Photo : Ubai Aboudi de Bisan, deuxième à gauche, et Sahar Francis d’Addameer, deuxième à droite.
La directrice d’une ONG palestinienne qu’Israël a déclarée organisation terroriste l’année dernière a été interdite d’embarquer sur un vol à destination des États-Unis.
Sahar Francis, la directrice d’Addameer - directrice de l’organisation Addameer de soutien aux prisonniers et de défense des droits de l’Homme - a cherché à se rendre samedi à une conférence de groupes de la société civile au Mexique, mais a été informée qu’elle n’était pas autorisée à embarquer sur son vol à son arrivée à l’aéroport international Ben-Gourion.
Dans un autre incident, Israël a empêché le directeur de l’ONG Bisan - Ubai Aboudi qui voulait assister à la même conférence - d’entrer en Jordanie depuis la Cisjordanie.
Sahar Francis a déclaré qu’elle essayait de passer par les États-Unis pour se rendre à la conférence du Forum social mondial. Lorsqu’elle est arrivée au comptoir d’enregistrement d’American Airlines, on lui a dit qu’elle ne pouvait pas monter à bord de l’avion car elle n’était pas autorisée à entrer aux États-Unis, bien qu’elle ait un visa valide, a-t-elle dit. Les vols de correspondance aux États-Unis nécessitent un tel visa.
Addameer et Bisan font partie des six groupes de la société civile que le ministre de la Défense Benny Gantz a qualifiés d’organisations terroristes pour avoir aidé et soutenu le Front populaire de libération de la Palestine, le FPLP. Les États-Unis ne se sont pas associés à cette désignation et ont exigé des clarifications de la part d’Israël après la désignation en octobre.
En ce qui concerne Sahar Francis, qui a la citoyenneté israélienne, l’ambassade des États-Unis à Jérusalem a déclaré que "En règle générale, le Département d’État ne fait pas de commentaires publics sur le statut de visa d’un individu ou sa capacité à entrer aux États-Unis."
Le porte-parole du département d’État américain, Ned Price, a déclaré lundi "Je ne peux rien dire d’ici sur les spécificités d’un dossier de visa particulier." La semaine dernière, M. Price a déclaré que "nous examinons" les informations fournies par Israël concernant la détermination de ces groupes comme organisations terroristes.
Des responsables en Israël ont déclaré qu’ils n’avaient pas empêché son départ du pays. American Airlines a déclaré à Haaretz qu’elle avait été empêchée de monter à bord de l’avion en raison d’une décision des services d’immigration américains.
Diala Shamas, avocate au Centre pour les droits constitutionnels aux États-Unis, a déclaré à Haaretz que ce qui est arrivé à Sahar Francis correspond aux incidents dans lesquels un passager a été inclus dans la liste américaine dite "No Fly List." Elle a fait remarquer que les autorités américaines ne confirment ni ne nient l’existence de cette liste et que les personnes ne sont pas informées à l’avance de leur inscription sur la liste et qu’elles le découvrent généralement à l’aéroport lorsqu’un fonctionnaire de la compagnie aérienne leur refuse l’embarquement.
Ubai Aboudi a tenté de quitter Israël pour la Jordanie en passant par le poste frontière du pont Allenby, le seul ouvert aux Palestiniens, mais l’autorisation lui a été refusée. Il a déclaré qu’on ne lui a pas dit pourquoi, et que sa demande de parler à un officier supérieur a été refusée. Il a déclaré s’être rendu en Jordanie le mois dernier sans encombre.
Les responsables de la sécurité n’ont pas fait de commentaire officiel concernant ses allégations, mais une déclaration au nom de l’établissement de sécurité a déclaré que les responsables du Shin Bet ont empêché sa sortie parce qu’il avait purgé une peine de prison en Israël et non en raison de son rôle chez Bisan.
Ubai Aboudi a été arrêté en 2019 parce qu’il était soupçonné d’appartenir au FPLP. Il a passé des mois en détention administrative. Huit mois après son arrestation, il a été reconnu coupable dans le cadre d’une négociation de plaidoyer et condamné à un an de prison. Il nie tout lien avec le FPLP et a déclaré avoir signé l’accord de plaidoyer uniquement pour sortir de prison. En novembre, il a été signalé que des logiciels espions Pegasus avaient été trouvés sur son téléphone et sur ceux de cinq autres militants palestiniens.
Addameer a déclaré dans un communiqué : "La décision d’empêcher les cadres des organisations de la société civile palestinienne de voyager et de s’exprimer frise une escalade dangereuse de la campagne de harcèlement et d’isolement que mène Israël."
Traduction : AFPS