Ciamak Morsadegh est sur ses gardes. Pour le seul député juif iranien, parler à des journalistes de sa communauté est un exercice périlleux. À l’entendre, les tensions entre l’État hébreu et son pays, notamment sur le dossier nucléaire – il ne croit pas à une attaque militaire contre l’Iran – n’affectent pas les juifs iraniens. Ces derniers continuent de vivre « normalement et librement », alors que le président Ahmadinejad menace régulièrement de « rayer » Israël « de la carte ».
Comme son prédécesseur, l’ancien député Morris Motamed, l’homme, né il y a quarante-quatre ans à Chiraz (sud-ouest du pays), s’offusque des propos tenus lors de la conférence sur l’Holocauste organisée à Téhéran par le gouvernement Ahmadinejad en décembre 2006. « Il est impossible de nier l’Holocauste. Sa dimension et sa réalité ne font aucun doute », insiste Ciamak Morsadegh. « Si le président Ahmadinejad a dit que c’était un mythe, cela ne reflète pas l’opinion des responsables iraniens. » Et d’insister : « Le génocide a eu lieu en Europe et des intellectuels comme Céline », mais aussi certains « dans l’Église catholique ont eu des positions très antisémites à l’époque ». Selon lui, « l’antisémitisme n’existe pas dans (son) pays ».
La présence juive en Iran est très ancienne et a précédé l’islam. Les premiers juifs, arrivés vers 680 avant J.-C., fuyaient le roi assyrien Nabuchodonosor II, d’autres vinrent s’installer en Perse après avoir été libérés de l’esclavage par Cyrus le
Grand, lors de la conquête de Babylone. « Nous avons toujours participé à la vie culturelle, intellectuelle ou commerciale du pays », insiste Ciamak Morsadegh, élu au Parlement en 2008, par ailleurs chirurgien et président du Dr. Sapir Hospital and Charity Center, à Téhéran.
Pourquoi la communauté est-elle réduite à 25 000 personnes ? « C’est la plus importante au Moyen-Orient, en dehors d’Israël. Nos problèmes ne sont pas considérables. Notre situation ne cesse de s’améliorer », assuret-il. Tous, comme les chrétiens et les zoroastriens, les juifs semblent s’accommoder de leur statut de minorité qui leur donne droit à élire un député au Parlement.
Certaines professions leur sont difficiles d’accès, comme l’administration ou l’armée, alors même qu’ils font leur service militaire. Les juifs iraniens pratiquent librement leur culte dans les 50 synagogues actives du pays, font le shabbat et possèdent leurs écoles. « Ils voyagent même en Israël. D’un côté comme de l’autre, tout le monde ferme les yeux », confie celui qui, en dénonçant au Parlement iranien l’intervention israélienne à Gaza, a provoqué la colère des médias israéliens.
"En exergue, cette citation prise dans le texte :"
"Les juifs iraniens pratiquent librement leur culte dans les 50 synagogues actives du pays."