Photo : Gaza © UNICEF - UNI580047 - El Baba
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré que son armée devait conserver un contrôle illimité sur la zone frontalière sud de Gaza avec l’Égypte, connue sous le nom de corridor Philadelphie, renforçant ainsi une position qui menace de faire échouer les efforts de cessez-le-feu.
La position de M. Netanyahu sur le corridor, dont les forces israéliennes se sont emparées en mai, est devenue le principal obstacle à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. La pression sur le dirigeant israélien s’accroît en raison des manifestations de masse organisées dans le pays pour exiger la conclusion d’un accord permettant de ramener les prisonniers chez eux et de l’indignation internationale face au nombre de Palestiniens dont il a été confirmé qu’ils ont été tués par l’armée israélienne dans la bande de Gaza, qui approche les 41 000.
« Gaza doit être démilitarisée, et cela ne peut se faire que si le corridor de Philadelphie reste sous contrôle ferme », a déclaré M. Netanyahu à des journalistes étrangers mercredi.
M. Netanyahu a déclaré qu’Israël devait conserver le contrôle du corridor afin d’empêcher la contrebande d’armes vers Gaza et qu’il n’envisagerait de se retirer de cet emplacement stratégique que si on lui présentait un plan alternatif pour assurer la surveillance de la zone.
« Amenez-moi quelqu’un qui nous montre qu’il peut réellement empêcher la réapparition de la contrebande », a-t-il déclaré. « Je ne vois rien de tel pour l’instant. Et jusqu’à ce que cela se produise, nous sommes là ».
Lorsque les journalistes lui ont demandé un calendrier pour la fin de la guerre d’Israël contre Gaza, M. Netanyahu a refusé d’en donner un.
« Combien de temps pouvons-nous faire cela ? Aussi longtemps qu’il le faudra pour remporter cette victoire. Et je pense que nous nous en rapprochons de plus en plus », a-t-il déclaré.
M. Netanyahu a fait l’objet de critiques virulentes de la part de nombreux Israéliens en raison de sa position sur le corridor Philadelphie, y compris au sein de son propre establishment militaire et sécuritaire, qui estime que les troupes israéliennes n’ont pas besoin d’être basées en permanence à Gaza et qu’elles pourraient, au contraire, lancer des raids ciblés en cas de besoin pour mettre fin à la contrebande d’armes.
L’Égypte, qui joue le rôle de médiateur dans les pourparlers sur le cessez-le-feu aux côtés des États-Unis et du Qatar, a également exigé un calendrier concret pour le retrait d’Israël du corridor qui longe sa frontière. Les Émirats arabes unis, qui ont établi des liens officiels avec Israël dans le cadre des accords d’Abraham de 2020, destinés à normaliser les relations israélo-arabes, ont également critiqué la décision d’Israël de contrôler le corridor mercredi.
Dans une déclaration publiée jeudi, le Hamas a rendu M. Netanyahu responsable de l’impasse dans laquelle se trouvent les pourparlers sur le cessez-le-feu et a accusé le dirigeant israélien de vouloir prolonger la guerre contre Gaza.
« La décision de Netanyahou de ne pas se retirer de l’axe de Salah al-Din [corridor Philadelphie] vise à empêcher la conclusion d’un accord », a déclaré le Hamas dans sa déclaration.
« Nous mettons en garde contre le fait de tomber dans le piège et les astuces de Netanyahou, qui utilise les négociations pour prolonger l’agression contre notre peuple », a déclaré le Hamas, ajoutant qu’Israël devait être tenu de respecter l’accord conclu au début de l’année.
« Nous n’avons pas besoin de nouvelles propositions. Ce qu’il faut maintenant, c’est faire pression sur Netanyahou et son gouvernement et les obliger à respecter ce qui a été convenu », peut-on lire dans la déclaration.
Lors de son intervention devant les journalistes mercredi, M. Netanyahu a également affirmé à tort que l’invasion terrestre de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, par Israël en mai, avait entraîné la première libération de prisonniers israéliens détenus par le Hamas à Gaza.
Cette libération négociée a en fait eu lieu quelques mois plus tôt, en novembre, dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu d’une semaine conclu entre Israël et le Hamas.
La trêve entre Israël et le Hamas a débuté le 24 novembre et a été renouvelée deux fois.
En vertu de cet accord, les combats ont été interrompus et l’aide humanitaire a été autorisée à entrer dans la bande de Gaza, tandis que le Hamas libérait des prisonniers en échange de la libération par Israël de prisonniers palestiniens.
À la fin de la trêve de six jours, le 30 novembre, 105 prisonniers avaient été libérés par le Hamas et 240 prisonniers palestiniens avaient été libérés par Israël.
Traduction : AFPS