À Gaza, au génocide en cours, au désastre humanitaire, s’ajoute un désastre écologique et environnemental.
Ces désastres, liés, obèrent le futur de Gaza et les conditions du retour de la population gazaouie. Les plus de 80 000 tonnes de bombes, la destruction de 80 % des terres et des équipements agricoles, les réseaux d’assainissement endommagés à plus de 70 % ou détruits constituent un écocide.
Cela se concrétise par le pillage et la surexploitation des ressources au seul profit des Israéliens en Israël et des colons dans le territoire occupé, la destruction des écosystèmes, des terres cultivables, des réseaux d’assainissement et l’absence de traitement des déchets au détriment des Palestiniens.
Les gouvernements successifs israéliens ont légiféré pour asseoir cette politique, notamment en restreignant drastiquement l’accès à l’eau pour la population palestinienne :
- Orchestrer une pénurie d’eau par la mise en place d’une législation qui permet de limiter et contrôler la consommation d’eau des Palestinien·nes : limitation de la profondeur des puits, de la consommation d’eau pour l’irrigation…
- Distribution de l’eau par la société israélienne Mekorot qui privilégie les colonies. Les colons disposent de 4 fois plus d’eau que la population palestinienne et la payent 4 fois moins cher.
- Interdiction de construire des réservoirs d’eau.
De plus, lors de ses attaques en Cisjordanie, l’armée israélienne détruit volontairement les canalisations d’eau, d’assainissement.
Les colons, de plus en plus violents, jouent un rôle important, encouragés par le gouvernement israélien : le déversement des eaux usées des colonies vers et jusque dans les villages et les champs palestiniens rendant ces derniers impropres à la culture.
À cela s’ajoutent l’arrachage des oliviers par l’armée et les colons, les vols de récolte, les attaques pendant la cueillette des olives, le bouchage des sources.
Ces pratiques ont un impact direct sur l’agriculture, avec des conséquences sur l’économie et la santé.
La gestion de l’environnement, véritable outil de la colonisation
Délocalisation des activités israéliennes polluantes en Cisjordanie
De nombreuses usines, zones de recyclages et de traitement des déchets provenant d’Israël et des colonies sont installées en Cisjordanie occupée, en zone C, où les normes environnementales sont moins contraignantes qu’en Israël. Ces installations font partie de la politique israélienne d’expansion coloniale. Et celle-ci prend au piège la population palestinienne en l’embauchant pour travailler dans ces usines tout en ayant des conséquences désastreuses sur son environnement et sa santé.
Outre le fait d’être illégales, ces installations d’usines dans les territoires occupés génèrent une pollution des sols, de sources, des nappes phréatiques et ont une incidence directe négative sur la qualité de l’air. Ces usines et les décharges à ciel ouvert qui polluent les sols et l’air, ont également des impacts directs sur la diversité et la qualité de l’alimentation de la population palestinienne ainsi que sur sa santé.
De plus, dans ces zones de Cisjordanie gérées par l’État israélien, plus de la moitié des projets de traitement de déchets sont refusés.
Dépendance économique et alimentaire
La diminution du rendement des cultures et les difficultés de commercialisation des produits liées à la contamination par les eaux usées paupérisent la population palestinienne. L’obligation, de fait, d’acheter les produits israéliens pour se nourrir a un impact direct sur le développement et la souveraineté alimentaire du peuple palestinien. Ils, elles, peuvent se trouver contraints d’aller travailler en Israël ou pour les colons, se retrouvant ainsi dépendant de l’occupant.
La dépendance à l’énergie fournie par Israël (90 % de l’électricité utilisée par la population palestinienne), inférieure aux besoins, comme les difficultés rencontrées pour maintenir en place des alternatives telles que les panneaux solaires – fréquemment détruits par l’armée ou lors d’attaques de colons – sont un frein au développement et un des moyens mis en œuvre par l’État israélien pour chasser les Palestinien·nes.
La recomposition de l’environnement touche à l’identité et à la culture palestinienne
En plus de la destruction et du vol, il y a un processus d’invisibilisation systématique du patrimoine palestinien.
Depuis 1948, l’État d’Israël a mis en place une politique de forestation (avec l’aide du FNJ) d’arbres d’espèces européennes non acclimatés, pour couvrir les villages détruits ou vidés de leurs habitants palestiniens, pour interdire la construction d’habitations et empêcher les Palestinien·nes d’y vivre.
La plantation de végétation exogène, les arrachages d’oliviers par les colons modifient le paysage, l’écosystème. L’État d’Israël impose l’utilisation de ses semences, moins adaptées à l’environnement et au climat. Par là même, cela efface la culture palestinienne, son histoire agricole ancestrale.
L’instrumentalisation de la question environnementale, un narratif au service de la colonisation
Dans le Naqab, Israël utilise l’environnement contre les Bédouins et tente de justifier son nettoyage ethnique, sous couvert de création d’espaces verts d’espèces exogènes.
Le reboisement et la création de réserves naturelles sont instrumentalisés pour s’approprier des terres, invisibiliser la présence palestinienne. À l’inverse, de la réutilisation des eaux usées à la désalinisation de l’eau de mer, l’État d’Israël utilise ses avancées technologiques pour paraître exemplaire et s’assurer une place prépondérante sur le marché mondial.
Le peuple palestinien résiste : défendre la terre est une priorité
De nombreuses organisations de la résistance populaire palestinienne œuvrent pour :
- Aider les familles les plus impactées par la colonisation et l’occupation à rester sur leurs terres,
- Protéger les récoltes des olives,
- Défendre la souveraineté alimentaire,
- Promouvoir la protection environnementale,
- Conserver les semences d’espèces endogènes,
- Replanter des oliviers et des arbres dans les zones menacées par les colonies et le mur.
Ces dommages durables à l’environnement, le pillage, l’exploitation des ressources, ou la pollution d’un territoire occupé, constituent un crime de guerre.
Il s’agit pour l’État d’Israël de rendre l’environnement des Palestinien·nes inhabitable. Gaza en fait partie, c’est un élément constitutif du crime de génocide.
Les conséquences de la politique israélienne pour le peuple palestinien et pour la région dépassent les limites du territoire occupé. Elles sont humainement dramatiques et engagent le long terme. Nous dénonçons ces politiques, ces agissements, et leurs conséquences pour la population et la terre.
Nous soutenons sur le terrain des associations partenaires des Palestiniens et Palestiniennes au travers de projets de nos groupes locaux, de campagnes nationales de soutien…
Nous devons informer, mobiliser, agir contre cette politique israélienne qui utilise l’environnement comme outil de la colonisation, du nettoyage ethnique, et de l’« éco-blanchiment ».
Nous mènerons des actions en recherchant les partenariats les plus larges avec toutes les organisations et personnalités soucieuses de l’environnement et du respect des droits humains.
Christine P pour le GT environnement