En prenant d’assaut le Centre Culturel Yabous et le Conservatoire National de Musique Edward Saïd, la police israélienne vise la présence des institutions palestiniennes à Jérusalem.
Le mercredi 22 (juillet), la police israélienne, les services de sécurité et les services fiscaux ont pris d’assaut les deux institutions, ont mené une fouille pendant plusieurs heures et ont confisqué des dossiers, des registres financiers et des ordinateurs. La police et les services de sécurité ont fait une descente chez les directeurs des deux institutions, M. Suhail Khoury, Mme Rania Elias, les ont arrêtés, et le soir ils ont été libérés sous caution. Ils ont fait de même chez Daoud Al-Ghoul, l’ancien gérant du Consortium Shafaq, et ils l’ont arrêté.
La justification par la police de la descente dans ces institutions a été de dire qu’« il y a des soupçons de liens entre les deux institutions et des organisations terroristes y compris en matière de financement ». La Coalition civique pour les droits des Palestiniens à Jérusalem (CCPRJ) est fortement préoccupée par l’intensification de la politique du gouvernement israélien contre les institutions citoyennes palestiniennes à Jérusalem et contre la vie militante palestinienne dans les domaines sociaux et culturels.
La campagne israélienne contre les institutions palestiniennes et les arrestations arbitraires ne visent pas seulement la société citoyenne, mais aussi la présence palestinienne publique et officielle dans la ville de Jérusalem. Le 19 juillet, la police israélienne a pour la quatrième fois cette année fait une descente chez le gouverneur de Jérusalem, M. Adnan Gaith, et l’a arrêté. Le ministre de Jérusalem, M. Fadi Al-Hidmi a également, plusieurs fois cette année, subi une descente de la police chez lui et été arrêté.
Le 8 juillet, la police israélienne a pris d’assaut le service des Cartes et du Système d’Information Géographique, en le fouillant, en confisquant des ordinateurs et des dossiers et en arrêtant pendant quelques heures le directeur du service, M. Khalil Tafakji, à la Société d’Etudes Arabes, à Jérusalem-Est occupée. L’action de la police était fondée sur l’affirmation que « les travaux de ce service violent la souveraineté israélienne à Jérusalem ».
Le mercredi 20 novembre 2019, le Ministère de la sécurité intérieure a ordonné la fermeture pendant 6 mois de trois institutions palestiniennes à Jérusalem-Est occupée, sous le prétexte d’un fonctionnement à Jérusalem sans autorisation. Ces institutions comprennent les bureaux de la direction de l’éducation des Waqf [1] dans la vieille ville, la Société de Médias Al-Arz d’où la TV palestinienne émet et le Centre Arabe de Santé. La police a arrêté les personnes responsables de ces institutions et a confisqué certains dossiers et appareils provenant de ces institutions.
« Une bataille féroce pour l’avenir de l’identité de Jérusalem est en cours ici, et toutes les mesures doivent être prises pour contrecarrer les tentatives de l’AP pour inciter à résider à Jérusalem-Est pour contrer Israël », a déclaré Erdan [2] (The Jerusalem Post).
La politique du gouvernement israélien contre les institutions palestiniennes, soit publiques, soit de la société citoyenne est une violation flagrante des droits des Palestiniens qui ont été instaurés par le droit humanitaire international et le droit international des droits de l’Homme. Il s’agit d’une partie de la politique ancienne et partielle de la la politique israélienne systématique et globale, et de la campagne contre la présence des Palestiniens et de leur identité dans la ville de Jérusalem.
Contexte :
Depuis août 2001, les autorités israéliennes ont fermé, de façon permanente ou temporaire, au moins 45 institutions publiques ou ONG palestiniennes à Jérusalem-Est occupée, parmi lesquelles le siège de l’OLP (Maison de l’Orient), la Chambre de Commerce de Jérusalem, la Société d’Etudes Arabes, l’Association du Forum Culturel, la Chambre de Commerce Agricole et Industrielle, le Haut Conseil du Tourisme, et le Centre de Micro-Projets créé par l’Union Européenne. En 2009, les autorités israéliennes ont aussi interdit de nombreuses activités pacifiques, culturelles ou éducatives, en réaction à des organisations faisant la promotion de leurs initiatives sous le titre de « Jérusalem, Capitale de la Culture Arabe ». Le Théâtre National Palestinien, qui accueille des festivals de danses folkloriques, des expositions artistiques, et un festival de littérature palestinienne, a aussi été l’objet de plusieurs ordres de fermeture. Toutes les activités ci-dessus étaient des initiatives publiques au service du développement à Jérusalem de la société, de la culture et de l’économie palestiniennes.
La politique israélienne de fermeture des institutions palestiniennes et d’interdiction d’activités publiques palestiniennes a systématiquement détruit la liberté d’expression et de réunion des Palestiniens, et étouffé le développement politique, social, culturel et économique des Palestiniens à Jérusalem-Est occupée. C’est une politique de persécution menée contre la société palestinienne organisée qui continue à résister à la myriade de lois, de pratiques et de mesures arbitraires et discriminatoires, par laquelle Israël cherche à annexer de façon permanente la ville palestinienne occupée et à la transformer en une ville principalement judéo-israélienne.
Fondée sur le fait que le droit à l’auto-détermination des Palestiniens à Jérusalem-Est occupée est universellement reconnu, la Coalition civique pour les droits des Palestiniens à Jérusalem appelle la communauté internationale à protéger les institutions palestiniennes et la liberté d’expression et de réunion des Palestiniens à Jérusalem-Est occupée. Le droit à la liberté d’expression et de réunion est essentiel pour garantir l’auto-détermination et le développement dans la ville et constitue une condition sine qua non de la paix.
La Coalition appelle la communauté diplomatique à agir immédiatement et efficacement afin de garantir qu’Israël abrogera ses ordres de fermeture du Service des Cartes et du Système d’Information Géographique et de toutes les autres institutions palestiniennes concernées à Jérusalem-Est.
Nous exhortons aussi l’UE à adopter les recommandations pertinentes contenues dans les rapports annuels des chefs des missions de l’UE sur Jérusalem-Est, à exercer une pression intensive sur Israël pour permettre la réouverture de toutes les institutions palestiniennes, et à fournir la protection diplomatique demandée pour les activités publiques à Jérusalem-Est occupée des organisations palestiniennes officielles ou de la société citoyenne.
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers
The Civic Coalition for Palestinian Rights in Jerusalem (CCPRJ)
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