La première phase du processus de reconstruction va bientôt commencer dans la bande de Gaza, quatre mois après l’offensive meurtrière d’Israël.
Le plan de reconstruction a été établi par le ministère des travaux publics et du logement de Gaza, le comité du Qatar pour la reconstruction de Gaza et d’autres parties internationales.
Naji Sarhan, sous-secrétaire du ministère des travaux publics, a déclaré à Al Jazeera que plusieurs pays se sont engagés à contribuer au processus de reconstruction de Gaza et que les travaux commenceront d’ici octobre.
"Le Qatar a promis 500 millions de dollars pour reconstruire les unités résidentielles détruites lors de la récente offensive israélienne, tandis que l’Égypte a promis 500 millions de dollars qui iront aux infrastructures et aux rues détruites", a-t-il déclaré.
L’offensive de 11 jours en mai, qui a tué plus de 260 Palestiniens, dont 66 enfants, a été marquée par son intensité, le ciblage de maisons civiles et d’infrastructures.
Environ 2 000 maisons ont été détruites, en plus de 22 000 autres unités partiellement endommagées, ce qui a entraîné le déplacement de dizaines de milliers de Palestiniens. Au moins quatre tours d’habitation ont été rasées et 74 structures publiques ont été visées.
Selon Sarhan, les pertes de la récente guerre sont estimées à 497 millions de dollars.
"Le blocus israélo-égyptien de 14 ans sur la bande a imposé de nombreux obstacles au processus de reconstruction. Israël interdit les matériaux de construction à ses postes-frontières, ce qui a pour conséquence d’exacerber les conditions de vie des Palestiniens de Gaza", a déclaré M. Sarhan.
L’accord de reconstruction comprend trois phases. La première comprend la reconstruction de maisons résidentielles par le comité qatari, qui reconstruira 1 000 unités détruites, dont 800 ayant subi des dommages partiels.
Selon Sarhan, l’Égypte commencera la première phase dans les jours qui viennent. Les dispositions pour l’entrée des équipements de construction dans la bande de Gaza sont en cours via le poste frontière de Rafah.
Le Koweït s’était précédemment engagé à construire les tours bombardées lors de la dernière offensive, mais l’accord n’a pas été officiellement approuvé, a-t-il précisé.
"Nous espérons que d’autres donateurs se joindront au processus de reconstruction au cours des trois prochains mois, notamment le Conseil de coopération du Golfe (CCG) et l’Union européenne, et qu’ils contribueront à soutenir les secteurs industriel et agricole de Gaza", a déclaré M. Sarhan.
Une entrée stable
Salama Marouf, porte-parole du gouvernement de Gaza, a déclaré à Al Jazeera qu’Israël avait accepté de lever les restrictions imposées à l’entrée des matériaux de construction à Gaza.
Le mécanisme de reconstruction de Gaza (GRM) est un accord temporaire créé par les Nations unies et convenu par l’Autorité palestinienne et Israël en septembre 2014.
Ce mécanisme a été conçu pour répondre aux "préoccupations sécuritaires" d’Israël tout en autorisant l’entrée de matériaux de construction (agrégats, ciment et barres d’acier uniquement) dans la bande de Gaza pour être utilisés dans des projets de construction.
"Il y a beaucoup de matériaux dont l’entrée à Gaza est interdite car ils sont classés dans la liste à "double usage" d’Israël. Cette liste comprend de nombreux matériaux nécessaires tels que des pompes à eau, des ascenseurs, du fer, etc", a déclaré M. Marouf.
Toutefois, le principal obstacle que craint le comité de reconstruction de Gaza est le blocage des marchandises par Israël en dépit de l’accord.
"C’est le principal défi avec le siège continu imposé à Gaza. Israël peut à tout moment interdire l’entrée de matériaux de construction par son point de passage", a déclaré M. Marouf. "Nous espérons que les organisations donatrices et tous les partenaires garantiront une entrée stable des matériaux de construction comme convenu."
Le cycle économique à Gaza est dans l’impasse car il dépend entièrement du début du processus de reconstruction, a ajouté M. Marouf.
"Le taux de chômage des jeunes à Gaza est de 50 % et le processus de reconstruction contribuerait à créer des opportunités d’emploi, à injecter de l’argent et à créer un état de stabilité dans le pays."
Marouf a également averti que toute pause ou retard dans le plan de reconstruction déstabilisera le calme actuel dans la région.
"Si la pression se poursuit sur Gaza, il y aura une explosion imminente, dont les conséquences seront supportées par les Israéliens. La situation dans la bande de Gaza ne peut pas continuer de cette manière".
Selon Marouf, si tous les donateurs respectent leurs engagements et que les choses se déroulent comme prévu, la reconstruction sera terminée d’ici la fin de 2022.
Hosni Muhanna, chef du bureau des médias de Gaza, a déclaré que la municipalité se réjouit grandement des efforts de reconstruction.
"L’infrastructure de Gaza a été énormément affectée par les bombardements israéliens lors de la dernière offensive", a déclaré M. Muhanna. "Le fait de cibler les routes, les rues, les canalisations d’égout et l’évacuation des eaux de pluie a entraîné d’énormes destructions."
Muhanna a déclaré que la météo était maintenant un problème avec la baisse des températures.
"L’hiver est maintenant un défi principal car il va conduire à une augmentation du niveau de l’eau dans les basses terres, et il y a beaucoup de rues détruites dans les zones densément peuplées et les centres vitaux de la ville. On craint des glissements de terrain et des effondrements d’infrastructures si la reconstruction n’est pas accélérée", a-t-il déclaré.
"Jusqu’à présent, nous n’avons pas reçu de confirmation quant au début des travaux d’infrastructure, mais nous espérons qu’ils commenceront très bientôt."
Traduction : AFPS