Anne Hidalgo et sa majorité l’avaient promis : la création à Paris d’une place de Jérusalem ne devait devenir « ni un objet géopolitique ni un élément de crispation ». Pas question d’« importer dans les rues de Paris un climat explosif » en y rejouant le conflit israélo-palestinien, avait assuré Catherine Vieu-Charier, l’adjointe communiste chargée du dossier. C’est raté.
De jour en jour, la polémique enfle autour de cette dénomination, et l’inauguration officielle prévue dimanche 30 juin s’annonce chahutée. Les écologistes et les communistes alliés de la maire socialiste lui demandent à présent d’abandonner le projet, tandis qu’une manifestation de protestation est prévue aux abords de la place le jour même de l’inauguration.
En avril, la proposition de donner le nom de Jérusalem à la place située à l’intersection de la rue de Courcelles et du boulevard de Reims, dans le 17e arrondissement, n’avait suscité aucune remarque au sein de la commission des dénominations. Au conseil municipal, le 12 juin, elle avait aussi été adoptée sans trop de difficulté, seule Danielle Simonnet (La France insoumise) ayant voté contre. Elle avait proposé d’ajouter, sous les mots « Place de Jérusalem », une précision : « Avec le vœu qu’elle devienne la future capitale de deux Etats. » Cet amendement avait été rejeté.
Aux abords d’un lieu « hautement symbolique »
Une rue de Jérusalem a longtemps existé à Paris, jusqu’à ce que les travaux d’Haussmann la fassent disparaître, en 1883. Pour la plupart des élus, rétablir cet « hommage » à une « ville amie », « remarquable », à l’histoire « riche et complexe », ne semblait pas soulever de problème majeur, compte tenu des garanties données que cette opération ne serait pas instrumentalisée politiquement.
Mais la mesure à peine votée, le cri de victoire poussé par le président du Consistoire central a placé l’affaire sous un nouvel éclairage. Cette décision « fait suite à ma proposition exprimée en janvier, lors de la réception du président de la République d’Israël Reuven Rivlin à l’Hôtel de Ville », a expliqué Joël Mergui, en dévoilant des courriers échangés peu avant avec la maire de Paris.
Anne Hidalgo y justifiait son intérêt pour la création d’une place de Jérusalem par la nécessité, « en cette période de recrudescence des actes à caractère raciste et antisémite », de rappeler les liens entre Paris et la « communauté juive » et de « commémorer l’amitié qui unit la Ville de Paris à l’Etat d’Israël ». Elle soulignait aussi que la future place se trouverait « aux abords » d’un lieu « hautement symbolique » : le futur Centre européen du judaïsme. ...