Un grand nombre de manifestants ont pris part à la manifestation organisée ce mardi matin par les habitants de Bil’in, village situé à l’ouest de Ramallah, en Cisjordanie. La manifestation a été organisée après que les habitants eurent appris que la construction du mur devait reprendre dans la matinée et que l’armée israélienne allait commencer à tronçonner les oliviers du village.
« C’est le comité populaire de la résistance contre le mur qui a organisé l’action, durant laquelle un groupe de jeunes du village se sont attachés les uns aux autres au moyen de boîtes en métal formant une sorte de barrière humaine. Celle-ci était destinée à faire obstacle aux bulldozers et aux soldats. » a déclaré Mohammad Al-Khatib lors d’un entretien téléphonique.
« Notre action a débuté à 6h00 ce matin. Son but est de révéler ce fait : le mur est en train de nous tuer et nous protégerons notre terre avec nos corps ».
« Certains villageois se sont enchaînés les uns aux autres, faisant un mur pour que les soldats ne puissent pas les déloger » a t-il déclaré, ajoutant que 50 soldats sont finalement arrivés sur le lieu de protestation.
« Certains soldats ont attiré l’attention des caméramen qui étaient en train de filmer tandis que d’autres tentaient d’arrêter et de frapper les manifestants ».
- Bil’in, 3 juin 2005
« Quand nous nous sommes trouvé à l’écart des caméras, à peu près 7 soldats m’ont frappé avec leurs matraques ».
Mohammad Al-Khatib ajoute que les troupes ont utilisé des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour disperser les manifestants, lesquels n’ont pas obtempéré à l’ultimatum lancé par les soldats leur intimant de quitter les lieux dans les cinq minutes.
Selon les témoins, les soldats ont arrêté deux Palestiniens, Ashraf et Nabil Abu Rahma. D’autres villageois ont tenté de parlementer pour obtenir la libération de ce dernier après qu’il eut été sévèrement battu par les militaires. Il a été conduit à l’hôpital pour y être soigné tandis qu’Ashraf est toujours détenu par l’armée.
En outre, les soldats ont arrêté un militant israélien, Cobi ainsi qu’une ressortissante britannique Esther Cohen (relâchée quelques heures plus tard). Ils les ont emmenés vers une destination inconnue.
Amr Burnat, habitant de Bil’in, a également été blessé au dos par une balle en caoutchouc. Sa blessure est considérée comme mineure.
Bil’in est un village qui compte 1600 habitants à l’ouest de Ramallah. Selon eux, le tracé du mur, tel qu’il est planifié, va conduire à la confiscation de 50% des terres (Avant septembre 2000, beaucoup d’habitants de Bil’in travaillaient en Israël.
Le chômage atteint 60% aujourd’hui. La survie du village dépend pour l’essentiel de ses ressources agricoles) « Ces trois derniers mois, le village a organisé des manifestations non-violentes contre le mur, dans l’espoir de faire cesser sa contruction sur leurs terres et la destruction de leurs arbres ainsi que de leurs champs par les bulldozers » a déclaré Mohammad Al Khatib (ces manifestations sont le plus souvent composées des habitant de Bil’in, de membres de l’AATW (Anarchists Against The Wall) et de l’ISM ). Celui-ci a insisté sur le fait que leurs actions étaient non-violentes, concédant qu’à quelques reprises des pierres avaient été jetées.
Il a toutefois démenti les allégations selon lesquelles des soldats avaient été blessés pendant la manifestation, ajoutant, du reste, qu’il ne s’agissait là que de propagande israélienne.
« Lors de notre dernière manifestation, où nous avons utilisé des cercueils, l’armée a convié les médias sur place, lesquels ont été témoins du caractère non-violent de notre action »
Interrogé sur sa croyance en l’action non-violente, Al Khatib a déclaré : « Nous sommes une nation occupée. Nous voulons combattre l’occupation. Et par la non-violence nous mettons en lumière la violence de la réponse israélienne et disons la vérité au monde sur la façon dont Israël nous traite ».
Samedi dernier, les habitants de Bil’in ont porté des tombeaux en guise de protestation et ont marché ainsi en direction de la zone de construction du mur. Les tombes portaient des inscriptions telles que « vie », « humanité », « paix », « justice », « droits humains » et « liberté », symbolisant par là que le mur réduit à néant toutes ces valeurs.