Coincée entre deux clôtures qui entourent la colonie juive d’Itamar, dans le nord de la Cisjordanie, l’oliveraie de 280 arbres devient chaque année plus difficile d’accès pour ces paysans.
« Avant le déclenchement de l’intifada (en septembre 2000), nous pouvions nous rendre sans entrave pour faire la cueillette et retourner chaque soir avec 20 sacs d’olives. Maintenant la cueillette est beaucoup plus pauvre », se plaint Mahmoud Qoriq, le patriarche septuagénaire du clan. « Les colons nous jettent des pierres, ils nous insultent, ils nous crient de partir et l’armée ne fait rien », s’insurge-t-il.
Selon ces paysans, la cueillette est trois fois inférieure à celle d’antan. Ce n’est pas seulement à cause de la difficulté de soigner les arbres entre les cueillettes mais tout bonnement parce que les colons d’Itamar s’emparent furtivement de la récolte. « Je les ai vus cueillir nos olives l’autre jour », témoigne Zuheir Darawsheh, 27 ans, dont la famille possède une oliveraie de 250 arbres coupée en deux par une clôture. Un colon qui arrive sur les lieux, fusil M-16 en bandoulière, dément quant à lui ces vols, tout en jugeant « honteux » que les Palestiniens, protégés en principe par l’armée, puissent être autorisés à faire la récolte, tout près de l’implantation.
Itamar, un bastion ultranationaliste, en friction permanente avec les villages arabes voisins, avait été en 2002 la cible d’une meurtrière attaque palestinienne.
Les arbres centenaires ne constituent pas seulement une source de revenu importante pour les Palestiniens, mais un véritable symbole national de résistance à l’occupation et la colonisation. Au cours des années précédentes, les récoltes ont été troublées par des violences de colons, alors que des pacifistes israéliens et des volontaires internationaux venaient prêter main-forte aux fermiers palestiniens.
L’ONG israélienne de défense des droits de l’homme Yesh Din (Il y a une loi) accuse l’armée israélienne d’avoir fermé les yeux l’an dernier sur les exactions des colons. Mais en juillet 2006, la Cour suprême d’Israël a ordonné aux forces de sécurité israéliennes de protéger les fermiers palestiniens pour qu’ils puissent cueillir les olives. Depuis, les agressions de colons ont diminué, reconnaît le rabbin Arik Ascherman, à la tête du mouvement des Rabbins pour les droits de l’homme, une organisation pacifiste de quelques dizaines de membres, qui accompagne des paysans de 30 à 40 villages. Selon lui, la police israélienne a toutefois refusé d’engager des poursuites contre des colons qui s’étaient livrés à des actes de vandalisme ou pris les olives, même lorsque leurs cartes d’identité avaient été trouvées près d’arbres dénudés.
Cent cinquante volontaires du mouvement anticolonisation La Paix maintenant [1] ont participé la semaine dernière avec des cultivateurs palestiniens à une cueillette d’olives près du bourg de Yata, dans le sud de la Cisjordanie. « C’est la seule façon d’éviter les harcèlements de fermiers par des colons », estime une porte-parole du groupe, Moriah Shlomat.
Dans une vallée paisible à quelques kilomètres d’Awarta, Mohannad Ismaïl et les femmes de sa famille préparent les olives pour le pressoir. Il dit avoir perdu près de quatre hectares de ses terres au profit de l’implantation voisine d’Elon Moreh. « Les colons ont détruit mes arbres et planté les leurs à la place », confie-t-il.
À l’époque romaine, il y a 2 000 ans, la Palestine était déjà renommée pour ses olives.