre un terme à la brutalité policière persistante.
C’est aussi le seul moyen de mettre fin au ciblage de la solidarité avec la Palestine qui cherche à mettre fin à la violence coloniale d’Israël.
Ibrahim est un chercheur et un activiste palestinien basé au Royaume-Uni. Il a obtenu une maîtrise en études du Moyen-Orient à l’université de Leiden, avec une spécialisation sur la formation de la Palestine depuis la chute de l’Empire ottoman.
Traduction et mise en page : AFPS / DD