Photo : De l’eau sale dans les rues de Deir al-Balah. Crédit : Abubaker Abed / The Electonic Intifada.
Ahmad al-Tahrawi travaille comme médecin bénévole à l’hôpital des Martyrs d’al-Aqsa, dans la ville de Deir al-Balah, au centre de Gaza, depuis le début de l’actuelle guerre génocidaire.
Le système de santé de Gaza a été soumis à ce qu’il appelle une pression "insupportable" au cours des dix derniers mois.
"La situation s’aggrave de jour en jour", a-t-il déclaré.
"L’une des conséquences est que nous traitons les symptômes et non les causes des maladies. Et si la guerre continue, nous ne pourrons bientôt plus le faire."
Des mares d’eaux usées et des tas d’ordures sont visibles dans les rues de Gaza. Les maladies de la peau et les cas d’hépatite A ont augmenté de façon spectaculaire.
"Il y a de nombreuses raisons à la propagation des maladies de la peau et des infections virales", a déclaré al-Tahrawi. "Les principales raisons sont le manque d’hygiène et de matériel de nettoyage."
En bloquant l’entrée des produits utilisés pour le nettoyage, Israël a délibérément provoqué des maladies" a-t-il affirmé.
"La surpopulation joue également un rôle majeur dans la crise sanitaire" a-t-il ajouté. "Vivre dans des tentes n’aide en rien."
Al-Tahrawi déplore que les médecins doivent prescrire divers types de médicaments, sachant qu’ils ne sont pas disponibles.
"La situation est devenue plus que désastreuse" a-t-il déclaré. "La seule solution est de mettre fin à la guerre et de rouvrir les points de passage [pour les marchandises et les personnes].
Abdullah a été déraciné de sa maison dans le camp de réfugiés de Jabaliya, au nord de Gaza, au cours des premières semaines de la guerre.
Il vit désormais au Collège technique palestinien de Deir al-Balah. Le collège a été transformé en l’un des plus grands abris pour les personnes déplacées à Gaza.
Abdullah souffre d’une éruption cutanée et n’a pu trouver aucune crème susceptible de la soulager.
Il doit toujours porter les mêmes vêtements et n’a pas assez d’argent pour en acheter de nouveaux.
"Je peux à peine me procurer de la nourriture pour moi et ma famille" a-t-il expliqué.
Abdullah a du mal à se reposer dans la chaleur de l’été. En l’absence d’air conditionné, il s’est fabriqué un ventilateur rudimentaire.
"Je prends un morceau de carton et je l’agite devant mon visage" raconte-t-il. "C’est comme ça que j’arrive à m’endormir.
Pompes à eaux usées détruites
Fadel a également été déplacé du nord de Gaza. Il vit maintenant dans une école de Deir al-Balah et a remarqué des taches rouges sur sa peau.
"La surpopulation et les mauvaises conditions sanitaires dans les abris sont mortelles" a-t-il déclaré.
"Lorsque nous voyons quelqu’un qui a une infection, nous essayons de nous isoler. Mais c’est impossible."
Fadel note qu’il "s’abrite dans un endroit où il n’y a aucun moyen de vivre".
Il a une vingtaine d’années et ne peut pas voir ses parents. Ils sont restés dans le nord de Gaza.
"Je suis absolument déprimé et traumatisé par la guerre" a-t-il expliqué. "Je n’ai jamais ressenti autant de douleur et d’humiliation.
Le virus de la polio a récemment été détecté dans des échantillons d’eaux usées de Gaza.
Bien qu’aucun cas de polio n’ait encore été confirmé, l’Organisation mondiale de la santé a averti que ce n’est qu’une question de temps avant que la maladie n’atteigne les enfants qui n’ont pas été vaccinés.
Comme 70 % des pompes à eaux usées ont été détruites et que toutes les stations d’épuration ne fonctionnent plus, la situation constitue un "terreau idéal" pour la polio, selon l’Organisation mondiale de la santé.
Les taux de vaccination ont chuté en raison de la guerre génocidaire. Un nombre important d’enfants n’est donc pas protégé contre la polio, une maladie qui peut entraîner la paralysie.
Firas est le père de deux filles âgées de 3 et 1 an.
Lui et sa famille vivent actuellement dans une tente. Celle-ci se trouve à al-Mawasi, dans le sud de la bande de Gaza.
"Je ne sais pas quoi faire pour protéger mes enfants de la polio" a-t-il déclaré. "Cette maladie mortelle pourrait se propager parmi nos enfants à tout moment."
Islam est la mère de trois enfants, dont un bébé. Ils sont hébergés dans une école de Deir al-Balah.
L’eau y est polluée et sa famille n’a pas de savon.
"Nous vivons dans un endroit où il y a des maladies" dit-elle. "Il est facile pour la polio de se propager parmi nous."
Maha a deux enfants, âgés de 2 et 5 ans.
Son mari a été placé en détention par les forces israéliennes. Elle vit avec ses parents et d’autres membres de sa famille élargie dans le nord de Gaza.
"Comment puis-je protéger mes enfants d’une contamination par le virus de la polio ? "Tout ce qui les entoure est pollué.
Abubaker Abed et Khuloud Rabah Sulaiman sont des journalistes basés à Gaza.
Traduction : AFPS