Lina Abu Akleh, la nièce de la journaliste, a déclaré que la famille a souligné lors de la réunion de mardi la nécessité d’une "enquête américaine qui mène à une véritable responsabilité".
"Bien qu’il ait pris certains engagements concernant le meurtre de Shireen, nous attendons toujours de voir si cette administration répondra de manière significative à nos appels en faveur de #JusticeForShireen", a écrit Lina Abu Akleh sur Twitter après les entretiens avec Joe Biden.
Elle a également réitéré la demande de la famille de rencontrer le président Joe Biden, ce qui, selon elle, montrerait que "le cas de Shireen est une priorité pour cette administration."
Lina Abu Akleh a déclaré que Blinken avait dit à la famille que la protection des citoyens américains était son devoir. "Rien de moins qu’une enquête américaine qui mène à une véritable responsabilité n’est acceptable, et nous ne nous arrêterons pas tant qu’aucune autre famille américaine ou palestinienne n’endurera la même douleur que nous", a-t-elle écrit.
Les proches d’Abu Akleh avaient demandé à rencontrer Biden lors de sa visite en Israël et en Cisjordanie occupée au début du mois, mais le président américain n’a pas accédé à leur requête.
"Puisque le président n’est pas venu nous voir à Jérusalem pour entendre directement notre chagrin, notre indignation et nos préoccupations concernant l’absence de réaction de son administration à l’assassinat extrajudiciaire de Shireen, nous avons décidé de venir le voir", a déclaré la famille Abu Akleh dans une déclaration rapportée par Politico plus tôt dans la journée de mardi.
Peu avant la fin de la réunion de la famille avec M. Blinken, le porte-parole du Département d’État, Ned Price, a déclaré que le secrétaire réitérerait l’appel des États-Unis à la responsabilité dans cette affaire tout en écoutant le point de vue des proches d’Abu Akleh.
"Une partie de cette réunion est l’occasion pour le secrétaire d’État de leur transmettre des messages - un message de condoléances, un message sur la priorité que nous accordons à la responsabilité à l’avenir", a déclaré M. Price.
"Mais cela offre également une opportunité pour le secrétaire d’entendre la famille, d’entendre leur point de vue important, d’avoir un dialogue dans les deux sens."
Lors d’un point de presse mardi, M. Price a mentionné à plusieurs reprises la "responsabilité", mais n’a pas fourni de détails sur ce à quoi cette responsabilité ressemblerait. Au lieu de cela, il a souligné que Washington s’engageait en privé avec ses "partenaires israéliens et palestiniens" sur cette question.
Le 4 juillet, le Département d’État a reconnu que la balle mortelle qui a touché Abu Akleh provenait probablement d’une position de l’armée israélienne, mais il a présenté le meurtre du journaliste comme le "résultat involontaire de circonstances tragiques".
L’administration américaine a également déclaré qu’une "analyse médico-légale détaillée" de la balle avait conclu qu’elle était trop endommagée pour en déterminer la provenance.
Bien que des séquences vidéo, des témoignages et de multiples enquêtes menées par des médias indépendants aient montré qu’il n’y avait pas de Palestiniens armés dans la zone où Abu Akleh a été tuée, la déclaration américaine a souligné le contexte du raid israélien et de la fusillade comme une réponse à "une série d’attaques terroristes en Israël".
Plus tard dans la journée de mardi, Lina Abu Akleh a déclaré à Al Jazeera que la famille avait critiqué la déclaration du Département d’État du 4 juillet lors de la réunion avec Biden.
"Ce n’était pas une enquête, et nous avons exprimé à quel point elle était préjudiciable à la vérité", a-t-elle déclaré.
À la question de savoir si l’administration Biden traitait la question avec sérieux ou si elle essayait simplement de contenir les retombées publiques du meurtre, Lina Abu Akleh a répondu : "Nous espérons voir des actions significatives et pas seulement des déclarations... Nous voulons que les responsables rendent des comptes, afin d’éviter que cela n’arrive à d’autres citoyens américains palestiniens ou aux Palestiniens en général."
Lors d’une conférence de presse conjointe avec le président palestinien Mahmoud Abbas le 15 juillet, M. Biden a promis de " continuer à insister sur la nécessité de rendre des comptes complets et transparents " sur le meurtre de la journaliste.
Mais alors que les États-Unis ont promis de maintenir leur soutien inconditionnel à Israël lors de réunions avec les dirigeants israéliens, au cours desquelles le meurtre d’Abu Akleh n’a pas été évoqué publiquement, les défenseurs de la liberté de la presse et des droits des Palestiniens ont mis en doute la déclaration du président.
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a accueilli "prudemment" la promesse de M. Biden de faire en sorte que les responsables de ce meurtre répondent de leurs actes au début du mois. Mais le CPJ s’est dit "déçu" que le président ne se soit pas engagé à ce que le FBI mène une enquête ou à rencontrer la famille de la journaliste tuée lors de sa visite.
"L’administration Biden doit comprendre que la campagne en faveur d’une véritable justice pour Shireen n’est pas près de s’arrêter et que toute perception d’indifférence à l’égard des journalistes rendrait un très mauvais service aux droits de l’homme que le président américain prétend chérir", a déclaré à l’époque Sherif Mansour, coordinateur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord du CPJ, dans un communiqué.
Entre-temps, la famille d’Abu Akleh a mis l’accent sur les efforts du Congrès, notamment les nombreuses lettres adressées à l’administration Biden, demandant une enquête indépendante sur l’incident.
"Il convient de noter qu’à ce jour, 24 sénateurs américains et 57 membres de la Chambre des représentants ont demandé à l’administration Biden d’ouvrir une enquête américaine approfondie, crédible, indépendante et transparente sur le meurtre de Shireen, et nous sommes reconnaissants à chacun d’entre eux", a déclaré la famille dans son communiqué mardi.
"Nous allons rencontrer certains de ces membres cette semaine, et nous les remercions d’avoir pris le temps de discuter des prochaines étapes autour du cas de Shireen."
Traduction et mise en page : AFPS /DD
Photo : Lina Abu Akleh se tient devant le Département d’État à Washington après avoir rencontré le Secrétaire d’État américain Antony Blinken. [Olivier Douliery/AFP]