Un ministre palestinien a déclaré mercredi qu’une rare rencontre entre le président Mahmoud Abbas et le ministre israélien de la Défense Benny Gantz la veille était "la dernière chance avant l’explosion et de se retrouver dans une impasse".
Balayant les critiques sur la réunion au domicile de Gantz à Rosh Ha’ayin et la portée limitée de ses résultats, le ministre des Affaires civiles Hussein al-Sheikh l’a qualifiée de "tentative sérieuse et audacieuse vers une voie politique basée sur la légitimité internationale et la fin de l’escalade contre les Palestiniens".
President #Abbas meeting with Minister Gantz at the latters house is a challenge &the last chance before the explosion &finding ourselves at a dead end,its a serious &bold attempt to a political path based on international legitimacy &an end to the escalation against Palestinians https://t.co/CdiMT1M2x2
— حسين الشيخ Hussein Al Sheikh (@HusseinSheikhpl) December 29, 2021
Selon un communiqué israélien, M. Gantz a accepté de donner à l’Autorité palestinienne 100 millions de shekels (32 millions de dollars) à titre d’avance sur les taxes qu’Israël perçoit pour le compte de l’Autorité palestinienne et de délivrer des centaines de permis aux hommes d’affaires palestiniens afin de leur permettre de circuler relativement librement entre la Cisjordanie et Israël, ainsi que des dizaines de laissez-passer dits "VIP" pour les hauts responsables de l’Autorité palestinienne.
Gantz a également accepté d’accorder des droits de résidence à 6 000 personnes vivant en Cisjordanie sans statut légal et à 3 500 personnes dans la bande de Gaza. Les deux hommes ont également discuté de la nécessité d’approuver de nouveaux plans directeurs palestiniens en Cisjordanie.
Au cours de leur rencontre - la première visite officielle du président palestinien en Israël depuis plus d’une décennie - Abbas et Gantz ont discuté de diplomatie, a déclaré une source palestinienne à Haaretz, mais a souligné que la partie palestinienne ne s’attendait pas à ce que des progrès dans les pourparlers de paix avec les Israéliens se produisent dans un avenir proche.
"Nous ne parlons pas d’une percée, mais plutôt d’un effort pour faire avancer les choses", a déclaré la source. "[Abbas] n’aurait pas quitté Ramallah pour venir au domicile du ministre de la défense et ancien chef d’état-major de l’armée israélienne afin d’obtenir davantage de laissez-passer VIP et des dizaines de millions de shekels, qui sont de toute façon de l’argent palestinien", a ajouté la source.
Cette visite était la première rencontre officielle d’Abbas avec des responsables israéliens en Israël depuis 2010.
Le responsable palestinien a déclaré que les Palestiniens s’attendent à voir un changement sur le terrain à la suite de la réunion : "S’il y a un arrêt de l’agression des colons, une retenue sur la construction dans les colonies, l’avancement des plans de construction [palestiniens] dans la zone C en plus de l’avancement des mesures économiques, il ne fait aucun doute que cela soutiendrait le sentiment que quelque chose de positif se passe."
La zone C est la partie de la Cisjordanie où Israël exerce un contrôle civil et militaire total.
Mais la source a averti que si de telles mesures ne sont pas prises, "toute cette réunion se retournera contre Abbas et l’Autorité palestinienne". Des proches du président palestinien ont déclaré à Haaretz qu’avant la réunion, le terrain avait été préparé et des messages échangés afin de s’assurer que la réunion ne soit pas simplement de nature technique. Le président palestinien a également coordonné ses plans avec l’Égypte et la Jordanie, ainsi qu’avec l’administration Biden à Washington, ont-ils ajouté.
Les États-Unis ont exprimé leur approbation du renouvellement de la coordination, le porte-parole du département d’État, Ned Price, appelant sur Twitter les deux entités à "faire progresser la liberté, la sécurité et la prospérité des Palestiniens comme des Israéliens."
The U.S. is very pleased Defense Minister @GantzBe hosted PA President Abbas at his home in Israel. We hope confidence-building measures discussed will accelerate momentum to further advance freedom, security, and prosperity for Palestinians and Israelis alike in 2022.
— Ned Price (@StateDeptSpox) December 29, 2021
La réunion était initialement prévue la semaine dernière, mais M. Abbas a exigé des clarifications de la part d’Israël sur plusieurs questions, notamment la violence des colons en Cisjordanie et la liste noire des ONG palestiniennes établie par Israël, selon des sources israéliennes et palestiniennes.
Des responsables du Hamas et du Jihad islamique ont vivement critiqué M. Abbas au sujet de la réunion. Le porte-parole du Hamas, Hazem Kassem, l’a qualifiée de "coup de poignard dans le dos du peuple palestinien" et de rampement continu de la part des dirigeants palestiniens.
Le Jihad islamique a déclaré que cette réunion reflétait ce qu’il considérait comme le rôle inapproprié de l’Autorité palestinienne dans l’exécution des ordres d’Israël, ainsi qu’une tentative, "aux dépens des droits du peuple palestinien", de sortir les dirigeants de l’Autorité palestinienne de la crise à laquelle ils sont confrontés.
Traduction : AFPS